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Tribune 11 janvier 2018

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Les féministes peuvent-elles parler?

Réagissant à la tribune du Monde sur la « liberté d’importuner », plus de 200 féministes s'inquiètent de la délégitimation de la lutte contre le harcèlement. « À l'heure où des femmes de pouvoir dans les industries culturelles, la recherche et les nouvelles technologies américaines mettent leurs privilèges au service des femmes les plus précaires (...) une centaine de leurs homologues françaises choisissent de faire front contre la justice sociale. »

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Le 9 janvier 2018, à l’heure où Oprah Winfrey affirme aux États-Unis, lors des Golden Globes, « Nous avons tou•te•s vécu dans un monde brisé par des hommes puissants et brutaux… [...] Mais leur temps est révolu. Leur temps est révolu ! », au même moment, en France, une tribune publiée dans Le Monde par des femmes majoritairement blanches et bourgeoises (qui n’emploient pas l’écriture inclusive) vient au secours de ces hommes puissants, revendiquant leur “droit à importuner” les femmes. Elles nous informent que de toute façon « les accidents qui peuvent toucher le corps d’une femme n’atteignent pas nécessairement sa dignité ». Et que « le viol est un crime. Mais... ». Mais quoi ? « La drague insistante ou maladroite n’est pas un délit, ni la galanterie une agression machiste. »

Harvey Weinstein n’est pas, que nous sachions, un homme maladroit et timide, un peu gauche, incapable d’exprimer ses sentiments, placé dans un état de grande vulnérabilité face aux femmes et qui aurait alors fait quelques tentatives malencontreuses pour leur exprimer son désir. Mais, vraisemblablement, les rapports de pouvoir ainsi que les contextes politique, historique et économique qui les produisent n’intéressent pas les tenantes d’une « liberté d’importuner » qui se tiennent drapées dans le voile bien blanc de leur expérience toute personnelle.

Or, sous couvert d’alerter sur une confusion entre harcèlement, viol et séduction, leur texte la produit en fait directement. Le procédé avait déjà été mobilisé au moment de l’Affaire DSK pour dénoncer les dérives d’un puritanisme rampant qui voudrait abolir ce qui passait alors pour un « doux commerce des sexes ». Une telle inquiétude était déjà pour le moins préoccupante au sujet d’une accusation pour violence sexuelle. Elle est aujourd’hui d’autant plus alarmante qu’elle contribue à disqualifier la parole de millions de femmes de toutes origines sociales qui choisissent de témoigner après un silence trop long et partagent leurs expériences avec les outils dont elles disposent : les réseaux sociaux.  Ainsi, en se présentant comme un appel à la vigilance et une entreprise de libération morale, cette tribune ne concourt qu’à une chose : réaffirmer le pouvoir des dominants en sonnant un rappel à l’ordre conservateur.

De même, convoquer le spectre de la censure au moment où ce qui était tu s’énonce et s’explicite est une stratégie d’inversion de la violence : les victimes seraient donc, aux yeux des 100, les bourreaux.

Les signataires de la tribune du Monde ont-elles seulement lu ce qu’elles qualifient de campagne de « délation » ou encore, sans craindre l’excès, de « vague purificatoire » ? Ont-elles seulement pris la peine d’écouter ce que ces femmes ont vécu ? Dans tous les témoignages parus aux États-Unis, en France et ailleurs suite à l’affaire Weinstein, il est question de violence, de peur, d’effroi et de honte. Partout, ces femmes affirment ne pas confondre les rapports sexuels et la séduction consentis avec des gestes et des insultes subis.

De quel camp provient donc la confusion ? Elle agit sans doute davantage parmi celles qui croient voir dans le harcèlement une uniformisation de la « drague lourde ». Et on ne saurait imputer un tel contresens à de l’ignorance ou encore seulement à une méconnaissance de ces situations. Il y a là une volonté politique délibérée : nier la permanence des violences sexuelles et sexistes, surtout lorsque celles-ci sont le fait d’hommes de pouvoir et se perpétuent ainsi dans les milieux les plus privilégiés.

Disqualifier la légitimité de la lutte contre le harcèlement sous prétexte de vouloir sauver le plaisir d'un certain arrangement des sexes à la française consiste à sauver le confort d’un système protecteur des positions de pouvoir entre les sexes, où ces femmes ont une voix audible socialement et autorisée médiatiquement. À l'heure où des femmes de pouvoir dans les industries culturelles, la recherche et les nouvelles technologies américaines mettent leurs privilèges au service des femmes les plus précaires (travailleuses pauvres, femmes racisées, femmes en situation de handicap) en lançant la campagne "Time's Up", une centaine de leurs homologues françaises choisissent de faire front contre la justice sociale.

