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Billet de blog 28 octobre 2013

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[Rectif] La nécessaire indépendance des rédactions par l'exemple: qui va racheter "Première" et "Pariscope"?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Cet article a une histoire très intéressante. Vous en trouverez la 1ère version ci-après. La question qui se pose est: est-il normal de ne pas informer le public que, pendant 4 ans... (La suite dans le texte!) Amitiés 

Première et Pariscope vont-ils être vendus à un ex- administrateur d'EuropaCorp? Dans l'état actuel des choses, la vente des deux magazines du Groupe Lagardère n'est pas conclue. Les acheteurs et le vendeur sont en négociation et ont un mois pour se décider. Le but de cet article n'est pas, bien entendu,  de se dresser contre la vente, mais d'illustrer la nécessité de gardes fous entre les journalistes et leurs actionnaires afin de préserver l'indispensable indépendance des rédactions à partir d’un exemple précis. 

C'est le sens d'une "charte universelle de l'information" et d'une instance de déontologie. Permettant d'un côté aux journalistes de garder leur liberté de travail indépendamment des intérêts de leurs actionnaires en se protégeant derrière les modes déontologiques de fabrication de l'information, de l'autre au public et à la société civile de relever les dérives quand elles existent, de faire rectifier les erreurs et de trouver les moyens d'éviter qu'elles se renouvellent. 

Notons que les piliers de la déontologie journalistique sont, entre autres, la vérification des faits, l'exposition contradictoire des avis et la rectification si nécessaire.

Les faits qui suivent vont permettre d'illustrer les questions d'indépendance qui se posent.

"Première", ex-magazine culte du cinéma avec une aura encore très importante, et "Pariscope", agenda culturel parisien phare, notamment pour le cinéma, sont donc en passe d'être vendus à un banquier d'affaires de la maison Rotschild et Cie, ex-administrateur d'EuropaCorp, élu à la mairie de Paris 16 en charge de l'urbanisme et de l'architecture, et au Conseil Régional, où il est titulaire de la Commission Culture et administrateur de la Commission du Film d'Ile de France (info confirmée ce jour par la Commission du Film, le bureau des élus du Conseil Régional d’Ile de France et le bureau des nominations aux Commissions du même Conseil Régional). On voit immédiatement les conflits d'intérêt qui existent... et comment chaque poste peut servir à l'autre. Mais, direz-vous, tout cela ne sont que fabulations. Le sens de l'éthique existe et est la plupart du temps respecté. Tout à fait, et nous allons vous le démontrer.

Notre homme, M. Georges Chertok, est un passionné de cinéma. Ce qui explique certainement son envie d'acquérir "Première" et le "Pariscope"... On peut vérifier cette passion dans un long entretien, très argumenté, donné en octobre 2011 à Challenges.fr. On passe les paragraphes consacrés à sa jeunesse de cinéphile pour arriver à celui-ci... 

"Dans ce registre, j'ai adoré la dernière Palme d'or, The Tree of Life, de Terrence Malick. Mais j'ai tout autant apprécié, comme beaucoup, Les Petits Mouchoirs, de Guillaume Canet, plus accessible en apparence. Les deux sont distribués par EuropaCorp, la société du cultissime Luc Besson qui m'a fait bénéficier de ses "leçons de cinéma"."

Vous avez compris la mécanique? Il n'est dit nulle part dans l'article que, depuis 2008, M. Chertok est administrateur d'EuropaCorp et qu’il est depuis 2010 administrateur aussi de la Commission du Film d'Ile de France (ce qui est naturellement tout à fait son droit et dont nous le félicitons)... Est-il nécessaire d'aller plus loin? Sans charte de déontologie pour protéger les journalistes, sans instance pour informer et écouter le public, les médias sont condamnés à cette sempiternelle collusion qui nuit dramatiquement à leur crédibilité.

Projetons-nous à aujourd’hui. Et voyons ce qui se dit sur les négociations en cours.

Ni le Monde, ni les Echos, ni le Figaro, dans leurs brèves annonçant les négociations en cours n'ont fait état de cet historique d’administrateur. Et pour cause : M. Chertok ne l’est plus depuis le 28/09/2012 pour Europacorp. Il l’aura donc été du 11/12/2008 à cette date, soit près de 4 ans. Est-il normal, cependant, de ne pas en parler ? On parle de son futur éventuel associé, le  producteur, Alain Kruger, qui travaille notamment avec France Culture, joue parfois dans des films et vient de se lancer dans la production via la société qu'il préside, Akn productions. Acheter des « marques phares » dans un domaine n’est pas un acte insignifiant. Qu’un banquier d’affaires, qui a été pendant 4 ans administrateur d’une des plus importantes sociétés de production d’Europe et ne l’est plus depuis seulement un an, se porte acquéreur de ces deux journaux avec un producteur n’est pas anodin.

