Après des semaines de déclarations confuses et de propos contradictoires, le RN dévoilait lundi 24 juin son programme aux élections législatives. Sans grande surprise, ce programme ne s’illustre pas tant par sa consistance économique ou sa défense des droits sociaux que par des attaques sans précédent aux droits politiques fondamentaux des certains français, les descendants d’immigrés, les binationaux, les naturalisés, en somme, des citoyens de seconde zone pour cette extrême-droite aux portes du pouvoir.
Une des mesures phares du programme, l’interdiction de certains “emplois stratégiques” aux binationaux, peut paraître anecdotique, tant celle-ci ne concerne qu’une faible partie de la population (estimée à trois millions et demi), voire même inutile lorsqu’on sait que les postes de souveraineté ne sont accessibles qu’après enquête. En réalité, ce n’est pas tant sur les conséquences pratiques que sur la symbolique sociale et historique que cette annonce est d’une gravité majeure. En France, la privation systématique des binationaux à certains métiers n’a été appliquée que sous le régime de Vichy et elle visait explicitement les juifs alors soupçonnés de manquer d’allégeance à la nation française. Aujourd’hui, le RN réactualise cette même logique par le biais de son porte-parole Sébastien Chenu qui prônait la suppression de la binationalité en questionnant l’«attachement» des binationaux à la France. S’il est revenu sur cette déclaration, il n’empêche que la systématisation de l’interdiction à certains emplois est révélatrice d’une volonté de faire une distinction entre les “vrais français” et des français excédentaires que l’“impureté” des papiers et du sang condamne à être des ennemis de la Nation éternels.
L’insistance du RN à proposer une telle mesure alors même que son inconstitutionnalité est évidente, l’attention portée à celle-ci dans le discours de Bardella alors que des sujets majeurs tels que les retraites ou le chiffrage du programme sont évacués et le flou entretenu autour de la liste de ces emplois dits “stratégiques” sont autant de signaux alarmants qui devraient nous questionner, toutes et tous, sur l’avenir brun que nous dessine le RN.
Si Bardella et Le Pen se permettent de s’attaquer à un sujet aussi sensible que celui des binationaux, c’est bien que nous avons cédé tant et tant sur les droits des étrangers sans-papiers, puis des immigrés en situation régulière, puis des enfants d’immigrés nés en France. En 2022, Le Pen déposait un projet de loi abaissant le délai de départ volontaire des OQTF à quarante huit heures, en totale violation du droit de l’UE, dans le silence général. Aujourd’hui, ils proposent de mettre en place la préférence nationale, dont l’inconstitutionnalité est certaine, dans le silence général. Ils veulent rétablir le délit de séjour irrégulier, contraire au droit européen, dans le silence général. Et ils souhaitent abroger le droit du sol, tradition française depuis 1515 sur laquelle même le régime de Vichy n’est pas revenu, encore une fois dans le silence général. Il ne faut pas en douter, Bardella à Matignon serait la fin des quelques garde-fous restants empêchant notre pays de sombrer dans le totalitarisme. Seul l’arbitraire primerait, il n’y aurait aucune limite aux droits attaqués et aux personnes concernées.
Nous, ces citoyens de seconde zone selon le RN, appelons à voter contre l’extrême-droite mais aussi contre le gouvernement Macron, celui-là même qui a dépecé méthodiquement notre pays de ses acquis sociaux et a gouverné par l'inhumanité qui ne voit dans l’étranger qu’un ennemi à rejeter. Mais surtout nous appelons à la mobilisation massive pour le Nouveau Front Populaire le sept juillet pour un accueil digne des étrangers, pour l’abrogation des lois asile et immigration de Macron et pour une véritable politique de lutte contre toutes les formes de racisme.
Signataires :
- Imane Hamel, co-animatrice du groupe de travail Antiracismes de la France Insoumise
- Jonathan Ruff-Zahn, TSEDEK!
