Enfin créer du neuf.
Depuis plusieurs jours, notamment depuis la publication d’une tribune d’intellectuels et d’économistes dans le quotidien Libération, les appels à une primaire à gauche avant 2017 ne cessent de se multiplier.
Alors que certains ferment d’ores et déjà la porte, je dis : pourquoi pas ?
Qu’avons-nous à perdre ? En réalité pas grand-chose tant l’idée même de gauche telle que nous la concevons est abimée par le virage libéral assumé tout au long du quinquennat d’Hollande.
Jamais nous n’aurions imagé que des débats, qui abiment nos valeurs fondatrices, comme celui relatif à la déchéance de nationalité soient portés par un gouvernement de gauche.
Il devient urgent de s’interroger de façon collective sur les moyens d’enrichir et d’approfondir la démocratie. Cette primaire, aussi imparfaite soit-elle, peut permettre cela.
Au lendemain des élections régionales, nous avions dit « il faut tout changer, tout revoir de fond en comble, il y a urgence ! ». Cette primaire est une occasion unique de débattre, d’échanger pour de nouvelles solutions porteuses d’espoir. Ne pas la saisir serait une erreur fatale pour l’ensemble de la gauche.
A l’heure où le système politique actuel est à bout de souffle, saisissons-nous de cette primaire pour affirmer nos valeurs de gauche et montrer combien la ligne Valls-Hollande n’est pas majoritaire à gauche.
Bien sûr, pour redonner un souffle neuf, cette primaire doit permettre de dépasser le cadre des partis traditionnels. On ne doit pas parler de casting, mais de débat. Faire passer le fond avant les égos des uns et des autres. Un impératif : repenser et réhabiliter le rôle des organisations de la société civile dans le fonctionnement de la construction démocratique. Associations, syndicats, collectifs en tout genre, citoyens… Tous doivent prendre part à ce processus de construction d’un socle commun des valeurs réelles de la gauche.
Mais entendons-nous bien sur un point, cette primaire ne doit pas conduire à présenter Hollande ou tout autre candidat qui porterait la même orientation politique.
Cette primaire, qui peut être un formidable terrain pour la gauche, répond à un autre impératif. Allons-nous laisser la primauté du débat politique à la droite et l’extrême ? Ce n'est souhaitable pour personne, notamment pour celles et ceux qui souffrent des politiques actuelles.
Cette primaire est une chose qui va dans la bonne direction. Bien sûr, elle n’est pas la panacée, et inévitablement se reposera la question des instituions de la 5ème république. Mais cette primaire peut être un moment historique. A savoir, déverrouiller le système politique et recréer de l’espoir. Cela serait déjà énorme.
Ne soyons pas frileux et permettons, par cette primaire, à des millions de citoyennes et citoyens de se réapproprier le débat politique. Le danger de voir disparaitre l’idée que nous nous faisons de la gauche est grand. Cassons le cadre pour créer de l’espérance.
Alors, oui, pourquoi pas cette primaire.