Epilogue: une erreur dans une dépêche d'agence et un site personnel pas à jour

Nous ne l’aurons cependant appris qu’à la faveur d’une erreur dans une dépêche Reuters. Elle affirmait que M. Chertok était encore aujourd'hui administrateur d'Europacorp et a été reprise par un magazine « spécialisé » dans les entreprises, Tradingsat, cf ci-après. Cela nous a conduits à nous tromper nous-mêmes. Une première version de cet article a effectivement été publiée poursuivant l'analyse du conflit d'intérêt à aujourd'hui, notamment parce que le site personnel de M. Chertok ne fait pas mention de son départ de la société de Luc Besson à ce jour. Un journaliste du Figaro nous a avertis de la méprise. Nous le remercions et présentons toutes nos excuses aux personnes que nous citions, notamment bien entendu M. Chertok. Le journaliste en question affirmait cependant que notre banquier n’était plus, non plus, au Conseil d’administration de la Commission du film d’Ile de France, chose cependant infirmée par la structure et sa tutelle.  En gros, c’est  la confusion.

Mediapart nous a fait confiance pour relayer une première version de cet article, avec son erreur. Nous les remercions chaleureusement pour leur soutien et sommes désolés d'avoir contribué à divulguer une fausse information. Ce que d'autres journalistes nous ont très sévèrement reproché avec raison (même si, au fond, nous n'avions fait que répercuter une dépêche!).

Les choses sont désormais rétablies quant à Europacorp, même s’il reste une inconnue : M. Chertok est-il ou non aujourd'hui administrateur de la Commission du film d’Ile de France ? Cette information n’a plus la même signification aujourd’hui. Notre banquier est un passionné, il a des compétences dans le domaine… Tant mieux. C’est ce genre de personnes qu’il faut dans ce type d’endroits. Si elles n’ont pas d’intérêts en conflit avec leur fonction.

A suivre..

Militons donc tous ensemble pour une meilleure qualité de l'information !

Le journalisme est un métier. 

Amitiés

Philippe Guihéneuf pour les Indignés du PAF

Contact: lesindignesdupaf@gmail.com, sur twitter: @IndignEsDuPAF

Article de TradingSat (d'après une Dépêche Reuters) (23/10/2013): 

http://www.tradingsat.com/europacorp-FR0010490920/actualites/europacorp-lagardere-negocie-la-vente-de-premiere-et-pariscope-481583.html

 Déclaration d'amour au cinéma de M. Grégoire Chertok dans Challenges (13/10/2011):

http://www.challenges.fr/luxe/20111013.CHA5583/le-cinema-de-gregoire-chertok.html

 Article du Monde sur la négociation en cours (ne parle ni d'EuropaCorp ni de la Commission du Film) (23/10/2013):

http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2013/10/23/lagardere-a-trouve-des-acheteurs-pour-premiere-et-pariscope_3501696_3236.html

 Article de Fabienne Schmitt pour les Echos  (ne parle ni d'EuropaCorp ni de la Commission du Film) (22/10/2013):

http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/medias/actu/0203083811636-pariscope-et-paris-premiere-bientot-cedes-620993.php

Article de Alexandre Debouté pour le Figaro (23/10/2013) ((ne parle ni d'EuropaCorp ni de la Commission du Film):

http://www.lefigaro.fr/medias/2013/10/23/20004-20131023ARTFIG00469--premiere-et-pariscope-ont-trouve-des-repreneurs.php

 Le site de Grégoire Chertok:

http://gregoire-chertok.fr/

Sa biographie:

http://gregoire-chertok.fr/index.php/biographie-de-gregoire-chertok.html

Le site de la mairie du 16e:

http://mairie16.paris.fr/mairie16/jsp/site/Portal.jsp?document_id=13931&portlet_id=1131&comment=1&current_page_id=264

Le site des élus UMP du Conseil régional d'Ile de France:

http://www.ump-iledefrance.fr/elus/gregoire-chertok/

 Les décideurs de Paris référencés par "L'Opinion":

http://edecideur.info/edecideur/5911C/CHERTOK-Gregoire-EUROPACORP-384824041.html

Quelques éléments sur Akn productions:

http://www.unifrance.org/annuaires/societe/350310/akn-productions

Cet article a toute une histoire: il a connu une première version évolutive ci-après...

ARTICLE en cours de correction- «Première» et «Pariscope» vendus à un (ex)administrateur d'EuropaCorp?

