«Pete Seeger ne protestera plus» ? Quelle drôle d’idée dans Libé. Un titre triste.
Seeger, singer cinglant : folk you ! Protest sound.
C’était l’échanson du mouvement des Civil Rights. Son métier ? Chanteur et étancheur de soif de justice. Chanteur populaire.
Il chantait, par exemple : «Si j’avais un marteau, je martèlerais le pays.» On connaît des conditionnels bien plus mous du banjo.
Cette chanson pour les gens qui n’avaient rien, les humbles, fut reprise par Cloclo. Un drôle de passage à la machine. Le clodo transformé en claudette ; la trace du hobo en strass de cloclo.
Comme une chanson aseptisée.
N'empêche, du haut de ses 94 ans de vie, à ses p’tits enfants et à nous, il continuera à parler, le chanteur militant.
Infatigable de générosité. Intarissable de textes à chanter. Pete, le feu !
Dans les égarements d’une société américaine si vile, il trouva toujours du civique. Ségrégés ? Non, agrégés, harmonieux, solidaires, avec la conscience d'être dans une nature à respecter (et d'avoir des montagnes à remuer).
L’harmonie niquée lui faisait sortir son banjo. Pas son flingue. Civique pacem, même s’il fut maccarthlisté, blacklisté… Pas enragé. Il n’était pas du genre à écumer, sauf les lieux où chanter ses chansons. Il aimait faire des scènes.
Pete, comme une pépite sortie du charbon de la longue marche des Civil Rights. Un homme porteur d’une historique amertume remontant aux amerindiens dont il emprunta symboliquement le banjo.
Bien loin des foulards Hermes, avec son Shall overcome, il en écharpa plus d’un. Un Seeger bien difficile à rouler.
Avec sa disparition, pas question de sombrer dans quelque dépression que ce soit, le chanteur protestera encore et ne laissera pas prise au niais qui pense qu’une chanson militante meurt avec son chanteur.
Marqué à gauche c’est pour la vie et au-delà. Un chanteur de classe éternellement. His songs are our songs.
«It's the hammer of Justice,
It's the bell of Freedom»