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Billet de blog 20 septembre 2024

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Les Économistes atterrés sont et resteront pluralistes

Membres du collectif d’animation des Économistes atterrés, nous subissons depuis plusieurs mois les attaques répétées de certains de nos collègues qui dénoncent un supposé manque de pluralisme de notre part ainsi qu’une volonté d’exclusion, et même de « purge ». Nous tenons à exercer notre droit de réponse aux accusations portées par ces collègues.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Membres du collectif d’animation (CA) des Économistes atterrés (EA), nous subissons depuis plusieurs mois les attaques répétées de certains de nos collègues qui dénoncent un supposé manque de pluralisme de notre part ainsi qu’une volonté d’exclusion, et même de « purge ». Ainsi avaient-ils publié une tribune dans le Nouvel Obs (sous notre logo !) le 28 mai 2024[1], accompagnée d’une salve de messages qu’ils ont postés sur X (anciennement Twitter), Facebook et dans d’autres médias[2].

Fort de l’audience acquise en tant que membres de notre collectif, ils ont cru utile de porter de nouveau (avec un précédent dans Marianne en octobre dernier[3]) sur la place publique des débats internes à notre association, ce que nous déplorons. Face aux propos mensongers tenus dans ces messages, et en raison de l’inquiétude et des interrogations légitimes qu’ils suscitent de la part des nombreuses personnes qui suivent nos travaux et nous soutiennent, nous tenons à exercer notre droit de réponse, en particulier suite aux décisions qui ont été prises lors de notre assemblée générale extraordinaire qui s’est tenue le 14 septembre 2024 et dont nos collègues travestissent à nouveau le contenu afin de se victimiser. Nous précisons que cette mise au point sera la seule et que nous n’alimenterons pas les polémiques stériles qui desservent notre collectif.

Selon nos collègues, les turbulences que rencontrent les Économistes atterrés seraient dues au « sectarisme de certains à gauche » (Christophe Ramaux sur X). Pour preuve, ils mentionnent nos débats autour de l’ouvrage intitulé « Penser l’alternative », signé par quatre des cinq auteurs de la tribune du Nouvel Obs et le refus de notre collectif de lui accorder le « label » Économistes atterrés. Ce serait, d’après nos collègues, la preuve de notre sectarisme.

Comme il est d’usage au sein des EA depuis 2015 et la sortie de notre « Nouveau manifeste des Économistes atterrés » pour lequel il avait été difficile d’obtenir un consensus général sur le contenu de l’ouvrage, des livres peuvent être publiés au nom des Économistes atterrés même s’ils n’ont été travaillés que par certains d’entre nous, à la condition toutefois que le texte final soit validé par l’ensemble du CA. Cela est tout à fait légitime puisqu’un livre estampillé « Économistes atterrés » engage l’ensemble de notre collectif. Quel sens aurait un ouvrage des Économistes atterrés qui n’engagerait pas l’ensemble du collectif, si ce n’est l’utilisation d’une « marque » à des fins de promotion personnelle ? Ajoutons que les relectures d’autres membres des EA sont aussi susceptibles d’enrichir le texte final. Nous avons ainsi publié plusieurs ouvrages dans ce cadre de fonctionnement : La monnaie. Un enjeu politique (Points, 2018), De quoi avons-nous vraiment besoin ? (Les Liens qui Libèrent, 2021 ; édition poche +, Les Liens qui Libèrent, 2022) ; La dette publique. Précis d’économie citoyenne (Seuil, 2021 ; 2e édition, Points, 2024). À chaque fois, les auteurs de ces ouvrages ont intégré les remarques formulées par d’autres membres du collectif d’animation et la publication n’a posé aucun problème. Pourquoi cela n’a-t-il pas été le cas pour l’ouvrage de nos collègues ?

