Greta Thunberg appelle les adultes à prendre leurs responsabilités. Ce faisant, elle pose le problème d’une sorte de généralisation de l’irresponsabilité qui semble s’imposer par diverses voies, et dans une grande partie du monde, sinon dans le monde entier.
Les causes de cet état de fait sont nombreuses, et diversement interprétées. Il ne fait toutefois pas de doute que les rapports intergénérationnels, qui paraissent être eux-mêmes fondamentalement mis en cause par les plus récentes évolutions des sociétés industrielles, participent de façon essentielle à ce très grand malaise dans les civilisations.
Cet état de fait pose aux parents et plus généralement aux éducateurs d’immenses problèmes, cependant que les générations les plus jeunes s’en trouvent elles-mêmes très gravement lésées, d’autant plus que leur avenir est beaucoup plus mis en question que celui de leurs ascendants – situation qui conduit parfois à un sentiment d’abandon qui peut devenir ruineux, et même mortel.
Nous avons écouté les divers appels de Greta Thunberg, et les appels qu’elle a suscité partout dans le monde dans sa génération, notamment à travers Youth for climate, et nous voulons répondre à Greta Thunberg comme nous voulons répondre aux mouvements qu’elle a suscités. Nous avons pris en conséquence l’initiative de créer l’association des amis de la génération Thunberg pour contribuer à l’établissement d’un dialogue entre les générations en prenant appui tout d’abord sur les travaux des autorités scientifiques.
Il ne s’agit pas d’organiser des meetings publics et médiatisés, mais de créer là où ce sera possible et attendu des groupes de travail traitant de questions bien circonscrites, documentées à l’avance, et en vue de produire, à partir de ces travaux, des memoranda qui seront publiés lorsque les participants à ces groupes de travail estimeront qu’ils le méritent.
Face à l’affaiblissement factuel de la responsabilité, Greta Thunberg et Youth for climate en appellent avant tout à la rationalité. Rien n’est plus précieux, et nous devons les y encourager.
Membres fondateurs :
Yves Citton, professeur de littérature, université Paris VIII
Victor Chaix, étudiant, journaliste et membre d’Extinction Rebellion UK
Marie Chollat-Namy, étudiante en thèse de cancérologie à l'université Paris- Saclay et membre d'Extinction Rebellion Paris Centre
Michel Deguy, écrivain, philosophe
Hidetaka Ishida, professeur de philosophie, université Todaï
Jean-Marie Le Clézio, écrivain, université de Nanjing
Susanna Lindberg, philosophe, université de Helsinki
Giuseppe Longo, mathématicien, École Normale Supérieure de Paris
Esther Martin, étudiante en terminale, Lycée Richelieu Rueil-Malmaison et membre de Youth For Climate Paris-IDF
Virgile Mouquet, étudiant en géographie, université de Bordeaux Michel de Montaigne et membre de Youth For Climate Bordeaux
Hans Ulrich Obrist, curateur, directeur de la Serpentine Gallery
Stéphane Paoli, journaliste
Saskia Sassen, sociologue et économiste, Columbia university, London School of Economics
Richard Sennett, sociologue, New York University, London School of Economics
Carlos Sonnenschein, médecin, biologiste, Institut d’Etudes Avancées de Nantes, Tufts university
Ana Soto, biologiste, Tufts university, École Normale Supérieure
Bernard Stiegler, philosophe, Institut de recherche et d’innovation et université de Nanjing
Yann Toma, artiste, observateur aux Nations Unies
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