Le 6 février 2025, un an et demi après la lettre de saisine du Conseil Supérieur des Programmes du 23 juin 2023 du ministre Pap Ndiaye sur l'Éducation à la Sexualité, après un véritable travail de résistance des syndicats, des associations féministes, d’associations de parents d’élèves face aux violentes attaques des milieux conservateurs et d’extrême droite, le programme d’EVARS (Éducation à la Vie Affective Relationnelle et à la Sexualité) a été publié au journal officiel après un vote unanime du Conseil Supérieur de l’Éducation.
Des batailles ont dû être menées pour en arriver au texte final, notamment pour la réintégration des termes « hétérosexualité » et « homosexualité » dans le préambule du programme, pour la mention explicite des violences sexistes et sexuelles, pour le maintien de l’identité de genre dans le programme du collège, pour la garantie que tous les objectifs du programme soient abordés, sans possibilité de contournement sous pression de certaines sensibilités locales. Ces batailles ne s’arrêteront pas là. Des associations, dont le Syndicat de la famille (ex Manif pour tous) et SOS éducation, ont annoncé avoir déposé un recours devant le Conseil d’État en vue d’annuler la mise en œuvre du programme.
L'Éducation à la Vie Affective et à la Sexualité appelée information sexuelle, éducation sexuelle et éducation à la sexualité, puis EVARS, a fait l’objet de nombreuses attaques tout au long de son histoire. Depuis la circulaire Fontanet de 1973 et jusqu’à aujourd’hui, les milieux de droite et d’extrême droite n’ont cessé de remettre en cause l’éducation à la sexualité à l’école.
Le programme d’EVARS est dans la continuité des lois votées pour l’éducation à la sexualité, il participe au travail qui doit être celui de l’école : éduquer, répondre aux interrogations des élèves, faciliter leur construction mais aussi prévenir les violences sexuelles.
Application
Si le vote au CSE (Conseil supérieur de l'éducation) est une réelle victoire, désormais adopté, ce programme doit se mettre en place à la rentrée 2025. Nous serons vigilant·es sur son application effective, à raison des 3 séances annuelles obligatoires énoncées par la loi de 2001 (actuellement seulement 15% des élèves en bénéficient pendant leur scolarité) et de l’application des programmes d’EVARS dans tous les champs disciplinaires.
Formation
Des formations des personnels en présentiel, accompagnées, doivent avoir lieu dans tous les départements dès maintenant. Elles doivent être pour cela au plus près des personnels, pour permettre une réelle collaboration entre professionnel·les. Les personnels de l’éducation nationale doivent recevoir une formation initiale et continue de l’Education Nationale.
Associations
Les établissements scolaires comme les associations doivent bénéficier de moyens, les intervenant·es doivent pouvoir accéder à des formations solides, des rémunérations et des subventions à la hauteur du besoin de leurs structures et de leurs personnels. Les compétences des associations présentes sur le terrain depuis des années doivent être reconnues. Les associations doivent pouvoir être sollicitées dans la formation des personnels de l'éducation nationale, comme elles le sont pour l'intervention auprès des élèves.
L’information
Face aux pressions de l’extrême droite, une information réelle pour lutter contre les attaques et les fake news de l’extrême droite, qui attise par ses mensonges la haine des professionnel·les et des associations, doit être engagée par le ministère de l’Éducation nationale.

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L’EVARS répond aux besoins fondamentaux des enfants en matière de connaissances, de respect de soi et des autres, de prévention des risques et de lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants. Les relations étroites entre l’école et la famille favorisent une éducation cohérente et enrichissante. Il est primordial de répondre aux appréhensions des parents. Beaucoup ressentent de la gêne ou un manque de préparation pour aborder ces sujets avec leurs enfants. Certains craignent que l’éducation à la sexualité soit inappropriée ou intrusive. En communiquant avec les familles, on lève ces craintes et on établit une relation de confiance avec l’institution scolaire.
Par ailleurs, selon les jeunes elleux-mêmes, il est essentiel que les adultes, y compris leurs parents, soient formé·es à parler de parler de relations affectives, relationnelles et à la sexualité, un sujet encore marqué par de nombreux tabous. Les enfants et adolescent·es expriment le besoin d’être écouté·es et soutenu·es dans leurs questionnements par des adultes bien informé·es et décomplexé·es.
Les parents d’élèves doivent être informé·es officiellement par l’institution, à tous ses échelons, de ce que contient réellement le programme d’EVARS, afin de mettre fin aux fausses informations. Les rectorats et les Directions des Services Départementaux de l’Éducation Nationale doivent pouvoir, avant les vacances d‘été, puis à nouveau dès la rentrée, moment clé dont certains groupes anti-EVARS disent déjà vouloir s’emparer, diffuser des informations aux parents sur le programme et sa mise en oeuvre pour ne pas laisser propager un climat d’appréhension et de défiance.
Défense
Les personnels et intervenant·es doivent être protégé·es. L’État doit garantir la sécurité de celles et ceux qui mettent en œuvre ce qui n’est autre que la loi. L’EVARS toute entière aide à déconstruire les stéréotypes, à comprendre les inégalités, à prendre conscience de son corps et de son intimité et à respecter l’autre et soi-même. Elle est une composante majeure de l’éducation à l’égalité femmes-hommes à l’école. Nous sommes donc vigilant·es à une application réelle du programme d’EVARS et le resterons.
Le 6 Juin 2025
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L’association En avant toute(s) organise une conférence de presse ouverte au public le jeudi 9 octobre à 19h-21h, à la Cité Audacieuse (9 rue de Vaugirard, Paris). Cette rencontre sera l’occasion de présenter le programme EVARS et sa mise en œuvre dès la rentrée 2025, de discuter des enjeux pour la protection des élèves et du personnel éducatif, et d’échanger autour de la formation et de l’accompagnement des professionnel·les et des familles.
Des associations de terrain, des expert·es et des enseignant·es partageront leurs expériences et répondront aux questions du public. Parmi les invité·es : Fanny Gallot, historienne et co-autrice de Enseigner l'égalité filles-garçons ; Lolita Rivet, enseignante et créatrice du podcast C’est quoi l’amour, maîtresse ? ; et l’association Parents & Féministes.
Événement gratuit – inscription ici.
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Signataires :
Association Épicène,
Association Francophone de Femmes Autistes,
Association nationale des Comités de Vigilance Alexis Danan,
Association Mille Miettes,
Association Nationale des Etudes Féministes-ANEF,
Carré citoyen,
CNT-SO Fédération Enseignement/Recherche,
Chiennes de garde,
Collectif Famille.s,
Collectif Enfantiste,
Collectif Georgette Sand,
Collectif National pour les Droits des Femmes - CNDF,
Collective des mères isolées,
Confédération Générale du Travail (CGT),
Coordination française pour le Lobby Européen des Femmes,
Egalités,
En Avant Toute(s),
Fédération nationale des CIDFF (Centres d'information sur les droits des femmes et des familles),
Fédération Syndicale Unitaire (FSU),
Genre et altermondialisme,
Je te crois je te protège,
Maison des Femmes Therese Clerc,
#NousToutes,
Organisation de Solidarité Trans (OST),
Osez le Féminisme,
Parents et Féministes,
Planning Familial,
Queer Education, Règles Élémentaires,
Sud Education,
Stop aux Violences Obstetricales et Gynécologiques France,
#StopFisha,
Union Syndicale Solidaires