Les invités de Mediapart (avatar)

Les invités de Mediapart

Dans cet espace, retrouvez les tribunes collectives sélectionnées par la rédaction du Club de Mediapart.

1375 Billets

15 Éditions

Tribune 6 octobre 2020

Les invités de Mediapart (avatar)

Les invités de Mediapart

Dans cet espace, retrouvez les tribunes collectives sélectionnées par la rédaction du Club de Mediapart.

Pour l’ouverture concrète du port de Marseille aux navires de sauvetages

Si la mairie de Marseille rompt avec la « xénophobie de [ses] prédécesseurs » en ouvrant le port aux bateaux de sauvetage, un large ensemble de collectifs demandent que des mesures concrètes – accès aux services publics de la ville, aux soins, au logement... – soient mises en place pour « un accueil digne des futur·e·s demandeurs et demandeuses d’asile » secouru·e·s en Méditerranée.

Les invités de Mediapart (avatar)

Les invités de Mediapart

Dans cet espace, retrouvez les tribunes collectives sélectionnées par la rédaction du Club de Mediapart.

Madame la Maire Michèle Rubirola, Monsieur le premier adjoint Benoît Payan,

Vous avez déclaré le 23 septembre que le port de Marseille serait ouvert aux 125 rescapé·e·s de la Méditerranée qui se trouvaient à bord du bateau de sauvetage Alan Kurdi affrété par l'ONG Sea Eye. En août, votre municipalité s'était déjà exprimée en faveur de l'accueil du bateau antifasciste et féministe Louise Michel qui poursuit les mêmes missions, dans des zones de frontières maritimes rendues de plus en plus dangereuses par les politiques européennes de fermeture (autant que par les logiques économiques du trafic humain).

Nous vous exprimons d'abord notre soulagement à entendre un discours politique qui tranche avec la xénophobie de vos prédécesseurs du conseil municipal et à constater un changement d'intention à l'égard des personnes en situation de migration.

Nous souhaitons toutefois connaître et échanger sur les modalités précises de mise en œuvre de ces intentions. En voici les principaux points.

Concernant l'ouverture du port de Marseille aux bateaux de sauvetage qui se mobilisent actuellement en Méditerranée centrale, les contacts concrets sont-ils actuellement en cours avec le préfet maritime, qui détient la compétence sur le port de Marseille pour autoriser le débarquement du Alan Kurdi et d’autres navires et ainsi mettre en application les annonces municipales ?

La Ville de Marseille participe-t-elle aux négociations entre États sur la répartition de l’accueil des personnes rescapées, dès lors qu'elles sont débarquées dans le « port sûr le plus proche », en règle générale en Italie (Sardaigne dans le cas du Alan Kurdi), à proximité des zones de sauvetage ainsi que l'exigent les textes internationaux, mais aussi les contraintes techniques du sauvetage en mer ?

La Ville de Marseille envisage-t-elle de peser sur les négociations en cours entre les États et la Commission européenne, lesquelles s'orientent vers une politique de répartition de d'accueil encore plus arbitraire à l'égard des demandeurs et demandeuses d'asile, contraire à la liberté de circulation et au libre choix du pays d'installation et surtout plus répressive aux frontières externes de l'Europe, susceptibles de rendre ces traversées de la Méditerranée encore plus mortelles ?

Pour espérer avoir un poids dans ces débats, la Ville de Marseille s'intéresse-t-elle aux initiatives parallèles et intégrera-t-elle la campagne des ville européennes et de la société civile solidaires "From the Sea to the City" ?

Concernant la politique d'accueil de la Ville de Marseille, indépendamment du port de débarquement, est-il envisagé des mesures concrètes d'un accueil digne de ces futur·e·s demandeurs et demandeuses d'asile, dans le champ des compétences municipales, à l'image de la Züri City Card (approuvée par le conseil municipal zurichois), qui permettrait l'accès inconditionnel aux droits, aux soins, aux services municipaux et au logement, ainsi que la fin des contrôles au faciès et la promotion de la libre circulation dans notre ville ?

Enfin, la Ville de Marseille est-elle prête à s'engager avec force en faveur de la fermeture du centre de rétention du Canet, dont l'existence même est une atteinte aux droits fondamentaux, ainsi que des zones d'attentes du port, du Canet et de Marignane ?

Votre élection cet été a été portée par une large énergie du changement, mais aussi par une multitude de mobilisations réelles en faveur d'une ville plus juste, libre et solidaire. Il devient pour nous urgent d'en voir les premières mises en œuvre, notamment en faveur des personnes d'origine étrangère qui subissent encore ici de multiples formes de domination.

À travers l'accueil des rescapé·e·s de la Méditerranée, nous sommes convaincu·e·s qu'il ne s'agit pas seulement de redorer l’image d’une tradition marseillaise humaniste, qui ne satisferait que des egos charitables, mais surtout de s'engager contre les stigmates que la politique européenne des frontières portent durablement aux vies de milliers de nos concitoyen·ne·s.

Nous vous remercions pour votre attention.

Premiers signataires :

Collectif Al Manba,
Association des usagers de la PADA,
Collectif des Sans-Papiers de Marseille,
Collectif 59 St Just,
Collectif Lounapo l’ouvroir des navigations des possibles,
Alarmphone,
RESF 13,
Borderline – Europe,
Projet Sindiane,
SOS Dublin Aide aux réfugiés,
Un coup de pouce aux migrants,
Réseau Hospitalité,
Solidaires 13,
FAS PACA,
Maison de la Jeune Fille Jane Pannier,
Réseau Santé Sud (représenté par son président M.Jean Claude Revest),
RUSF 13, Primitivi,
Collectif du 5 Novembre,
Alternatiba Marseille,
MRAP 13,
Amoureux au ban public,
CNT 13,
UNL 13,
UNSA UD 13,
Solidaritat Ubaye,
Collectif Agir du Pays d’Aix et du Pays d’Aigues,
JRS Welcome Bouches-du-Rhône,
Welcome Pays d’Aix,
Margot Bonis, coordinatrice de l’Observatoire Asile Marseille pour le Réseau Hospitalité;
Aboubacar Diaby membre de l’Association des usagers de la PADA et trésorier de la CSP13; 
Béatrice Messini, chercheure CNRS, membre de l’Observatoire Asile;
Jean-Jacques Plantier.