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Tribune 6 février 2024

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Sages-femmes, doulas et professionnel·les de la périnatalité, nous nous levons contre le génocide palestinien

« Désormais, les accouchements ont lieu dans les camps de réfugié·es, dans la rue, au milieu des décombres ». Un collectif de sages-femmes, doulas, professionnel·les et militant·es de la naissance appellent à un « cessez-le-feu immédiat et permanent » à Gaza. « La justice reproductive, c’est le droit d’être enfant et de grandir en ayant foi en l’humanité ; le droit d’accoucher dans un hôpital avec de l’eau, de l’électricité, un accueil humanisé, sans risquer d’être enseveli·e sous les bombes. »

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Nous sommes un collectif francophone de sages-femmes, doulas, professionnel·les et militant·es de la naissance. Notre métier est un travail pour la vie, pour le respect et la dignité, il nous est donc impossible d’ignorer le massacre actuellement en cours en Palestine et plus particulièrement à Gaza.

Notre métier et notre lutte pour la justice reproductive nous forcent à regarder les conditions désastreuses dans lesquelles les nourrissons, les enfants et les personnes qui accouchent survivent Nous voyons les conséquences immédiates du siège et des bombardements incessants sur le système de santé à Gaza. Nous pensons aussi aux conséquences sur les générations à venir, sur les conditions de vie matérielles mais aussi à l’impact en termes de trauma intergénérationnel.

La justice reproductive, c’est le droit d’être enfant et de grandir en ayant foi en l’humanité, sans être exposé·e à la menace très réelle de voir sa famille exterminée. C’est le droit d’accoucher dans un hôpital avec de l’eau, de l’électricité, un accueil humanisé, sans risquer d’être enseveli·e sous les bombes. C’est pouvoir vivre sa culture et sa religion en communauté, dans la joie, sans être victime d’apartheid et de violences continues. C’est tout ce qu'Israël refuse au peuple palestinien. 

Depuis le 7 octobre 2023 à Gaza, les conditions d’accouchement déjà difficiles dû au contexte d’apartheid sont rendues complètement infernales. Près de 200 accouchements ont lieu chaque jour. Lorsque l’accès à des hôpitaux était encore possible (ils sont maintenant tous détruits), les opérations nécessaires pour sauver la vie des personnes accouchantes comme celles des nourrissons avaient lieu sans anesthésie, sans électricité et évidemment sans environnement stérile. Les Nations Unies ont signalé des cas de césariennes effectuées à vif (sans anesthésie), et des sages-femmes sur place racontent devoir effectuer des révisions utérines à main nues.

Désormais, les accouchements ont lieu dans les camps de réfugié·es, dans la rue, au milieu des décombres. Le personnel soignant qui n’a pas été tué ou qui n’a pas fuit fait ce qu’il peut. Cependant, en raison de l’atroce réalité du terrain, le risque de mort en couche et  dans les suites est énorme. Et même si certaines personnes survivent à ces terribles conditions, lutter pour sa vie et celle de son nouveau-né en post-partum immédiat est extrêmement difficile. Certains parents doivent préparer leurs biberons avec de l’eau contaminée car c’est la seule eau disponible. La population assiégée (ce qui constitue un crime de guerre) est affamée et il est impossible de produire du lait pour allaiter dans ces conditions de famine. Les fausses couches ont augmenté de 300% à Gaza à cause du stress, du manque de repos et de la faim.

L’article II de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide des Nations Unies caractérise les mesures pour entraver les naissances au sein d’un groupe ethnique comme constitutif du crime de génocide. Dans cette situation, la volonté génocidaire d’Israël ne pourrait pas être plus claire. Ce point spécifique a d’ailleurs fait l’objet d’un plaidoyer d’Adila Hassim, avocate sud-africaine, lors du procès pour génocide entre l’Afrique du Sud et Israël à La Haye ce 11 janvier 2024. Ce procès a été gagné par l’Afrique du Sud et Israël doit “faire tout en son pouvoir pour empêcher un génocide”, tout comme nous.

Nous n’oublions pas les plus de 10 000 enfants mort·es sous les bombes, mort·es de leurs blessures, mort·es de la famine, et les dizaines de milliers d’autres qui sont blessé·es, amputé·es, devenus orphelin·es. Nous n’oublions pas l’image d’un enfant de 10 ans obligé de ramasser dans un sac les restes carbonisés d’un membre de sa famille. Nous n’oublions pas les cinq bébés prématurés qui ont dûs être abandonnés à leur sort à l’hôpital al-Nasr, et qui ont été retrouvés en décomposition quelques jours plus tard

Nous n’oublions surtout pas le silence assourdissant dans le monde de la natalité en France. Le 19 décembre, le collectif Blouses Blanches pour Gaza a appelé le Conseil National de l’Ordre des Sages-femmes à prendre position sur le génocide en cours à Gaza : “Nous souhaitons que le Conseil de l’ordre des sages-femmes, institution garante de notre déontologie, exprime officiellement sa solidarité avec le peuple palestinien ; soutienne activement l’action de soin de la communauté médicale gazaouie et enfin appelle à un cessez-le-feu immédiat et à la levée du blocus sur Gaza ; comme il a su le faire après l’invasion de l’Ukraine par les forces russes. “ 

Cette lettre est restée sans réponse. 

