Calendrier de l’Avent 2023. Chaque jour, une chanson. « J’écoute uniquement les chansons parce qu’elles disent la vérité. Plus elles sont bêtes, plus elles sont vraies. D’ailleurs, elles ne sont pas bêtes. » (Fanny Ardant dans La Femme d’à côté de François Truffaut).

Norma Tanega est une chanteuse folk américaine. Une songwriter californienne, fille d’une immigrée du Panama et d’un Philippin membre du corps des Marines. Des airs de Joan Baez et un harmonica dylanesque.
Elle qui avait étudié le piano connut un succès à la guitare, inattendu et fulgurant, avec un titre intitulé « Walkin' My Cat Named Dog ». C’était en 1966. Paroles et musique, Norma Tanega.
Combien pour ce petit chat nommé chien dans la vitrine ?
Cher.
Ni Cher, ni Nancy Sinatra : Norma Tanega. This Cat Named Dog Is Made for Walkin’.
« Dog is a good old cat/People, what you think of that? »
Premier single, premier tube. L’enfance de l’art. Cat’chy song. L’air de rien. L’air du succès. Une chanson simple, sur une promenade dans la ville, avec un chien (enfin, un chat) et la joie de vivre. Une femme libre et confiante qui entra par accident dans le monde de la chanson mais n’oublia pas les auberges de jeunesse, la route et l’autostop. “The folkies don’t like me and the rock ’n’ rollies don’t like me,” “I just want to sing for people. You might say it’s mass love.”
Lorsqu’elle partit en tournée en Angleterre, dans le swinging London, elle fit la rencontre de la chanteuse Dusty Springfield (chouchoute et choucroute de la pop d'alors), avec laquelle elle écrivit des chansons et eut une longue liaison, mais c’est une autre histoire. En 1966, il flottait dans les airs et dans les charts un parfum d’indépendance et de féminisme. Charts named Dogs ?
Quelle est l’origine de cette chanson ? Les explications sont variées. Il y a vraisemblablement une source autobiographique. Norma Tanaga aimait les chiens. Sa mère était allergique. Elle fit de son chat un faux-chien, qu’elle appelait par sa fenêtre de New-York d’un amusant « Dog ! » "I had always wanted a dog, but because of my living situation I could only have a cat; I named my cat dog and wrote a song about my dilemma. » Norma Tanega et le cornélien.
En tout cas un titre bien trouvé et drôle que les Français (les Danois aussi), adeptes de l’actualité brûlante et des chiens chauds, s’empresseront d’adapter. Le chat s’appellera Médor. Le tout chanté par Les Surfs. On a les chats sauvages que l’on peut.
Son deuxième album fut son dernier. En 1971. “I Don’t Think It Will Hurt If You Smile”. Puis elle enseigna la musique et les arts ainsi que l’anglais en langue vivante.
Elle a connu un succès plus récent. En 2015. Dans son premier album, elle chante « Don’t sing if you want to live long, », « They have no use for your song./You’re dead, you’re dead, you’re dead/You’re dead and outta this world. ». Une chanson, macabrement drôle, track 1 de ce premier album : « You’re Dead ». C’est devenu la chanson du générique du film puis de la la série « What We Do in the Shadows », un documenteur sur des vampires vivant en Nouvelle-Zélande. La Pop Culture l’affirme : Norma Tanega, you’re NOT dead !
Il existe une biographie de Norma Tanega intitulée Try to Tell a Fish About Water (ah ! Les animaux semblent être son totem). Elle est sous-titrée « The Art, Music, and Third Life of Norma Tanega ». C’est une biographie graphique. En effet, elle se consacra à la peinture jusqu’à sa mort en décembre 2019, à l’âge de 80 ans.