Nous sommes avant tout des parents. Des mères et des pères qui avons vu nos enfants souffrir comme nul ne devrait jamais avoir à le vivre. Certains sont encore en rémission. D’autres nous ont quittés trop tôt, laissant un vide immense. Nos enfants ont été lentement empoisonnés. Exposés dès la vie in utero à des substances invisibles, puis tout au long de leur croissance, par l’air qu’ils respirent, l’eau qu’ils boivent, la nourriture qu’ils consomment, la terre où ils jouent.
Les cancers pédiatriques ne sont qu’une partie du drame : malformations congénitales, troubles du développement, perturbations endocriniennes, maladies chroniques… Les liens entre l’exposition aux pesticides — notamment pendant la grossesse — et ces pathologies sont aujourd’hui solidement établis par la science.
Mais ce fléau ne touche pas que nos enfants. Il concerne toute la population, impactant bien sûr aussi les agriculteurs, les maraichers, les fleuristes... Ces professionnels, souvent les plus exposés car en contact direct, développent eux aussi des pathologies graves liées aux pesticides.
Ni leur santé ni celle de nos enfants ne sont véritablement prises en compte dans les décisions politiques.
Nous ne pouvons plus accepter que cela devienne la norme. Ce système qui autorise encore des substances dangereuses, ignore les effets cocktails, écarte les alertes sanitaires, et piétine le principe de précaution, au détriment de la santé de tous.

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Quelle société peut tolérer que son Gouvernement tourne le dos à la santé publique, fragilise la protection des plus vulnérables — les enfants à naître, les nourrissons, les jeunes — et s’appuie sur les revendications de certains lobbys plutôt que sur l’avis des scientifiques, des soignants ou de sa population ?
La loi Duplomb est bien là. Érigée en priorité gouvernementale, elle incarne une régression sanitaire majeure. Elle prévoit notamment de réautoriser l’acétamipride, un pesticide néonicotinoïde dangereux pour le développement cérébral des enfants et destructeur de biodiversité. Elle menace également l’indépendance de l’ANSES, l’agence chargée d’évaluer les risques sanitaires, en la soumettant à des pressions politiques et économiques. Cette perspective est pour nous inacceptable.
Dans un contexte où la contamination aux pesticides est massive et bien documentée, alors que les alertes scientifiques se multiplient, que les pratiques agricoles alternatives sont robustes, cette loi est résolument intolérable. Nous sommes quatre parents unis par l’épreuve, porte-voix de toutes les familles touchées :
• Franck Rinchet-Girollet, papa d’Eliott en rémission d’un cancer, porte-parole de l’association Avenir Santé Environnement, lanceur d’alerte sur les pollutions environnementales ;
• Sabine Grataloup, dont le fils Théo est né avec de lourdes malformations après une exposition prénatale au glyphosate, lanceuse d’alerte, en procès contre Monsanto ;
• Marie Thibaud, maman d’Alban en rémission d’un cancer, lanceuse d’alerte, fondatrice du collectif Stop aux cancers de nos enfants et de l’Institut Citoyen de Recherche et de Prévention en Santé Environnementale ;
• Laure Marivain, maman d’Emmy, décédée à 11 ans d’un cancer suite à une exposition in utero aux pesticides en lien avec la profession de sa maman, lanceuse d’alerte auprès des fleuristes et de toute l’interprofession ( grossistes, maraichers, horticulteurs, paysagistes..)
Nous ne sommes pas seuls. Derrière nos voix, il y a des milliers d’autres parents, tout aussi bouleversés, tout aussi déterminés.
À vous, citoyennes et citoyens, parents, professionnels de santé, chercheurs, élus locaux, enseignants, agriculteurs : nous vous lançons un appel.
Refusez que la santé soit sacrifiée à la productivité. Refusez que la politique tourne le dos au vivant et à l’avenir de nos enfants.
Informez-vous. Interpellez vos parlementaires. Faites entendre votre voix. Ne laissez pas l’empoisonnement continuer dans un silence assourdissant.
À vous, Députés et Sénateurs : vous tenez entre vos mains une part de la santé des générations futures. Peut-être êtes-vous, vous aussi, parents, grands-parents, proches d’enfants que vous aimez. Aucun territoire, aucun foyer, aucune famille n’est à l’abri.
Le vote que vous ferez le 30 juin laissera une trace. Il aura des conséquences durables, peut-être irréversibles. Et vous serez observés. Observés par des milliers de citoyennes et de citoyens qui, eux, ont choisi de lutter pour la santé.
Nous ne sommes pas des chiffres ni des statistiques.
Nous sommes des familles endeuillées ou en lutte.
Et nous vous lançons un cri d’alerte, du fond du cœur :
L’urgence sanitaire exige que la lutte contre les toxiques devienne une priorité nationale.
Ne laissez pas la loi Duplomb être adoptée. Il est encore temps de réagir !
La santé de nos enfants — de vos enfants — n’est pas négociable.
Leur vie vaut infiniment plus que des profits.