L’exception culturelle française n’est ici qu’un prétexte permettant de recycler l’accusation de « puritanisme », grand classique de l'anti-féminisme français dont le texte reprend tous les poncifs. Invention prétendument états-unienne, le féminisme partagerait l’un des travers principaux de cette société : son puritanisme et sa pudibonderie. Les féministes s’opposeraient alors aux hommes et à la liberté sexuelle comme des mères la vertu. Mais de quelle liberté sexuelle parle-t-on exactement ou plutôt au bénéfice de qui se fait-elle ? Qui jouit de l’impériosité du désir masculin ? Où s’expriment et se développent le désir et le plaisir des femmes ? À qui s’adresse toujours l’offense ? Qui est systématiquement importuné.e ?

À ces questions pas de réponses parmi les signataires de la tribune, si ce n’est dans un cadre hétéronormé et très codifié qui laisse finalement peu de place à l’invention et à l’inversion alors même que les autrices du texte se plaignent qu’on leur intime de parler « comme il faut ». Le puritanisme ne réside donc pas nécessairement là où on le croit...

Que le texte soit par ailleurs rédigé par des femmes procède aussi d'une stratégie bien connue : opposer aux féministes d'autres femmes qui, elles, ne céderaient pas à la victimisation.

On retrouve ici un geste argumentatif courant qui vise à disqualifier la revendication d’égalité en laissant entendre que celles et ceux qui la portent exagèrent, vont « trop loin » ou sont « des extrémistes ». Or ce mode de délégitimation classique des groupes minoritaires (qu’on retrouve notamment pour disqualifier les modes d’action des groupes racisés) sert principalement à détourner le regard des logiques d’inégalité qui structurent la société. Plutôt que de reconnaître que certains groupes sont l’objet de traitements inégalitaires, il fait porter le tort sur les personnes qui les subissent, les pointent, soulignent que cet état des choses est le produit d’une histoire et ouvrent ainsi la possibilité de remettre en cause le périmètre d’évidences sur lequel repose l’ordre politique et social.

Or, en témoignant sur les réseaux sociaux ces femmes ont au contraire fait un choix politique : précisément celui de sortir de l’état de victime silencieuse et isolée auquel elles étaient assignées jusqu’alors pour participer à un soulèvement collectif et international. Il y a délibérément dans toute critique d’un ordre établi un acte révolutionnaire et le caractère spontané des témoignages parus sur internet révèle aussi qu’il s’agit là d'un mouvement d'auto-défense.

On comprend dès lors que cette union des femmes passe pour si dangereuse qu’il faille la faire exploser, notamment en la dénigrant soit comme a-politique (il s’agit d’hystériques ou de pleurnicheuses) soit comme trop politique (elles mènent une guerre contre les hommes).  Cette méconnaissance radicale du projet féministe éclate très précisément ici. Les signataires de la tribune du Monde écrivent : « En tant que femmes, nous ne nous reconnaissons pas dans ce féminisme qui, au-delà de la dénonciation des abus de pouvoir, prend le visage d’une haine des hommes et de la sexualité. » Or, comme le rappelle la féministe noire bell hooks dans « Feminism is for Eveybody » (Le Féminisme est pour tout le monde) en 2000 : « Le féminisme est un mouvement qui vise à mettre fin au sexisme, à l'exploitation sexiste et à l'oppression. […] Cette définition [...] énonce très clairement que le mouvement n'est pas anti-mâle. Il est clair que le problème est le sexisme. »

L’appréciation du corps des femmes, sa mobilité dans l’espace public et son contrôle institutionnel sont la clef de voûte des mouvements conservateurs depuis des siècles. Encore aujourd’hui, la prétendue binarité "originelle" et "biologique" des sexes masculin et féminin est réaffirmée avec vigueur afin de reconduire un ordre de genre qui ne bouleverserait pas les acquis du patriarcat. Notre réponse est une ouverture à toutes les voix qu’on ne saurait résumer à une seule et aux points de vue qu’on ne saurait aplanir ni uniformiser. Nous avons voulu réagir en urgence à une rhétorique réactionnaire qui nous apparaît d’autant plus dangereuse et néfaste qu’elle se targue une fois de plus de liberté.

Ouvrons la voix !

Auteures :
Hourya Bentouhami, philosophe ;

Isabelle Cambourakis, éditrice ;

Aurélie Fillod-Chabaud, sociologue ;

Amandine Gay, réalisatrice ;

Mélanie Gourarier, anthropologue ;

Sarah Mazouz, sociologue ;

Émilie Notéris, auteure et théoricienne queer.

