Citoyens ordinaires, forçons-les à forcer la paix.
Tous les jours la barbarie s’abat sur la Syrie en général et sur Alep en particulier.
Tous les jours défilent des images qui rappellent de douloureux souvenirs des guerres balkaniques, du sinistre siège de Sarajevo ou de la folie destructrice qui s’abattit sur la Tchétchénie dans les années 1990. Des tragédies passées dont les leçons auront été malheureusement bien vite oubliées.
Des tragédies qui différent cependant de l’actuelle par les mouvements de solidarité – pas toujours massifs mais réels – qu’elles avaient entraînés en Europe, alors qu’aujourd’hui la catastrophe syrienne donne lieu, au mieux, à l’indifférence, au pire, à la défiance, avec les amalgames que chacun connaît.
Des événements dramatiques en Europe et une actualité qui continue d’être anxiogène dans le monde ont, il est vrai, rendu les citoyens relativement apathiques, groggys même, amenant beaucoup à tendre l’oreille aux prêcheurs d’angoisse et de néant.
Ce monde qui cherche aussi à se faire peur, ce monde où le peuple américain vient d'élire un homme dont ils savent probablement au fond d’eux-mêmes qu’il risque de les conduire au pire ; ce monde où, plus près de nous, en Hongrie, un gouvernement pousse son peuple à afficher son repli, sa peur de l’avenir et de l’Autre, ce monde a besoin du réveil de consciences citoyennes fortes et audibles.
Dans cette tourmente, que des vigies se manifestent, que les humanistes qui ont foi en un avenir meilleur, ceux qui veulent bien se rappeler des enseignements de l’histoire, se fassent entendre.
Se faire entendre en manifestant, d’abord, notre horreur devant la terreur quotidienne à Alep et en Syrie et en éloignant le coupable et bien présent spectre de l’indifférence.
Appelons les citoyens armés de leur seule bonne volonté mais aussi les associations étudiantes, les syndicats et tous ceux qui veulent résister à cette mortifère atonie à se rassembler devant leurs mairies, dans leurs universités, là où ils le peuvent, pour appeler à des efforts, des efforts et encore des efforts politiques, diplomatiques, humanitaires ou autres pour faire cesser cette tragédie.
Témoignons aussi par là d’un minimum de solidarité pour la population syrienne qui n’en peut plus. Montrons aussi à tous ceux qui, comme la Russie, jouent dans ce pays et sur le dos de la population à un jeu ô combien dangereux, que nous les considérons comptables des innocentes victimes de toutes les mortelles et probablement vaines démonstrations de puissances auxquelles ils se livrent dans la zone.
Tout n’a sûrement pas été tenté pour mettre un terme à cet ignoble conflit. En 1994, les autorités françaises nous disaient que, face à la tragédie bosniaque, il n’était pas possible de faire plus. En 1995, une volonté politique plus ferme montra que, non, mille fois non, il n’est jamais trop tard pour forcer la paix.
Aujourd’hui comme hier il est forcément possible, en Syrie, d’y arriver.
Aux citoyens ordinaires, en France, en Europe et partout où il y a des hommes de bonne volonté, de l’imposer.
Nous sommes tous responsables.
Les organisateurs de la mobilisation « Alep réagir » le 30 novembre à Nantes appellent à des rassemblements dans les villes de France le samedi 10 décembre 2016 à 15 h, alors que s'ouvrira la conférence de Paris sur la Syrie.
Nous appelons les villes ouvertes sur le monde et pour lesquelles les « valeurs universelles » ont encore un sens à désigner pour ce rassemblement un de leurs espaces emblématiques et à y afficher le slogan du mouvement : Alep, paix et liberté.
Qu’y convergent tous ceux qui ne peuvent se résigner à voir la population d’Alep endurer l’insupportable.
Que puissent s’y produire des musiciens célèbres ou anonymes qui pourront faire sortir un moment du silence Alep la torturée, et témoigner que les citoyens français n’ont pas perdu leur capacité d’indignation ni de mobilisation face à de tels drames.
Signataires :
Ulrich Huygevelde, Anne-Marie Giffo-Levasseur, Marie Lucas, Patrig Le Corre et Bernard Vrignon, simples citoyens révoltés par cette situation, initiateurs des mobilisations nantaises.
Informations et liens vers les pages facebook des événements : www.alep-reagir.org