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Tribune 13 octobre 2023

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Glyphosate : « M. Macron, vivre dans un environnement sain est un droit fondamental »

« La voix d’une mère de famille, Sabine Grataloup, qui depuis des années s’élevait contre le poids écrasant des industriels de l’agrochimie, se fait enfin entendre. Elle se battait pour son fils, Théo, atteint par de graves malformations depuis sa naissance. La raison ? Elle a été exposée au glyphosate pendant sa grossesse. » Pour un ensemble d'élu·es et personnalités, les mesures nécessaires pour protéger la population contre les dangers du glyphosate doivent être prises. « La France doit porter ce message sans trembler. »

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Monsieur le Président,

Aujourd’hui, la voix d’une mère de famille, Sabine Grataloup, qui depuis des années s’élevait contre le poids écrasant des industriels de l’agrochimie, se fait enfin entendre. Elle se battait pour son fils, Théo. Ce dernier est atteint par de graves malformations depuis sa naissance. La raison ? Sa mère, Sabine Grataloup, a été exposée au glyphosate pendant sa grossesse. Ce lien de causalité ne fait plus de doute pour le FIVP (Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides), créé en 2020 par la loi de financement de la sécurité sociale. Cette reconnaissance ouvre d’une part le droit à une indemnisation financière pour Théo, et par la même occasion, scelle définitivement le caractère toxique du glyphosate.

Sabine Grataloup rend ce verdict public à un moment particulier, car la France s’apprête à s’exprimer sur le projet de réautorisation du glyphosate lors d’un vote crucial qui aura lieu vendredi 13 octobre à l’échelle européenne. Contrairement au scrutin de 2017, l’équilibre des votes a changé suite à la décision de l’Allemagne de s’opposer à la reconduction sur le marché de l’herbicide, contrairement à ses votes précédents. La voix de la France sera déterminant et fera donc la bascule pour ouvrir la possibilité d’une Europe sans glyphosate.

Au début de votre premier mandat, vous aviez promis que le glyphosate serait interdit en France "au plus tard dans trois ans". C'était un engagement fort et louable mais qui n’a pas été tenu, selon vous car « Il faut agir sur ces sujets au niveau européen ».

Ce nouveau vote à l’échelle européenne qui interviendra dans quelques jours, est le moment pour mettre en cohérence vos promesses et vos actes.

Monsieur le Président, nous vous demandons de faire preuve de courage et de détermination en portant la voix de la France. La voix de Théo et Sabine Grataloup. La voix de toutes les victimes du glyphosate. Pour toutes ces vies empêchées ou fauchées, une seule position est acceptable : l’interdiction totale du glyphosate, pour mettre un terme à ce poison sanitaire et écologique.

Pas dans dix ans, pas dans cinq ans. Maintenant. Sans aucune dérogation.

Depuis quelques semaines, les déclarations issues des rangs du Gouvernement sèment le trouble et suscitent des inquiétudes chez nombre de citoyens et de scientifiques. A titre d’exemple, Sarah El Haïry, secrétaire d’Etat chargée de la biodiversité, revendiquait « 30% de baisse en France depuis 2017 », et de compléter « C’est bien cette position là que nous allons défendre. »

Cette simple baisse n’est pas satisfaisante. Combien de vies, à l’instar de Théo et de bien d’autres, devront être touchées avant que nous ne prenions les concrètes et nécessaires mesures pour protéger notre population contre les dangers du glyphosate ?

Nous comptons sur votre détermination et sur la tenue de votre engagement en faveur de la santé de nos concitoyens et de la protection du vivant.

Le temps des petits pas est révolu. Vivre dans un environnement sain est un droit fondamental. La France doit porter ce message sans trembler.

Signataires : 

Nicolas Thierry, député de Gironde

Yves Bertheau, Directeur de recherche INRA honoraire au Muséeum National d’Histoire Naturelle

Yann-Arthus Bertrand, photographe, réalisateur et militant écologiste 

Camille Buffeteau, Chargée de mobilisation Office Français de la Biodiversité

Frah Charon, chanteur de Shaka Ponk

François Chiron, enseignant-chercheur en écologie à l'Université Paris-Saclay

Marine Didier, Chargée de mission sciences participatives Outre-Mer, Muséeum National d’Histoire Naturelle

Cyril Dion, poète et réalisateur

Camille Étienne, activiste

Benoît Fontaine, Biologiste de la conservation au Centre d’Ecologie et des Sciences de la Conservation (CESCO), au Muséum National d’Histoire Naturelle

Fanny Guillet, sociologue au Centre d’écologie et des sciences de la conservation au  Muséum National d’Histoire Naturelle

Clément Jourdan, Chargé de mission "zones fonctionnelles des oiseaux marins et côtiers", Muséeum National d’Histoire Naturelle

Lucie Lucas, comédienne 

Nathalie Machon, Directrice de l'Ecole Doctorale, Professeure en écologie végétale au Muséeum National d’Histoire Naturelle

Nicolas Meyrieux, comédien et agriculteur

Jean Baptiste Mihoub, Maître de conférences en écologie, Sorbonne université, Responsable du master Biodiversité Ecologie Evolution

Andreas Ravache - Post doctorant au CNRS