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Vincent, François, Paul et les autres. VFPLA, ce sigle sonne comme un et caetera cinématographique. On l’aime, cette compagnie des hommes, partageurs de pain et de gigot.
Cette galerie de portraits épaterait le cœur le moins tendre. C’est pas du blockbuster, de la rolex cinématographique. On regarde sa montre et on constate que le temps a passé. Sautet offre des rôles en or à ses acteurs et partage ses personnages avec les spectateurs. À travers des vitres sous la pluie, dans un bar, dans une brasserie, ce sont de belles humanités qui se déploient. Cabossées, inquiètes, lucides et un petit espoir. Il pleut dans le cœur des personnages de Sautet. Quelle est cette langueur ? De la mélancolie.
Ces films sont traversés de doutes, de non-dits, d’éclats de rires ou de pleurs.
Ils sont humains.
Sautet.
So terrestres.
Faut-il voir dans ce gigot, un Sautet d’agneau déguisé ? L’Agnus belli ?
Dans ce film, on mange. Ils sont si humains que le cinéma en a fait des Immortels. Vincent, François, Paul et les autres. Aux Âmes, etc. Sur le plateau, on ne mange pas, on fait semblant. Semblant de manger, pas semblant de parler. On met à table le progrès social, celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas.
Les dieux grecs ont un rire inextinguible et François, joué par Michel Piccoli a une immortelle colère. Sautet. Sursauter. Vincent François ?… Vinrent Cent François et une voix de Stentor. En ce dimanche de cinéma, le film choral est à l’orage.
François sort de table et de ses gonds. « Votre dimanche et votre gigot à la con ! ». Il a réussi, lui, pas comme cet écrivain qui n’écrit rien et ce boxeur qui ne veut pas boxer.
On y retrouve l’écrivain qui n’écrit pas. Reggiani. S’ôter le doute, l’angoisse de la page blanche. En attendant il raconte les mémoires d’une sportive roumaine à la jambe mécanique.
Il y a le jeune boxeur qui a accepté un dur combat. S’entraîner, sauter à la corde, punching-baller.
Vincent, c’est Montand. Une mentalité de vainqueur (vincens, en latin) dont le cœur flanche pour une seule femme, Catherine. Partir. Revenir. S’ôter de la tête qu’il la reconquerra. « Sait-on jamais avec le hasard », dernière phrase du film.
Sous ce titre de mecs Vincent, François, Paul et les autres, se cachent aussi de beaux portraits de femmes : sublime Catherine (Stéphane Audran), fragile Lucie (Marie Dubois) et solaire Julia (Antonella Lualdi).