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Ce jeudi 28 septembre constituait la date de fin de l’étape de consultation du nouveau schéma réglementaire de santé (SRS) 2023-2028 lancé par l’Agence régionale de santé d’Auvergne-Rhône-Alpes. Ce schéma décline les grandes orientations stratégiques du Plan régional de santé de l’ARS en objectifs concrets à mettre en œuvre sur l’ensemble de la région en matière d’offre de soins et de services de santé, en fonction des prévisions et des besoins de l’ensemble des habitant.es de la région. C’est donc un document essentiel sur lequel nos différentes collectivités sont amenées à se prononcer pour bien coordonner l’offre médico-sociale sur leurs territoires et disposer d’une vision d’ensemble des besoins, des moyens et des manques éventuels en matière de santé.
Or ce n’est plus un secret pour personne, notre système de santé français, longtemps considéré comme l’un des meilleurs, des plus efficaces et des plus égalitaires au monde, est tout simplement, et depuis trop longtemps maintenant, au bord de la rupture, voire de l’effondrement. Dans son livre Santé, le trésor menacé, le journaliste Antoine Vial décrit notre système de santé comme : « un trésor national plus précieux que nos plus belles œuvres d’art, plus inestimable que nos plus prestigieux monuments ».
Ce trésor national, qui constitue notre bien commun, est plus que jamais menacé : fermetures de lits qui continuent malgré les alertes incessantes de pénuries, manque chronique de personnels de santé, déserts médicaux qui ne cessent de croître, inégalités abyssales en matière d’accès aux soins fonction de son lieu de résidence… ce sur fond de vieillissement de la population et d’explosion des maladies chroniques dues à nos modes de vie. Sans parler de la psychiatrie, secteur du soin aujourd’hui véritablement asséché par manque de vision et de courage politique, ou de la prévention, toujours invoquée mais restant la plupart du temps au stade du vœu pieu.
N’en jetons plus ! Les cris d’alarme que ne cessent de pousser les personnels de santé doivent être entendus et relayés d’urgence par l’ensemble des élu.es locaux.
Avec un retard considérable pour débloquer le numérus clausus, l’Etat ne semble toujours pas conscient que l’urgence est de préserver les professionnels de santé qui résistent encore dans leur engagement. Les objectifs s’accumulent dans ce schéma régional de santé, sans aucun moyen, sans aucune priorisation, déconnectés de l’urgence du terrain, laissant les professionnels de santé seuls et débordés face à des besoins croissants de la population.
Nous dénonçons également la logique comptable du virage domiciliaire. Faute de personnels soignants, les places dans les établissements ferment et l’on reporte alors notre service public bien souvent sur les mères, les filles, les sœurs qui n’ont plus d’autres choix que d’être des aidantes-familiales. L’Etat a trouvé le moyen de recruter à moindre frais, faisant fi de l'écart persistant entre les situations économiques des femmes et des hommes. Les soins à domicile seraient une vraie opportunité s’ils restaient un choix pour les familles, et l'objet d'une reconnaissance sociétale.
De même, l’absence de prise en compte des listes d’attente interminables dans les Instituts Médico-Educatifs (IME) pour établir le besoin sur nos territoires laissent un nombre d’enfants considérable sans solution. L’école inclusive n’ayant pas les moyens d’assurer une belle vision au départ, devient une vraie difficulté pour les familles et les enseignants.
C’est pourquoi nous, élues et élus écologistes locaux, départementaux et régionaux d’Auvergne-Rhône-Alpes, refusons aujourd’hui d’offrir un blanc-seing à l’ARS en émettant de très grandes réserves dans nos évaluations sur son schéma réglementaire de santé et en demandant à l’Etat de lui fournir enfin les moyens de ses ambitions. Il ne s’agit pas de remettre en cause cette institution mais bien plutôt de tirer la sonnette d’alarme pour que des moyens humains et financiers enfin à la hauteur des enjeux soient adoptés d’urgence, et qu’une vision globale de la santé intégrant pleinement la prévention pour sortir d’une logique purement comptable émerge enfin. Aujourd'hui dans un contexte d'accélération du réchauffement climatique, et d'augmentation des risques de toutes natures pour la population, nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas tout faire pour que la santé redevienne notre trésor national.
Signataires :
Benjamin Joyeux, Conseiller régional d’Auvergne-Rhône-Alpes
Marie Questiaux, Conseillère départementale de l’Isère
Luis Beltran-Lopez, Conseiller municipal Handicap et Accessibilité de Grenoble
Pascal Blanchard, Vice-président de la Métropole de Lyon
Vincent Gay, Conseiller régional d’Auvergne-Rhône-Alpes
Claudie Ternoy-Léger, Conseillère régionale d’Auvergne-Rhône-Alpes
Anaïs Widiez, Conseillère régionale d’Auvergne-Rhône-Alpes