Pour bien comprendre la décision de notre collectif, un rappel des faits est nécessaire. Le 5 décembre 2022, un projet d’ouvrage intitulé Questions pour l’alternative a été soumis à notre CA. L’accueil fut très favorable et les personnes intéressées pour y participer furent invitées à se faire connaitre auprès d’Henri Sterdyniak, qui coordonnait ce projet. Le principe de ce livre a été validé par l’ensemble du CA ainsi que par un éditeur (Seuil). Certains des membres qui se sont déclarés prêts à participer à cet ouvrage n’ont cependant pas été inclus dans le projet par son coordinateur qui, aujourd’hui, crie au sectarisme et à l’« ignominie ». Nous avons reçu le 20 juin 2023 sur notre liste interne le manuscrit du livre. Les auteurs nous enjoignaient de réagir sur un texte de 168 pages avant le 26 juin 2023 … Inutile de préciser que faire un retour sérieux et argumenté en si peu de temps était tout simplement impossible. Pour autant, malgré ce trop court délai, certains d’entre nous ont envoyé des commentaires sur tout ou partie de l’ouvrage. Ils mettaient en évidence des problèmes de cohérence d’ensemble et demandaient que certains points soient débattus et retravaillés. Le 20 juin 2023, l’éditeur a rappelé sa préoccupation pour la qualité de l’ouvrage et a proposé six mois de plus pour finaliser le projet. Les auteurs ont cependant demandé un retour pour le 6 juillet, ce qui ne donnait toujours pas de temps pour débattre du fond, sachant qu’il y avait également des problèmes de forme et de méthode à trancher. L’objet du livre était d’éclairer le débat public sur les questions qui fâchent (et non de le trancher) et de proposer des pistes de réflexion aux lecteurs. Or, le manuscrit proposait les réponses particulières des cinq auteurs et ne reflétait pas les débats en cours sur les questions abordées, contrairement à ce qui était initialement convenu avec l’éditeur.

Afin de tenter de trouver une issue positive, une réunion en visioconférence a été organisée le 11 juillet 2023 pour discuter de l’ouvrage, sans parvenir à aplanir les désaccords. Les auteurs considéraient qu’eux seuls avaient le pouvoir de décider de la version finale du texte. Le 12 juillet 2023, Christophe Ramaux a demandé qu’un vote soit organisé au plus vite sur l’obtention du label « Économistes atterrés » afin de publier l’ouvrage sous la forme proposée fin juin, avec des corrections mineures. Ce vote a été organisé le 17 juillet 2023. Notre collectif a majoritairement refusé cette volonté de passage en force, et non le projet initial, que vous avions validé. Vouloir faire respecter ce qui avait été acté nous vaut depuis des accusations de sectarisme et de refus du pluralisme.

Le défaut de pluralisme n’est pourtant pas de notre fait. Nous tenons à rappeler que l’ouvrage devait initialement comporter six auteurs. Malheureusement, la seule femme participant au projet a décidé de l’abandonner parce que l’ouvrage ne reflétait pas le pluralisme de notre collectif. Suite au comportement problématique de certains des auteurs, elle a, à notre grand regret, démissionné du CA de notre association le 9 juin 2023.

Autoproclamés « Keynésiens-républicains » (sur quelle base ? doit-on en déduire que nous ne serions pas keynésiens ou pas républicains ?), nos collègues se présentent en défenseurs du pluralisme. Ils en ont une définition bien singulière puisqu’ils dénoncent dans le même temps le fait que certains d’entre nous sont aussi engagés dans d’autres mouvements ou associations. Ces engagements, connus de tous, n’empêchent pas les personnes concernées d’être parmi les plus investies au sein des Économistes atterrés, constituant depuis longtemps une richesse pour notre association.

Si ce qui rassemble les économistes atterrés est leur rejet du néolibéralisme et des conséquences néfastes de celui-ci (économiques, sociales et écologiques), nous réaffirmons avec force que notre collectif est pluriel, ce qui est sain et indispensable pour nourrir la réflexion économique. Nous avons toujours été, sommes, et resterons favorable au débat contradictoire dès lors qu’il est argumenté, respectueux des positions des uns et des autres, et exempt d’invectives.

Si nous ne nions pas qu’il existe des problèmes au sein de notre collectif (comme dans d’autres d’ailleurs), ils ne proviennent pas d’un refus du pluralisme, mais des comportements toxiques de certains des auteurs de la tribune du Nouvel Obs. Depuis trop longtemps, notre collectif endure les comportements agressifs de quelques-uns en interne (propos violents sur notre liste d’échange interne, en réunion, ou ciblant individuellement d’autres membres du collectif, insultes répétées, invectives, menaces, tentatives d’intimidation) comme en externe (harcèlement sur les réseaux sociaux, usage de pseudonymes à des fins de nuisance) ainsi que des attitudes non constructives (focalisation excessive sur des points de détail, remise en cause régulière des décisions précédemment prises en CA), auxquels se sont ajoutées des fuites d’échanges internes dans les médias. Ces comportements inadmissibles ont fait partir de nombreux membres de notre CA et empêchent les membres restants de mener des travaux en commun pour porter les idées (évidemment plurielles) des Économistes atterrés. Ces comportements se doublent d’une appropriation, par cette même poignée de membres, de la parole du collectif pour mettre en scène et médiatiser une réécriture fallacieuse de nos débats. Nous avons tenté ces dernières années de trouver une solution par le dialogue avec les personnes concernées et avons adopté une charte de bonne conduite, malheureusement sans succès.

