Le bus est une série de strips parus dans Heavy Metal (version US de Métal Hurlant). C’est l’œuvre de Paul Kirchner, américain, né en 1952.
Six ou huit cases. Pas de dialogue. La parution dure six ans. Entre 1979 et 1985.
Un homme ordinaire prend le bus.
Imper, chauve, silhouette à la Hitchcock. Mais le suspens est dans la banalité.
Comme dans une boucle temporelle, l’homme reprend tous les jours le bus. Pour tenir bon dans cet ordinaire qui l’enferme, il ouvre de multiples portes de la perception. La banalité se métamorphose, s’anthropomorphise. La borne d’incendie n’en est plus une, les passagers s’animalisent. La fenêtre du bus fait naître d’inattendus paysages. L’auteur joue avec l’absurde, avec les références culturelles, les mises en abyme…
À force de se pousser pour entrer dans le bus, ce sont les limites de la réalité qui sont repoussées.
De la contrainte de la banalité de scène et de celle du nombre limité de case naissent de nombreuses situations où la fantaisie règne et où la joie de prendre le bus demeure.
Une façon de dire qu’une routine ne tue jamais un esprit libre. Tout est dans la façon de regarder les choses, d’ouvrir des portes, de voyager intérieurement. De ce transport en commun, Paul Kirchner fait un transport extraordinaire.