Nous avons appris par voie de presse votre nouvelle venue sur le département de la Seine-Saint-Denis. Nouvelle venue car en l’espace de vingt jours vous vous êtes présenté à deux reprises sur notre territoire qui comme vous le savez est durement touché par la crise sanitaire que nous traversons.
Aux lendemains des annonces du Directeur général de la santé concernant l’impact du coronavirus sur les sequano-dionysiens et la croissance singulièrement élevée de décès sur notre département, nous avons réellement pensé que cette seconde visite était celle des annonces et des mesures fortes pour la Seine-Saint-Denis et ses habitants.
Nous avons vu les attroupements, nous avons vu votre aréopage mais nous attendons toujours les mesures.
Nous avons ouï-dire qu’en Seine-Saint-Denis le confinement serait moins respecté qu’ailleurs. Sachez Monsieur le président que le confinement est aussi bien respecté ici qu’ailleurs dans le pays. En revanche, nous sommes d’accord pour dire que notre département est bel et bien un territoire singulier et ce, à bien des égards.
Collectivité la plus peuplée d’Ile-de-France après Paris, plus de 27% de la population de la Seine-Saint-Denis vit sous le seuil de pauvreté c’est à dire avec moins de 1026 euros par mois. Ce qui fait de notre territoire le département le plus pauvre de France métropolitaine.
Les actifs du territoire occupent pour la majorité des postes d’employé ou d’ouvrier (56%). Le taux de chômage sur le département est de 18% et 28% des 18/24 ans sont ici sans emploi ni formation.
Dans ces circonstances Monsieur le Président, il n’est pas étonnant de constater que plus de 70% des emplois hautement qualifiés sur le département soient occupés par des non-résidents.
Sachez aussi Monsieur le président qu’ici, 32% des ménages sont locataires dans le parc social. Autant vous dire, sans même effleurer l’idée d’être un jour propriétaire, que la notion de parcours résidentiel n’est pour nous qu’une chimère. Bon nombre d’entre nous est assigné à résidence et nous savons qu’il nous sera difficile de nous extraire de ces conditions de vie dont nous ne voulons plus.
Conformément au principe constitutionnel d’égalité entre les territoires, vous conviendrez Monsieur le président que la Seine-Saint-Denis est en droit d’attendre des mesures de rattrapage en matière d’éducation, de logement, d’emploi…
Mais dans la situation si singulière que nous vivons, nous souhaitons particulièrement attirer votre attention sur les réalités sanitaires de notre département. La Seine-Saint-Denis osons le dire, est un désert médical. Ici, la densité de médecins généralistes est inférieure de 20% à la densité nationale. La collectivité enregistre la plus faible densité d’infirmiers libéraux et la population pour des raisons pécuniaires, par hypocondrie ou par résistance au mal pratique l’évitement des soins.
Paradoxalement, ces populations en grande difficulté sont les mêmes qui en ces temps de crise et de confinement sont en première ligne pour soigner ou pour fournir au pays les biens et les services dont nous avons tous besoin.
Occupants des métiers peu éligibles au télétravail, ils/elles sont caissiers, livreurs, ambulanciers, infirmiers … Ils prennent les transports chaque jour par conviction et pour aider.
Oui Monsieur le président, en Seine-Saint-Denis plus qu’ailleurs la solidarité est inscrite dans l’ADN des habitants et pour cause, il y a bien longtemps que l’État et ses services ont déserté le terrain nous laissant livrés à nous-mêmes. Ce qui au départ était un mode d’organisation par dépit s’est progressivement mué en un véritable mode de vie comblant encore trop souvent les carences de l’État et des services publics.
Engagés les uns aux cotés des autres, les uns pour les autres, nous en avions presque oublié que l’égalité entre les collectivités territoriales est un principe constitutionnel et que ce principe est bafoué sur notre territoire depuis des décennies.
Monsieur le président, nous avons attendu, nous avons espéré des engagements forts de votre part mais en vain, alors Monsieur le président, nous réclamons aujourd’hui nos droits.
Conformément au principe d’égalité des territoires, nous demandons à ce que le département de la Seine-Saint-Denis bénéficie d’urgence des mesures de rattrapage en matière d’éducation, de logement, d’emploi et surtout de santé qui auraient dû nous être octroyées depuis de nombreuses années déjà.
Aussi, nous serons très attentifs à votre allocution prévue le lundi 13 avril prochain.
Les Signataires :
Bocar Niane, enseignant du secondaire en Seine-Saint-Denis
Mariam Cissé, adjointe au Maire de Clichy-sous-bois
Dina Deffairi-Saissac, co- secrétaire du groupe local Europe Ecologie les Verts de Saint-Ouen
Idriss Niang, président de l’association Agir Ensemble ( Drancy)
Sidonie Baignères cheffe de projet communication interne chez Generali
Frantz Saintaman, chef d'équipe Électricien chez Eiffage
Nathalie July, cheffe de service dans un musée parisien
Cécile Girard, fonctionnaire territoriale
Rachid Santaki auteur, fondateur de la dictée géante
Jonathan Mahoto, champion du monde de double Dutch
Valentina Schneider, enseignante
Faicale Bouricha, responsable associatif ( Clichy-sous-bois)
Dyenaa Diaw, styliste Peulh Vagabond
Koumba Nguette, infirmière à Aulnay-sous-bois
Sonia Djermouni, technicienne de laboratoire
Slimane Tirera, directeur de NewVo Radio
Youness Bourimech, chef d’entreprise en Seine-Saint-Denis
Sylvain Virlogeux, dirigeant de PME en Seine-Saint-Denis
Fouad Ben Ahmed, président du club des acteurs citoyens du 93
Laurence Lascary, productrice de cinéma et de télévision française
Driss Naïch, entrepreneur en Seine-Saint-Denis
Faïza Ihadjadene, éducatrice judiciaire (PJJ) et responsable associative en Seine-Saint-Denis
Fatim El Bouazzaoui, demandeur d’emploi
Shems Edin El khalfaoui, cadre territorial, vice président de l'association dessine moi pleyel
Mehdi Messai, juriste
Mohamed Diakité Kaba, directeur de maison de jeunes (Aubervilliers).
Ben Fraj Najia, enseignante du secondaire en Seine-Saint-Denis
Aly Dioura, citoyen engagé en Seine-Saint-Denis
Émilie Lemoine, demandeur d’emploi
Madjid Challal, conseiller municipal d’Epinay-sur-Seine
Anne Déo, co-secrétaire départementale Europe Ecologie-les-Verts
Sofienne Karroumi, Elu-Ville d’Aubervilliers
Bally Bagayoko, adjoint au maire de Saint-Denis
Aïda Gueye, coordinatrice de projets
Chayma Drira, doctorante
Fariza Traore, aide à domicile pour personnes âgées
Julie El magouri, conseillère bancaire
Sonia Zefizef, technicienne à Plaine Commune
Larbi Kaddouri, Coordinateur politiques éducatives.
Peggy Coulibaly, commerciale/livreuse
Florencia Giusti, enseignante
Salif Zongo Leccia, technicien du spectacle
Sebastien Schneider, étudiant en droit
Nour Chakhchouck, cadre contractuelle de la fonction publique