Signataires :
Cécile Chartrain, militante féministe et lesbienne

Nadia Yala Kisukidi, philosophe

Myriam Marzouki, metteuse en scène

Elisabeth Lebovici, critique d’art

Natasa Petresin Bachelez, curatrice indépendante

Zeynep Jouvenaux, programmatrice

Laura Huertas Millan, réalisatrice et artiste

Claire Jude-Fercak, auteure

Ingrid Therwath, journaliste

Isabelle Alfonsi, galeriste

Valérie Gérard, philosophe

Mylène Ferrand, chercheuse

Déborah Neuberg, créatrice de mode et membre de l'A.G. me too

Martina Avanza, sociologue

Éléonore Lépinard, politiste

Armelle Andro, démographe

Audrey Célestine, sociologue

Eva Husson, auteure-réalisatrice

Laura Quérol, auteure

Marie Laure Geoffray, politiste

Poussy Draama

Chloé Pathé, éditrice

Judith Bernard, metteure en scène, enseignante, journaliste

Laure Wolmark, psychologue

Pomme François-Ferron, étudiante

Val Grandgirard, étudiant.e en philo, militant.e queer

Fanny Durand, artiste plasticienne

Julie Maroh, autrice dessinatrice militante

Catherine Brunetti

Mélodie Nelson, autrice et chroniqueuse

Anne Montel, autrice BD et Illustratrice

Aurélie Neyret, autrice illustratrice

Laurence De Cock, historienne

Mallaury Bolanos, étudiante

Anne Verjus, Directrice de recherche au CNRS

Clémence Allezard, journaliste, militante LGBT

Julie Crenn, Curatrice

Jessica Hannoun, étudiante militante

Camille Franger, juriste

Virginie Greiner, scénariste de Bande Dessinée

Gabrielle Jousse

Charlotte de Bruges, blogueuse moche

Anaïs Clech, éducatrice spécialisée

Lucile Durand, assistante sociale

Bénédicte Mathieu

Marie Gloris Bardiaux-Vaïente, autrice et historienne

Laetitia Coryn, autrice BD et comédienne

Elena Moaty, artiste peintre

Laura Le Brasseur, activiste pour la convergence des luttes

Marie Labory, journaliste

Jeanne Sierra, ambulancière

Pauline Clochec, étudiante

Linda Trime, photographe et vidéaste

Valentine Pasche, autrice de Bande Dessinée

Rosa Deluxe, cuisinier·e, militante gouine féministe

Anne-Laure Pineau, journaliste

CLEF Mirail, Collectif Féministe des étudiantEs du Mirail

Mona Bismuth, éditrice

Mélodie Fournier, bijoutière

Aline Namessi, étudiante en psychologie clinique

Marion Cazaux, étudiante en histoire de l’art contemporain, militante féministe & queer

Céline Bouënnec, femme trangenre et infirmière

Farah Cherif Zahar, philosophe

Amélie Wallerant, militante

Anne Grand d’Esnon, étudiante en Lettres, militante féministe

Véronique Symon, militante droits des minorités

Eliz Murad chanteuse et bassiste du groupe Teleferik

Jeanne-A Debats, autrice, professeure

Emilie Hanak, musicienne

Alix Hugonnier, curatrice

Mathilde Hanse, écoutante

Joan Deas, politologue

Krystel Wanneau, doctorante, Université Libre de Bruxelles

Vanina Mozziconacci, philosophe

Isabelle Mornat

Léa Balage, co-secrétaire EELV Île-de-France

Élodie Petit, artiste et poète féministe

Claire Maugendre, autrice et scénariste

Chloé Devis, journaliste

Iris Brey, critique et universitaire

Ikram Douazi, orthophoniste et Queer

Ines Slim, mouvement #metoo

Léa Lootgieter, journaliste

Barbara Legault

Sabrina Mezouar, assistante sociale

Louise Virole, doctorante en sociologie

Pauline Delage, sociologue

Judith Silberfeld

Céline le gouail, artiste, militante queerféministe

Gwen Fauchois, activiste et blogueuse

Michela Frigolini

Viviane De Deuxef, féministe

Muriel Denèfle, doctorante

Clémence Bonnet, brodeuse militant

Laura Lina Vincent

Anne Morvan, professeure de philosophie

Ariane Jousse, professeure de Lettres, écrivain

Emmanuelle Charvet

Mael Le Bars,militant-e queer,  prof

Emilie Hallard, photographe et éditrice

Amélie Julliot-Ducouret, Enseignante

Louna Pantoponne, militante queer féministe

Nathalie Aynié, écrivain

Floriane Borel, militante féministe

Alexandra Picheta, étudiante en genre, militante féministe et queer

Nina Col

Nadia Moulay

Juliette Ilher Meyer, journaliste

Sarah Ilher Meyer, curatrice

Delphine Leres, auto-entrepreneure artisane bijoutière, militante convergence des luttes

Carole Maurel, autrice de Bande Dessinée

Anna Faou, fraichement diplômée en étude de genre.