Afin de refonder notre collectif et de retrouver un fonctionnement quotidien apaisé et respectueux, la majorité des membres du CA a souhaité proposer à l’ensemble de nos adhérents une modification de nos statuts et de notre règlement intérieur, ainsi qu’une nouvelle charte de bonne conduite plus contraignante. Ces modifications ont été entérinées à une très large majorité (31 voix pour, 5 contre) lors de l’assemblée générale extraordinaire qui s’est tenue le 8 juin 2024. Le changement principal de nos statuts concerne l’élection des membres de notre CA. Ceux-ci sont désormais élus individuellement à la majorité absolue des voix exprimées et non plus sous la forme d’une liste bloquée proposée par le CA. Contrairement à ce qu’avancent nos collègues, Christophe Ramaux et Henri Sterdyniak en tête, il n’est aucunement question d’exclure quiconque des Économistes atterrés mais de permettre aux adhérents d’avoir un choix plus ouvert lors de leur vote.

Une nouvelle assemblée générale s’est donc tenue le 14 septembre 2024, dont l’objet était d’élire notre nouveau CA. 34 personnes étaient candidates, 31 d’entre elles, ont obtenu une très large majorité des suffrages exprimés, dont certains des collègues nous reprochant un manque de pluralisme. Trois personnes n’ont pas eu le nombre de suffrages requis pour être élues au CA : Catherine Mathieu, Christophe Ramaux et Henri Sterdyniak. Les personnes non reconduites au CA de notre association continueront cependant d’avoir le statut de « contributeur », comme cela se pratique déjà au sein de notre collectif. Ce statut permet de proposer des notes, analyses, sujets à traiter, conférences, etc,.

Ces modifications dans notre gouvernance ont été rendues inévitables car nous ne pouvons plus accepter que les comportements toxiques d’une infime minorité de nos membres (comportements qui n’ont rien à voir avec leurs positions économiques ou politiques) mettent en péril le fonctionnement et la pérennité de notre association. Notre seul objectif est de relancer notre collectif sur des bases saines et apaisées afin d’œuvrer à la construction d'alternatives au modèle économique dominant, ceci dans le respect du pluralisme qui a toujours guidé nos travaux.

Signataires : Eric Berr, Mireille Bruyère, Léo Charles, Benjamin Coriat, Nathalie Coutinet, Thomas Coutrot, Anne Eydoux, David Flacher, Jacques Généreux, Jean-Marie Harribey, Arthur Jatteau, Esther Jeffers, Dany Lang, Thibault Laurentjoye, Léo Malherbe, Jonathan Marie, Virginie Monvoisin, Fabienne Orsi, Alban Pellegris, Dominique Plihon, Gilles Rotillon, Stéphanie Treillet.

[1] Philippe Légé, Catherine Mathieu, Christophe Ramaux, Jacques Rigaudiat et Henri Sterdyniak, « Les « Économistes atterrés » en danger », Le Nouvel Obs, 28 mai 2024. https://www.nouvelobs.com/economie/20240528.OBS88993/les-economistes-atterres-en-danger.html.

[2] Voir en particulier les messages postés sur X par Christophe Ramaux et Henri Sterdyniak et les attaques ad hominem infondées qu’ils contiennent. https://x.com/RamauxC/status/1795861321432346905 ; https://x.com/RamauxC/status/1799538710851059853 ; https://x.com/sterdyniak/status/1835608556453646802.

[3] Hadrien Mathoux, « Les Économistes atterrés en plein conflit interne : la célèbre asso de gauche va-t-elle imploser ? », Marianne, 28 octobre 2023. https://www.marianne.net/agora/analyses/les-economistes-atterres-en-plein-conflit-interne-la-celebre-asso-de-gauche-va-t-elle-imploser.

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