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Billet de blog 27 juin 2023

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Le coing du cinéphile

Le coing du cinéphile, oui avec un -g.

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Illustration 1

Bergman avait ses fraises sauvages. Tran Anh Hung nous parlait de L’Odeur de la papaye verte. Eric Rohmer comptait 4 Aventures de Reinette et Mirabelle. Kubrick hallucinait une Orange mécanique. Steinbeck et Ford cultivait les Raisins de la colère. Et le coing ? Il fallait, à coup sûr, un coing du cinéphile, sur Mediapart et au-delà.

Film n°1 : Le songe de la lumière (El sol del membrillo) de Victor Erice, 1992

C’est la revue Première, en 2015 sous la plume d’un de ses journalistes, qui m’a fait connaître l’existence du film, Le songe de la lumière de Victor Erice (El sol del membrillo, 1992). Alors que Wikipedia, incrédule, nous explique « Antonio plante un arbre pour le peindre, au fil des années… », la revue Premiere le classe parmi ses « 100 chefs d’œuvre que vous n’avez pas vus », un hors-série. 

Dans cette liste touffue, un film se hors-sérise particulièrement, c’est ce Songe de la lumière.

Dans l’article de la revue, on découvre que l’arbre à peindre est un cognassier.  Antonio a bon goût. L’action (?!) se passe à Madrid, en 1990. Le film dure plus de 2h. Comme le dit malicieusement le critique « Si on ajoute qu’il a été tourné en vidéo, mais de la vidéo circa 1991, restera-t-il grand monde pour lire la suite de ce texte ? ». Même si la formule latine ‘video circa’ m’a séduit par son audace, avouons que c’est le sujet du tableau, cet arbre, qui m’a plu à moi, qui partage ma petite terre depuis quelques années avec un cognassier généreux, plutôt carré dans sa production de coings : pleins et chaque année.

Ce film est un documentaire segmenté par des dates. Journal de bord d’un peintre. 
In process.
Une Nature vivante, frémissante.
Les fruits penchent, les branchent se courbent.
Le pinceau. Le geste. La geste contemplative.
Ficelles tendues autour de l’arbre. Feuilles soulevées avec des baguettes pour que la lumière soit parfaite.

Ne croyez pas ceux qui vous disent que ce film est dépourvu de dialogues. Ce n’est vrai que dans la première partie du film. Cela témoigne du fait que ceux qui reprochent au film d’être quasi muet ne l’ont pas regardé jusqu’au bout. Ce film a eu un prix du jury à Cannes pour compenser la palme d’or qu’il n’aura jamais. Cognassier, pas palmier.
Le film se termine au printemps. Entre coings tombés et pourris et coings dressés vers la lumière et prometteurs.

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