Léa Cousin, étudiante, militante féministe et queer. Laurence Mamin, éducatrice spécialisée

Tiphaine Jézéquel, Mathématicienne

Maïc Batmane, artiste dessinatrice et féministe

le collectif anonyme , collectif anarchofeministe

Rose Ndengue, afroféministe, doctorante en histoire

Rose Butch, artiste

Cathou Wallemacq, grosse, queer, féministe

Amarantha Bourgeois

Lucie Rondou, journaliste

Muriel Douru, autrice et illustratrice

Yasmina Tobbeche, enseignante

Géraldine Franck, militante égalitariste

Nina Capmas, étudiante féministe

Anick-Marie Bouchard, blogueuse et autrice

Christine Webster Compositrice, chercheure co-fondatrice de Polyphones

Barbara Elbène, travailleuse du sexe

Emilie Jouvet, réalisatrice Carole “Nephyla” Thivolle, autrice de bandes-dessinées

Anaïs Bohuon, Maîtresse de conférences  HDR Université Paris Sud

Viviane Pougaud

Gaëlle Decombes, militante queer et présidente de l’association OUT’rageantEs

Sam Bourcier

Stéphanie Resche, avocate

Frédérique Clémençon, enseignante et écrivaine

Marianne Niosi, militante féministe

Livia Verton, féministe antiraciste panafricaniste

Hoder, TPG féministe

Marie-Ange Rousseau, illustratrice et autrice BD

Déborah Ribot

Delphine Lacombe, sociologue, chargée de recherche CNRS

Sonia Eguavoen, sage femme

Charlotte Bousquet, autrice et scénariste

Yara Jamali Elo, journaliste

Noémie Sauvage, attachée de presse

Jeanne Puchol, autrice de Bande Dessinée

Marcia Burnier, assistante sociale

Mariane Bellanger, Fondation Maison des Sciences de l’Homme

Corinne Carnevali ,éducatrice spécialisée et formatrice

Emilienne Heddache, Conseillère Principale d'Éducation

Chloé Leboeuf, étudiante en psychologie, féministe & LGBTQI+ friendly

Leila H., activiste, créatrice de la page Check Tes Privileges

Karin Levitre, professeure de Lettres

Déborah Guy, doctorante

Juliette Lancel, historienne et photographe

Émilie Voisin, linguiste

Silyane Larcher, politiste

Anne-Cécile Caseau, doctorant.e

Mathilde Larrère, historienne

Marie Béjannin, cadre RH

Zahra Ali, militante féministe, Professeure assistante à Rutgers University-Newark

Sandrine Musso, anthropologue

Fatima Ali, artiste et militante féministe, Doctorante à Paris-Nanterre

Sam Szymanski, graphiste-illustratrice

Sylvia Besseas,  étudiante

Rim Jamali

Noomi B. Grüsig, traductrice et éditrice

Sophie Frammery

Caroline Izoret-About, secrétaire de rédaction

Vanessa Caru, historienne

Lila Clairence, autrice et metteure en scène

Carmen Pedocchri-Ferrer, étudiante

Camille Foubert

Christelle Da Cruz, assistante sociale et auteur

Perrine Clabaux, communicante

Nadia Kaici

Aurélie Barbier, urbaniste

Anna Euvrard

Collectif féministe Gras Politique

Fanny Lopez, historienne, chercheuse

Sabrina Melenotte, anthropologue

Audrey Royer

Vikken, activiste trans

Flore Guiffault

Ilana Eloit, doctorante en études de genre

Delphine Rieu, autrice et éditrice

Tatiana Todeschini, illustratrice et militante féministe

Giulia Tognon

Geneviève C. Ferron , chorégraphe, Montréal, Qc, Canada

Valérie Caillon-Gervier, artiste

Sarah Lévénès

Norah Benarrosh-Orsoni, anthropologue, Ehess

Hélène BOLAMOH, militante afroféministe

Marie Moinard, Autrice et Éditrice féministe

Audrey Racine, journaliste

Clémence Moreau, psychologue féministe

Anne Plaignaud, philosophe

Laure Vericel, militante féministe

Sarra Majdoub

Monique Maitte, Collectif SDF Alsace - Femmes sans-abri

Laure Salmona, militante féministe

Lallab, association féministe et antiraciste.

Ndella Paye

Anaïs Bourdet, fondatrice de Paye ta shnek

Maeril, illustratrice & activiste

Ynaée Benaben, fondatrice d’En Avant Toutes et responsable des programmes

Louise Delavier, responsables des programmes d’En Avant Toute(s)

Cornelia Schneider, travailleuse sexuelle