Lettre ouverte - Que ce soit en montagne ou en plaine, en terres arides ou en zones humides bocagées, en Savoie ou en Loire-Atlantique, quelle que soit la production, de tout temps le métier de paysan.ne a été une affaire collective. L’agriculture, même celle que vous qualifiez de « conventionnelle » n’a pu exister et se développer que grâce à l’entraide et à la solidarité. Ces valeurs se sont exprimées dans des formes concrètes d’action : entraide simple entre voisins, coopérative d’utilisation du matériel (CUMA), coopérative de producteurs, ou encore formes juridiques pour acter la solidarité familiale (GAEC, SCAEC, etc.)
Il est donc évident que permettre cette construction collective à NDDL est une solution sage et durable. Elle est la seule à même de permettre à tous les habitants/exploitants de trouver une place sur ce territoire qui n’a plus d’autre vocation aujourd’hui.
Il faut donc laisser du temps aux parties prenantes pour discuter sereinement de cet avenir. Cela ne peut être réduit à un ultimatum d’une semaine, sous pression policière constante sur le terrain. Les collectifs engagés depuis plusieurs années sur place sont des interlocuteurs sérieux et responsables. Il n’en demeure pas moins que devant l’ampleur de la tache en terme juridique notamment concernant le statut du foncier, ou plutôt des unités foncières (elles n’ont pas toutes le même statut juridique) plusieurs semaines de travail seront nécessaires.
Ce temps doit permettre cette construction collective à NDDL, sous des formes existantes ou innovantes. Aujourd'hui l'activité conventionnelle et solitaire produit de la misère. La majorité des agriculteurs ne parviennent pas à dégager des revenus décents de leur travail. Ce modèle dont les limites et les impasses se révèlent chaque jour de façon plus claire produit aussi de l'isolement social, allant parfois jusqu’au suicide. Les prémices du modèle d’agriculture d’avenir, écologique, locale et inventive, expérimentées ici, ont commencé à apporter la preuve de leur capacité à répondre à ces enjeux.
Députés France Insoumise, nous en appelons au nom de notre groupe parlementaire aux ministres directement concernés : ils doivent s’engager rapidement avec leur gouvernement pour permettre de desserrer le carcan autoritaire qui pèse sur les habitants de NDDL et leurs collectifs et rendre ainsi possible une issue pacifiée, intelligente, humainement et écologiquement soutenable.
Loïc Prud’homme; Mathilde Panot
Député·e·s France insoumise