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Billet de blog 23 juillet 2024

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Cinéma alimentaire #1 Le Café de Dale Cooper dans Twin Peaks

"Interdiction de manger et de boire dans cette salle"

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Illustration 1

C’était bien avant le drame des tours jumelles, à cette époque on rêvait, on cauchemardait, sur petit écran, avec des collines jumelles, Twin Peaks. Envouté dès le début par le générique de Badalamenti, fausse balade badalamentesque. La série passait sur La5 (Laaaa Cinnnq !). Absent lors du passage en direct, on l’enregistrait sur cassettes vidéo. Accro. Impossible de s’couper de c’Cooper.

51 201 habitants. Puis un meurtre.
Un homme arrive à Twin Peaks.
Un agent du FBI.
Dale Cooper, joué par Kyle MacLachlan.
 Accro au café. Héros caféiné.
Un « damn good coffee ».
Une tasse fumante d’anthologie dans les méandres parfois fumeux de la série. Une des signatures de Twin Peaks.
Une tasse comme un pivot.
Lac noir au beau milieu de la fameuse forêt lynchienne. Café filtre d’un monde où l’étrange s’infiltre « « Messieurs, ne buvez pas ce café ! Vous ne le croirez pas. Il y avait un poisson dans la cafetière. »
Le café marche avec lui.
Comme l’ordinaire sans cesse recommencé. « Diane, j'ai envie d'un bon café ce matin ». Breuvage sans sevrage. Café jamais froid.
Noir sans sucre. « Noir comme une nuit sans étoile ».
Noir comme sa chevelure de jais. Noir comme sa tenue d’agent du FBI.
Noir comme l’atmosphère de la série, noir sans vie d’ange.
Noir et avec touillette et sa dérision plastique.

Dale Cooper en boit à tout moment. Commissariat, bar, hôtels, en visite chez les habitants, dans sa voiture et au Double R, bien sûr.
Cooper est une machine à café. Café stimulant de ses pouvoirs médiumniques. Café amusé de ce ‘ti gominet.
À se demander si une série entière n’aurait pas pu porter sur un crime lié à cette question « Qui n’a pas restitué le café de Dale Cooper ? »

De cette passion fiévreuse, Dale Cooper tire une sagesse : « Chaque jour, une fois par jour… Faites-vous un cadeau. Ne le planifiez pas. Ne l’attendez pas. Laissez-le venir. Cela peut être une nouvelle chemise, une sieste dans votre bureau. Ou deux tasses d’un bon café noir bien chaud. »

Le sage est parfois dépassé, a ses failles. Il arrive qu’il faille intensifier la dose de caféine. Over and over. Au risque de l’extra-dimensionnel, au risque que vos pieds vous sortent par les trous de nez, que vous parliez à l’envers. Au risque de faire surgir le monstre tapi au fond de la tasse, aux sens excités par une touillette, maléfique gobelin hors du gobelet. Cooper est dans la place, Lynch est dans la tasse. Entre balade mentale badalamentesque et malade mental. « We’re gonna need some more coffee ». Une réplique qui fait penser au “You're gonna need a bigger boat” des Dents de la mer, alors : à suivre !

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