Calendrier de l’Avent 2023. Chaque jour, une chanson. « J’écoute uniquement les chansons parce qu’elles disent la vérité. Plus elles sont bêtes, plus elles sont vraies. D’ailleurs, elles ne sont pas bêtes. » (Fanny Ardant dans La Femme d’à côté de François Truffaut).

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C’est le point final de l’album « L.A Woman ». Une chanson enregistrée un 2 décembre (oui, on est le 21 et je suis en retard) de l’année 1970.
7 mn et 10 secondes.
Rome ne s’est pas faite en un jour. Avant de devenir ce chef-d’œuvre que l’on sait, "Riders on the storm" a été une version démo qui balance comme une biscotte, où les musiciens jouent comme des patates.
Je ne suis pas allé écouter, ça ne donne pas trop envie. En plus, il n’y a même pas de tonnerre.
Lors du quarantenaire de "L.A Woman", une version est apparue dans laquelle Morisson s’amuse. Il chante un air pour enfant tiré du Dick Bills Show, un programme pour enfants. Riding on the trail to Albuquerque Il connaît le générique sur le bout des doigts. On ne dira jamais assez l’importance des chansons croisées pendant l’enfance. Jim Morrison, c'est l’Amérique/Pour tous ceux qui aiment la liberté
On cherche. On se cherche.
Et puis soudain le tonnerre vint. Into the mystic.
La matrice de la chanson est un vieux titre, « Ghost riders in the sky » de Stan Jones. Notamment la version des Ventures, dixit Robby Krieger. Dans la chanson y est question du diable qui a perdu son bétail. Les bêtes à corne, ça le connaît.
On découvre que l’éclair de génie au clavier de Manzarek, on le doit aussi en fait à la guitare sur laquelle il s’est construit.
« Riders on the storm », dernière piste de leur dernier album. Presque une ghost track. Un Morrison qui ne va pas bien, qui s’abîme. L’Amérique fantôme on the road. Avec l’ombre d’un autostoppeur tueur, If you give this man a ride /Sweet family will die / Killer on the road, yeah. Et un événement fondateur pour Morrison qui ressurgit, un accident de la route où il a vu des Indiens morts sur le sol et qui, dans sa psyché, s’est associé à la chanson « Ghost riders in the sky » de Stan Jones.
Et toujours cette pluie sur le clavier de Manzarek.
Et pourtant, même si la mort y sonne (tonnerre, pluie de Manzarek, route fantôme), cette chanson est une chanson d’amour. Une chanson pour Pamela.
Girl, you gotta love your man
Girl, you gotta love your man
Take him by the hand
Make him understand
The world on you depends
Our life will never end
Gotta love your man, yeah
Une fois n'est pas coutume dans ce calendrier, on conseille le volume de la collection Discogonie, éditions Densité : L.A Woman de Mathieu Jung (2023). Livre utilisé pour réaliser ce texte.