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Billet de blog 30 septembre 2019

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Der día mondial della translation

Journée internationale de la traduction

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Journée internationale de la traduction oblige.

LE TRADUCTOR

Le traductor passe à travers l’huis clos d’une langue. Il est discret. Il peut s’appeler, au hasard des lectures : Deodat Serval, Régis Boyer, Anne Colin du Terrail, Maurice-Edgard Coindreau, Philippe Bouquet, Marc de Gouvenain, Lena Grumbach, Josée Kamoun ou Juliette Bouchery.

Le traductor est incognito. Sa couverture, c’est l’auteur (sauf si le traducteur se nomme Baudelaire, Giono, Mallarmé, Maspero ou Triolet).

Il interprête sa plume pour l’amour des mots. Il faut lui rendre justice (pas l’y traduire) : celui qui trad8 fait du neuf (et il a du boulot quand il s’agit de La Disparition et qu’il y a Perec en la demeure littéraire). Avec le traductor les langues ne sont pas pendues mais liées, reliées : d’une langue à une autre, à sa table de travail, dans une sorte de ping-tongue.

Le traductor a besoin des mots, des mots tout prêts, précis, précieux : ce qui est traduit n’est pas gratuit, mais gratté des heures durant pour atteindre la substantifique moelle de l’écrivain. Il faut qu’il lisse, c’est là qu’est l’os.

Le traductor baise ses mots. Il recherche la traduction fluide, sans traces d’adduction. Il n’enlaidit pas, mais flagrant délie un texte de sa langue d’origine dans un remarquable tour de passe-passe. C’est un agitateur de prestige qui, sans qu’on s’en aperçoit, sort une langue de ses langes.

Le traductor ne tourne pas la page, il la tourne dans une autre langue. Grâce à sa plume la page franchit des frontières. La traductrice et le traducteur savent où ils vont : ils ont le permis de traduire, de voir grand. Une traduction n’est pas une réduction, au contraire c’est une extension du domaine de lecture d’un livre. Grâce à lui, un livre se fait exemplaires, des millions d’exemplaires.

Pour traduire, il faut se mettre en transe. Pour lutter contre la page blanche, il faut avoir recours à des feuilles de laurier bien mâchées. Du lost in translation. Le traductor a beau la jouer Pythie, il a le traczir d’une mauvaise traduction. What a pity ! Il redoute qu’on le traite de sale traître et son travail de trouduction.
D’ailleurs on retraduit un texte, mais on ne demande pas à un auteur de réécrire un texte qu’il a déjà publié.

Serait-on plus exigeant avec un traducteur qu’avec un auteur ?

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