28 OCTOBRE 2013 |  PAR LES INDIGNÉS DU PAF

Mise à jour (28/10/2013, 11h30): Monsieur Grégoire Chertok n'est plus membre du CA d'EuropaCorp depuis le 28/09/2012, contrairement à ce que dit la dépêche Reuters. Il l'était cependant au moment de la publication de l'article de Challenges. Nous affinons nos recherches. Nous avions fait des vérifications, mais pas toutes celles qu'il fallait. Toutes nos excuses...

Mise à jour, suite: On nous dit que Monsieur Chertok ne serait plus, non plus, au CA de la Commission du Film IDF, contrairement aux infos que données par la dite Commission, le Bureau des élus et le Bureau du Bureau des élus, tout comme le site de la dite Commission. C'est à n'y rien comprendre... Avec toutes nos excuses... Un rectif est en cours de rédaction...

Première et Pariscope vont-ils être vendus à un des administrateurs d'EuropaCorp? Dans l'état actuel des choses, la vente des deux magazines du Groupe Lagardère n'est pas conclue. Les acheteurs et le vendeur sont en négociation et ont un mois pour se décider. Le but de cet article n'est pas, bien entendu,  de se dresser contre la vente, mais d'illustrer la nécessité de gardes fous entre les journalistes et leurs actionnaires afin de préserver l'indispensable indépendance des rédactions. 

C'est le sens d'une "charte universelle de l'information" et d'une instance de déontologie. Permettant d'un côté aux journalistes de garder leur liberté de travail indépendamment des intérêts de leurs actionnaires en se protégeant derrière les modes déontologiques de fabrication de l'information, de l'autre au public et à la société civile de relever les dérives quand elles existent, de faire rectifier les erreurs et de trouver les moyens d'éviter qu'elles se renouvellent. 

Notons que les piliers de la déontologie journalistique sont, entre autres, la vérification des faits, l'exposition contradictoire des avis et la rectification si nécessaire.

Les faits qui suivent vont permettre d'illustrer les questions d'indépendance qui se posent.

 "Première", ex-magazine culte du cinéma avec une aura encore très importante, et "Pariscope", agenda culturel parisien phare, notamment pour le cinéma, sont donc en passe d'être vendus à un banquier d'affaires de la maison Rotschild et Cie, administrateur d'EuropaCorp, élu à la mairie de Paris 16 en charge de l'urbanisme et de l'architecture, et au Conseil Régional, où il est titulaire de la Commission Culture et administrateur de la Commission du Film d'Ile de France. On voit immédiatement les conflits d'intérêt qui existent... et comment chaque poste peut servir à l'autre. Mais, direz-vous, tout cela n'est que fabulations. Le sens de l'éthique existe et est la plupart du temps respecté. Tout à fait, et nous allons vous le démontrer.

 Notre homme, M. Georges Chertok, est un passionné de cinéma. Ce qui explique certainement son envie d'acquérir "Première" et le "Pariscope"... On peut vérifier cette passion dans un long entretien, très argumenté, donné en octobre 2011 à Challenges.fr. On passe les quelques paragraphes sur la jeunesse du cinéphile pour arriver à celui-ci...

"Dans ce registre, j'ai adoré la dernière Palme d'or, The Tree of Life, de Terrence Malick. Mais j'ai tout autant apprécié, comme beaucoup, Les Petits Mouchoirs, de Guillaume Canet, plus accessible en apparence. Les deux sont distribués par EuropaCorp, la société du cultissime Luc Besson qui m'a fait bénéficier de ses "leçons de cinéma"."

 Vous avez compris? Il n'est dit nulle part dans l'article que, depuis 2008, M. Chertok est administrateur d'EuropaCorp et de la Commission du Film d'Ile de France (ce qui est naturellement tout à fait son droit et dont nous le félicitons)... Est-il nécessaire d'aller plus loin? Sans charte de déontologie pour protéger les journalistes, sans instance pour informer et écouter le public, les médias sont condamnés à cette sempiternelle collusion qui nuit dramatiquement à leur crédibilité.

On peut noter aussi que ni le Monde, ni les Echos, ni le Figaro, dans leurs brèves annonçant les négociations en cours n'en font état. Il faut, pour le savoir, aller voir un magazine spécialisé,Tradingsat, qui se base pourtant sur une dépêche de Reuters... Le Mondeles Echos et le Figaro présentent cependant l'opération comme se faisant en lien avec un autre producteur, Alain Kruger, qui travaille notamment avec France Culture, joue parfois dans des films et vient de se lancer dans la production via la société qu'il préside, Akn productions.

On avance ensemble vers une meilleure qualité de l'information? Rejoignez les Indignés du PAF!

Amitiés

Philippe Guihéneuf pour les Indignés du PAF

Contact: lesindignesdupaf@gmail.com, sur twitter: @IndignEsDuPAF

(on retrouvait ici les liens explicatifs identiques à ceux que vous avez plus haut)

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