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Tribune 2 juin 2025

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Tous les 15 mars, célébrons ensemble la Journée internationale contre l’islamophobie

« L’islamophobie n’est pas une opinion, c’est une violence, une violence sociale, médiatique, politique. Une violence physique, aussi, et qui tue ». Nassurdine Haidari, Louis-Georges Tin du CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires), ainsi que des soutiens issus du monde politique, universitaire et associatif, appellent à faire du 15 mars « une clameur, une œuvre collective, une mémoire en marche » en célébrant la Journée internationale contre l’islamophobie. 

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Le 15 mars 2019, une série d’attaques terroristes était menée contre deux mosquées de la ville de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, faisant 51 morts et 49 blessés. C’est pourquoi en 2022, lors de la 76 session de l’Assemblée Générale des Nations Unies, le 15 mars a été reconnu comme étant la Journée internationale contre l’islamophobie.

Adoptée à l’unanimité, la résolution « appelle à renforcer les efforts internationaux visant à favoriser un dialogue mondial pour la promotion d'une culture de tolérance et de paix à tous les niveaux, fondée sur le respect des droits de l'homme et de la diversité des religions et des convictions ». Par ailleurs, elle invite les Etats membres et les sociétés civiles à se mobiliser chaque année à cette occasion et à lutter contre les violences « contre des personnes en raison de leur religion ou de leurs convictions ».

Les actes islamophobes peuvent être perpétrés partout dans le monde. On se souvient des attaques terroristes de ces dernières années : Allemagne (2020), Norvège (2019), Canada (2017), Royaume-Uni (2017), Etats-Unis (2015), etc. Par ailleurs, il faut mentionner tous les pays dans lesquels les minorités musulmanes sont lourdement persécutées par des politiques d’Etat, comme les Ouïghours de Chine, les Rohingyas au Myanmar, les Tamouls au Sri lanka, les sunnites et les chiites en Inde etc.

En France, il y a quelques semaines, Aboubakar Cissé a reçu plus de 50 coups de couteau dans une mosquée. Il a été tué par un racisme féroce, glaçant, à caractère islamophobe. Or cet assassinat n’a pas soulevé tout de suite la vague d’indignation nationale qu’il aurait dû provoquer, comme si la vie de ce jeune homme valait moins que celle des autres. Au-delà de ce meurtre, qui n’est que le haut de l’iceberg, il faut aussi dénoncer tout un climat islamophobe, entretenu par certains médias et dirigeants politiques, qui constituent un continuum de la violence politique et religieuse. Certes, la critique des religions est légitime, et même nécessaire, mais on ne peut tolérer les violences contre les croyants (pas plus, du reste, que les violences au nom d’une croyance).

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Lors d’un rassemblement en hommage à Aboubakar Cissé, tué dans une mosquée de La Grand-Combe, et contre l’islamophobie, place de la République à Paris, le 27 avril 2025. © Photo Alain Jocard / AFP

L’islamophobie n’est pas une opinion, c’est une violence, une violence sociale, médiatique, politique. Une violence physique, aussi, et qui tue. Et aujourd’hui, les Françaises et les Français de confession musulmane, leurs familles, leurs amis se sentent plus menacés, plus isolés que jamais. C’est pourquoi nous invitons les hommes et les femmes de bonne volonté, qu’ils soient musulmans ou non, chrétiens, juifs, athées ou autres, nous invitons le gouvernement, les partis politiques, les syndicats, les associations, les médias, les professeurs, les artistes à se saisir de cette date pour qu’elle devienne un levier de citoyenneté, de respect de la laïcité et de solidarité républicaine. A l’occasion du 15 mars prochain, comme l’ONU nous y invite, nous pourrions organiser dans toute la France  des mobilisations, des colloques, des expositions, des ateliers, des cours sur les discriminations, des plans d’action dans les entreprises, dans les conseils municipaux, dans les départements, dans les régions et partout ailleurs.

Cette journée n’est pas la journée d’un seul groupe ; c’est une journée proposée par l’Organisation des Nations Unies, au nom des droits universels, la journée de tous ceux et toutes celles qui veulent vivre dans une société où nul ne doit avoir peur pour sa foi, pour sa peau, pour son nom. Une société où l’égalité n’est pas juste un mot, mais aussi une réalité. Faisons du 15 mars une clameur, une œuvre collective, une mémoire en marche. Pour qu’Aboubakar Cissé ne soit pas juste un nom vite enseveli dans l’oubli, pour qu’aucune autre famille n’ait à pleurer un être aimé, tué pour ce qu’il est, pour que les Français musulmans n’aient plus à avoir peur, pour que notre pays ne bascule pas dans la haine de tous contre tous.

Signataires :

Nassurdine Haidari (président du CRAN, ancien imam)
Louis-Georges Tin (ancien président du CRAN)

Soutiens :

  • Clémentine Autain, députée
  • Ghaleb Bencheikh, islamologue, écrivain
  • Théo Challande Névoret, adjoint au maire de Marseille chargé de la lutte contre les discriminations
  • Naïma Charaï, ancienne présidente de l'Agence nationale pour la Cohésion Sociale et l'Egalité des chances (ACSE)
  • Caroline Chevé, secrétaire générale de la FSU
  • Eric Coquerel, député, président de la commission finances de l’Assemblée Nationale
  • Karima Delli, ancienne députée au Parlement européen
  • Julie Ferrua, co-déléguée générale de Solidaires
  • Cheikh Modibo Diarra, astrophysicien, ancien Premier Ministre du Mali
  • Doudou Diène, ancien rapporteur spécial de l'ONU sur les discriminations
  • Assani Fassassi, président de la Fédération des associations islamiques d'Afrique, des Comores et des Antilles
  • Eric Fassin, sociologue, professeur à Paris 8
  • Nacira Guénif, professeure des universités, Université Paris 8 Vincennes- Saint-Denis
  • Murielle Guibert, co-déléguée générale de Solidaires
  • Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire.
  • Seloua Luste Boulbina, philosophe, chercheuse associée au LCSP, université Paris Cité
  • Mohamed Mbougar Sarr, écrivain (Prix Goncourt 2021)
  • Akli Melouli, sénateur
  • Marie-Cécile Naves, politiste
  • Eric Piolle, maire de Grenoble
  • Gérard , secrétaire confédéral de la CGT chargé de la lutte contre les discriminations
  • Jean-Luc Romero-Michel, adjoint à la Maire de Paris chargé des droits humains, de l’intégration et de la lutte contre les discriminations
  • Nathane Haïm Teicher, porte-parole de Tsedek ! Collectif juif décolonial,
  • Marine Tondelier, secrétaire générale d’EELV