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Billet de blog 31 juillet 2024

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Cinéma alimentaire #4 Jaws, Les dents de la mer

Illustration 1

Quand le requin de Jaws a faim, il ne regarde pas la taille de l’assiette. Il prend ce qui passe. Comme sur un tapis roulant à sushis. Il voit Robert Shaw, Roy Scheider et Richard Dreyfuss dans un genre de chalutier (oui, les connaissances en science navale des requins sont approximatives, faut dire qu’ils ne voient que le dessous des engins qui flottent). Et bon ça le tente bien, avec un peu de thon au milieu.
En face, les humains se disent que s’ils veulent s’en sortir et l’en sortir (lui, le requin, de leurs eaux troubles qui font fuir le touriste), il leur faut « a bigger boat ».

C’est l’été 1975 et la petite salade verte, tomates, mozzarella n’est pas du goût de l’animal. Le requin ne dévore pas le livre de l’été sur la plage, mais de l’humain. Ces têtes qui dépassent, ça lui fait comme des marque-plage pour quand il a faim.
Les Dents de la mer, c’est le choc des points de vue. La gueule ouverte vs le guichet ouvert. La recette à base de viande hachée vs Les recettes touristiques à Amity. Le prédateur vs la proie (voir le livre Dans l’œil du crocodile, dont Baptiste Morizot dit astucieusement que c'est le récit "d’une philosophe à qui un grand prédateur a aimablement rappelé sa condition de biomasse partageable par d’autres" https://wildproject.org/livres/dans-l-oeil-du-crocodile)

Attention, ce requin n’est pas un pur produit de la mer, mais un pur produit de studio. Et pas un pur effet de la bonté du cinéma. Pauvre requin. Spielberg a regretté que son film ait, de quelque façon que ce soit, participé du massacre de l’espèce. Eh oui, Steven, on aurait aimé que ce soit plutôt ton premier film, Duel, qui ait occasionné sinon un massacre du moins une raréfaction des camions sur la route. Enfin, ils sont bien sympas les cinéastes, mais s’ils pouvaient y réfléchir à deux fois en termes de scènes horrifiques cultes. Pour un cinéphile (et ses compagnons de route), se baigner et prendre sa douche sont devenus des expériences traumatisantes. L’horreur d’une profonde nuisance.

Jaws. Un film intitulé Mâchoires ne peut que parler de bigger bouffe. Et pas de la meilleure qualité. La malbouffe cinématographique. Après le succès de Spielberg, la franchise Jaws va faire dans le film pour bouffer. La chair humaine est transformée en chaîne alimentaire, au suivant ! Et la platitude cinématographique de passer les plats. Si Jaws-er ? Ils Jaws-ent et c'est à ça qu'on les reconnaît :  Jaws 2, Jaws 3, Jaws 4 (célèbre pour ses scènes ridicules, du sharknanar). Le n°5 était un fake et il fut rebaptisé (ce qu’on peut faire dans l’eau quand même) Cruel Jaws. Un film qui recycle des scènes des épisodes précédents, car dans le Jaws tout est bon.
On se surprend même, en cinéphile espiègle, à reconnaître dans Amityville (la maison du diable) de 1979 comme un souvenir d’Amity l’île de 1975.
Tiens, il parait que Donald Trump déteste l’espèce. Rien que pour ça (et plein d’autres raisons), j’adore les requins, même si je prends le temps de lire ce qu'il faut faire face à une bête sauvage.

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