Sages-femmes, professionnel·les de la naissance, souvenons-nous des raisons pour lesquelles nous faisons ce métier. Notre métier est la défense de la vie. Nous avons le devoir de soigner chaque personne, quelle que soit son origine, son âge, son orientation sexuelle, sa religion ou son identité de genre. Nous savons que les conditions dans lesquelles on fait naître les bébés sont déterminantes lorsque l’on veut créer une société en paix et égalitaire. Alors que l’on regarde le peuple palestinien être victime de génocide, c’est notre légitimité à nous revendiquer comme une société démocratique, mais aussi notre humanité entière qui est en jeu. 

Nous appelons à : 

  • Un cessez-le-feu immédiat et permanent
  • La libération de la Palestine
  • La responsabilisation de l’Etat français dans l’armement du Tsahal, l’armée israélienne
  • La prise de position du CNOSF, du CNGOF, et des autres syndicats de médecins, comme ils l’ont fait lors de l’invasion Russe en Ukraine 
  • La prise de position des associations et écoles et associations de doulas françaises comme DDF, IFDF, Galanthis, Envol et Matrescence, etc restées complètement silencieuses depuis le début du massacre

Contactez-nous sur instagram @doulassf4freedom ;

Pour signer la tribune, cliquez ici 

Signataires :

Aïcha Latreche, sage-femme  

Aïda Souissi 

Aïssa Juliette, doula  

Akim Aouidj

Alina Zaheer, sage-femme  

Aline Baugé, doula  

Alys Edouard, sage-femme  

Andrés Gualutona Suarez, sage-femme  

Anziza Abdourahamane

Assetou Fofana, sage-femme  

Bahia Mansouri, sage-femme  

Bouchra Chaïb, sage-femme  

Carole Hervé, consultante en lactation IBCLC

Catherine Dupré

Cécile Venance, doula  

Charline Diouf, sophrologue  

Charline Marinier, sage-femme  

Celia Sinegre, doula  

Clée, doula  

Clotilde Bourhis, psychologue pour enfants  

Collectif doulas radicales  

Diarietou Camara, sage-femme  

Dounia Kendil

Emmanuelle Trichard, doula

Erica Rivolier, doula

Eva-Luna Tholance, doula  

Fa Leslie, usagère  

Fanny, doula 

Fanny Champigny, sage-femme  

Farida Ait Kaci, aide soignante  

Fatima Hammoudi, étudiante sage-femme

Gabrielle Artus, étudiante sage-femme  

Hanane Bouarour, sage-femme  

Habiba Zaid, sage-femme  

Hoda Djelloul, sage-femme  

Imane Kha

Ines Zeghidi, sage-femme  

Islah Chouh, sage-femme  

Isabelle Koenig, sage-femme  

Isabelle Monnier, doula  

Justine Jeandel, sage-femme

Joanna Lisch, sage-femme

Johanne Voahangy, sage-femme  

Julie Roudier, doula  

Kadiatou Coulibaly, sage-femme  

Kamilia Azzi, sage-femme  

Karine Langlois Laseva, sage-femme 

Katy Refuveille, doula  

Khaïra Bodhiana, sage-femme  

Kristelle Cardeur, business coach et doula  

Laetitia Conort, doula  

Laëtitia Sepulveda, sage-femme  

Latifa Basrire, sage-femme  

Laszlo Morales, doula  

Linda Arabat, étudiante sage-femme  

Lindha Kouangou, sage-femme  

Lollia Mirianne, auxiliaire de puériculture  

Lucie Allo, doula  

Lucie Bonato, doula  

Maeva Morin, professeure de yoga et doula  

Madjiada Achour

Mariem Asila, sage-femme  

Marawa, sage-femme  

Marion Calmel, doula  

Maryam Mahjoub, sage-femme  

Mathilde Larrousi, doula  

Mat Sabah, sage-femme  

Meriem Bouchemoua, sage-femme  

Nadia Sahal, sage-femme  

Nadia Samir 

Nakiya Taheraly, sage-femme  

Nora Ben

Noa Landret, doula  

Raja Ouahbi, sage-femme  

Rime Betteka, sage-femme  

Sabrina, juriste et doula  

Samira Oudaoud Gassama, sage-femme  

Samra Seddik, sage-femme  

Sarah Koehler, doula

Sarah Thouvenot, doula  

Sharmila Naudou, sage-femme  

Sofia Hadj-Azzam  

Sourouwa Seydi, infirmier  

Thanina Fellah, sage-femme  

Touati Mariem, sage-femme  

Umm Leya, doula  

Vero Allaite, doula  

Virginie Gossez, sage-femme  

Yael Flauder, formatrice  

Yasmine Louati, sage-femme  

Zina Tioura, sage-femme  

Zineb Behouh, sage-femme  

Zoë Salmon, doula