- Fatima Daas, autrice
- Faiza Guene, réalisatrice
- Alice Celik, La France Insoumise, association franco-kurde
- Veronique Ballot, cellule du parti des travailleurs brésilien à Paris
- Soufiane Hamache, NPA anticapitaliste
- Frédéric ESPI, La France Insoumise
- Nicole Forstenzer, Attac
- Mohammed Ben Yakhlef, délégué syndical CGT, membre du bureau CGT mission locale et Insertion Île de France
- Jonathan Moy, Attac, Greenpeace
- Johann Delattre, La France Insoumise
- Cherif Ferjani, universitaire engagé pour les droits humains
- Farid Boutin, La France Insoumise
- Amadou Mokhtar Sarr, La France Insoumise
- Nadia Mhamedi, La France Insoumise
- Gilbert Viale, La France Insoumise
- Marie France Antona, présidente de l’association Place du pont
- Rachid Oukrid, Le Grain Saint-Étienne
- Younes Benkirane, militant des droits humains
- Yves Biglio, La France Insoumise
- Virginie Devigne, REV-La France Insoumise
- Cheima Ben Hmida, Attac
- Abdelmana Maoui, Cho3
- Mohamed Belaroussi, La France Insoumise
- Erica Urzua, La France Insoumise
- Allaoua Bakha, président et fondateur de l'association Le grain (ex Grain Magique)
- Karine Gorrieri, bénévole enseignante au centre social Bonnefoi (Lyon)
- Jalila Karaoui, La France Insoumise
- Thérèse Leroux, La France Insoumise
- Mohamed Ben Saïd, Fédération des Tunisiens pour Une Citoyenneté des deux Rives (FTCR)
- Mustapha Majdi, AMF
- Mustapha Ghouila, Moudaf 13
- Adam Alaoui, La France Insoumise
- Ouali Brinis, La France Insoumise
- Aminda Huille, La France Insoumise
- Harry Moise, La France Insoumise
- Inès Ben Yacoub, militante insoumise, syndicaliste, membre d'une association de parents d'élèves et parent d'élèves élues
- Ouns Hamdi, militante La France Insoumise et Amnesty international
- Léo Cerosky, militant associatif pour le droit au logement
- Nadia Louachu, FIUQP
- Nicole Malfait, La Cimade
- Christophe Amany, Ekodafrik.net
- Sylvia Martinez, MRAP
- Valentina Castillo, La France Insoumise
- Mohammed Ouaddane, responsable et militant associatif
- Samy Lahmer, La France Insoumise
- Borras Caroline, militante syndicale
- Kamel Kabtane, président d’association
- Emma Moreira, La France Insoumise
- Imrane Trocmé, La France Insoumise
- Rhizlane Mazmour, La France Insoumise
- Karim El Arnaouty
- Hind Guessous
- Victor Urzua
- Brume Allegrini
- Saida Chaibi
- Pascale Korzylecka
- Djamila Delattre
- David Delattre
- Chehra-zed Delattre
- Fay Slakey
- Samia Kertane
- Imane Delattre
- El Hocine Mansri
- Roseanna York
- Djamal Benzeghiba
- Ines Doumandji
- Marie Benzeghiba
- Miklosh Ferencz
- Alawiya Assoumani
- Nassim Boussaid
- Frederic Biston
- Khirdine Benzeghiba
- Marjorie Lempereur
- Catherine Bevan
- Elise Brignard
- Florence Caillerie
- Véronique Vacle
- Jeanne Anselmini
- Laëtitia Chamekh
- Fadela Chamekh
- Colette Arfi
- Monserrata Vallet
- Bernadette Bombardieri
- Mouloud Ben Ayad
- Julie Anselmini
- Rashid Mossad
- Wiame Zoubdi
- Sonia Chinoune
- Léo Maribe
- Emy Levy
- Annabelle Claudon
- Elisabeth Claudon
- Eva Decroix
- Shanice Koday
- Eric Pont
- Leïla Bouazza
- Ali Bennani
- Richard Chen
- Lea Golcberg
- Soad Frikech
- Smina Ait Yahia
- Bouazza Barek
- Eric Deleze
- Sylvia Urzua
- Hayett Chaouche
- Cecylia Curtel
- Hedi Akkari
- Emma Sen
- Dounia Abdi
- Boubaker Hedia
- Carol Chabrillat
- Malik Mahtal
- Nasser Nouari
- Chloé Larrain
- Yasmina Mekhnache
- Hervé Nallet
- Maanam Oujja
- Cathy Palumbo
- Nora Magnet
- Ouarda Habib
- Ines Daou
- Leïla Toure
- Sarah Levin
- Mélina Moyano
- Houria Zoubdi
- Rahim Rezigat
- Jammel Hammoumi
- Jean-Louis Routhier
- Lucia Calfapietra
- Marie Hélène PIessard
- Daisy Riposati
- Lucie-Amel Benazout
- Nayla Azem
- Fatima Darrouji