Ces derniers jours, la montée des groupes d’extrême droite et la banalisation de leurs idées ont été accompagnées d’attaques directes contre nos droits reproductifs. Le 20 mai 2023, une tribune publiée dans Le Monde dénonçait les attaques subies ces dernières semaines par le planning familial. Entre intimidations, dégradation des locaux, campagnes de diffamation et de harcèlement, appels à couper les subventions, il y a de quoi s'inquiéter pour l’avenir de ce mouvement ayant joué un rôle essentiel dans l’accès aux droits reproductifs en France. Les attaques subies viennent autant de groupes anti-avortement que d’opposant·es aux droits des personnes trans, que le planning défend. Plus récemment, dans la nuit du 24 au 25 mai 2023, un groupuscule collait des autocollants sur les vélibs parisiens, où l’on pouvait lire : « Et si vous l’aviez laissé vivre ? ». Une campagne de propagande anti avortement visible en plein Paris, sur des vélos en libre service, et visant à rendre l’accès à l’IVG immoral, celle-ci étant directement assimilé à un meurtre. Des comparaisons loin d’être nouvelles, si l’on tient compte de la popularisation du terme « féminazie » depuis les années 1970, employé par des conservateurs comparant les avortements à un génocide.
En parallèle de ces différentes campagnes s’attaquant à nos droits reproductifs, la France a dû faire face, au mois d’avril, à une pénurie de pilules abortives, employées pour réaliser les IVG médicamenteuses. Cette situation critique, mettant en péril l’accès à l’IVG sur un territoire où celle-ci est pourtant légale, peut se renouveler à l’avenir. Elle implique de remettre collectivement sur la table le sujet du monopole de la production de ces pilules. En France, seul le laboratoire Nordic Pharma produit ces pilules. Pour faire face à la pénurie, des pilules abortives ont été importées d’Italie.
En février, en plein mouvement social contre la réforme des retraites, le Rassemblement National a décidé d’instrumentaliser celui-ci en faisant part de sa volonté de relancer la natalité comme solution à la situation des retraites. Une politique nataliste qui n’est pas sans rappeler les origines sombres du parti. Début février, le député RN Sébastien Chenu affirmait à France Inter : « Moi, je préfère qu'on fabrique des travailleurs français plutôt qu'on les importe. » Une déclaration xénophobe, sexiste et productiviste qui rend on ne peut plus claire la vision du député sur nos utérus : des machines à fabriquer les travailleurs exploités de demain et un outil pour défendre ses positions anti-immigration. Ces déclarations et ces projets de loi sont à mettre en parallèle avec la situation que traversent actuellement les femmes à Mayotte. Début avril, nous apprenions que des stérilisations étaient proposées aux jeunes femmes se présentant à l’hôpital, au sein du 101e département français. Des méthodes qui ne sont rien d’autre que le continuum des stérilisations forcées pratiquées par différents Etats sur des femmes racisées à travers l’Histoire, comme la France sur les femmes réunionnaises, les Etats-Unis sur les femmes portoricaines ou encore l’Allemagne nazie sur les femmes juives et roms, pour ne citer que quelques exemples. Des mesures systématiquement accompagnées de l’interdiction à l’IVG ou de l’entrave à son accès.
La menace pesant sur nos droits reproductifs est une affaire qui devrait alerter la société française dans sa globalité, en ce sens où elle témoigne de la montée des idées réactionnaires. Les attaques à nos droits ne sont pas le simple fait du patriarcat, car celles-ci impliquent aussi un projet politique suprémaciste allant à l’encontre des droits des travailleur·ses.
Pour la défense de nos droits, et contre l’extrême droite, il est nécessaire, plus que jamais, de construire un front féministe, antiraciste et antifasciste. Nous appelons à un rassemblement Mercredi 14 juin à 18h, place Vauban.
Signataires :
Assemblée Féministe Paris-Banlieues
ATTAC
Aurore Koechlin, chercheuse et autrice féministe
Azélie Fayolle, chercheuse ULB
Blanche Sabbah, autrice de BD - militante féministe
Camille Etienne, militante écologiste
Camille Lextray, militante féministe
Camille et Justine
Christine Poupin, porte-parole du NPA
Collectif Féministes révolutionnaires
Eric Fassin, sociologue, Université Paris 8
Elvire Duvelle-Charles, co-fondatrice de Clit Révolution
Irene, militante et autrice féministe
Illana Weizman, essayiste et militante
Jeune Garde Paris
Judith Duportail, autrice
Laura Berlingo, gynécologue obstétricienne
Léa Chamboncel, fondatrice de Popol Media et autrice
Léane Alestra, autrice féministe
Louisadonna, artiste et psychologue auprès des victimes de violences
Louise Morel, autrice
Lucie Barette, enseignante-chercheuse, autrice et militante féministe
Mahaut, comédienne
Marche féministe antiraciste
Marie Coquille Chambel, militante et doctorante féministe
Marion Clément, autrice et poètesse
Martine Delvaux, écrivaine
Mathilde Caillard, activiste écologiste
Morgane ortin, autrice
Mouvement des mères isolées
Nous Toutes, coordination nationale
Nous Toutes Paris Nord
Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA)
La relève féministe
Sabrina Erin Gin, autrice et activiste
Tal Madesta, journaliste et auteur
Union Communiste Libertaire
Le Planning Familial
Le Planning Familial 75
Du pain et des roses
Vivi, militante pour une écologie intersectionnelle