Lettre ouverte adressée à l’opinion publique internationale en soutien au soulèvement populaire au Liban contre la corruption croissante et les abus de pouvoirs répétés des dirigeants actuels. Ce mouvement contestataire occupe sans relâche les rues depuis plus d’un mois, en réponse à l’escroquerie des membres de la classe politique, pour certains au pouvoir depuis 30 ans, et à leur irresponsabilité vis à vis de la crise économique. Crise économique dont les retombées insupportables infligées aux citoyens a fini par déclencher la révolte.
Après 12 jours de contestations, le 29 octobre 2019, le premier ministre a annoncé la démission de son gouvernement, ce qui n’a pas pour autant mis fin au soulèvement populaire, dont les revendications sont claires : la départ de toute la classe politique - « killon yaani killon ! », « Tous, c’est à dire tous ! » -, et la constitution d’un gouvernement provisoire composé de ministres indépendants des partis et en charge d’organiser des élections législatives.
Bien loin d’entamer la procédure qui aboutirait à la formation d’un gouvernement transitoire capable de gérer la crise, la classe dirigeante tente de profiter de l’instabilité de la situation pour organiser une session parlementaire, le mardi 19 novembre, afin d’adopter une série de lois dont une loi d’amnistie générale dans le pays pour des crimes, notamment, d’abus de pouvoir, d’abus de fonctions, d’abus de biens sociaux, de négligence et de crimes environnementaux.
Nous soulignons le caractère anticonstitutionnel d’un tel agissement selon l’article 69, paragraphe 3 de la Constitution : « Lorsque le Gouvernement démissionne ou est considéré comme démissionnaire, la Chambre des députés devient de plein droit en session extraordinaire jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement et l’obtention de la confiance ». Ce qui signifie que la Chambre des députés n’est actuellement pas en droit de voter quelconque loi, si ce n’est en premier lieu pour accorder la confiance au nouveau gouvernement et en second lieu pour voter le budget, absolue priorité dans le cadre de la gestion immédiate de la crise politique et financière.
Une loi similaire avait été votée en 1991 à l’issue de la guerre civile libanaise afin de laver de leurs crimes de sang les seigneurs de la guerre, encore en poste aujourd’hui. L’histoire se répète : la classe politique libanaise entend s’auto-gracier et se soustraire aux revendications du peuple qui portent à l’inverse sur le contrôle des capitaux, l’indépendance du judiciaire, la condamnation de l'enrichissement injustifié, la réforme des organismes de contrôle tels que l’inspection générale des finances et de l’administration, etc.
Nous, citoyens libanais de la diaspora, secondés par nos familles et nos proches, appelons fermement à l’annulation de cette session parlementaire anticonstitutionnelle et réaffirmons notre soutien au soulèvement populaire qui anime le pays.
Fait à Marseille le 15 novembre 2019
Meghterbin Mejtemiin « Diaspora libanaise unie »
Premiers signataires :
Reem Abdallah, Marseille, France
Remi Abdallah, Marseille, France
Geoliane Arab, conseillère culturelle, Paris, France
Zeina Chamoun, Chercheure, Paris, France
Rabab Charafeddine, San Francisco, USA
Linda Chelala, Séoul, Corée du Sud
Lydia Chelala, Baltimore, Md, USA
Stéphanie Dadour, Maîtresse de conférences des Ensa, Paris, France
Assaf Dahdah, Universitaire, Montpellier, France
Ghina Daou, actrice/réalisatrice, Paris, France
Valérie Delague, directrice de recherche Inserm, Marseille
Julie Dergham, Marseille, France
Maïssa Falha, Marseille, France
Adrienne Gemayel, Gérante agence de communication, Lyon, France
Gino Gemayel, Chirurgien vasculaire, Genève, Suisse
Jessy Gemayel, Designer, Marseille, France
Joelle Gemayel, Client & distribution leader, Zurich, Suisse
Cynthia Ghobril, Chercheure, Paris, France
Georges Ghosn, retraité, Paris, France
Nada Ghosn, traductrice, Paris, France
Sylvie Ghosn, retraitée, Paris, France
Gabriel Haddad, Marseille, France
Christel Hage, traductrice, Paris, France
Grace el Hage, Claims Manager, London, UK
Nadine Hajjar, Designer Ébéniste, Montréal, Canada
Kinda Hassan, artiste indépendante, Paris, France
Sandra Iché, Artiste, Marseille, France
Gladys Joujou, Monteuse films, Paris, France
Dana Kahil Trometer, content creator, London, UK
Noémi Kahn, administration culturelle, Paris, France
Patrick Kaldawy, San Francisco, USA
Philippe Khouri-Raphaël, Analyste financier, Paris, France
Sherif Koyess, New York, USA
Ghassan Maasri, Artist, Marseille, France
Rafik Majzoub, peintre, Marseille, France
Meghterbin Mejtemiin « Diaspora libanaise unie », France
Meghterbin Mejtem3in, équipe de Paris, France
Randa Mirza, Artiste, Marseille, France
Nadim Mohsen, management consultant, Arabie Saoudite
Georges Naasan, Médecin, New York, USA
Nadine Naous, cinéaste, Paris, France
Thalia Rahme, Communication Specialist, Marseille, France
Cynthia Raphaël, Creative Director, Paris, France
Katia Saleh, Cinéaste, Marseille, France
Hélène Servel, journaliste, Marseille, France
Jihane Sfeir, Université libre de Bruxelles, Paris, France
Leen Shamlati, San Francisco, USA
Wahid el Solh, Squat deluxe Berlin, Berlin, Allemagne
Krystel Tabet, public policy consultant, Paris, France
Marc Tueni, ingénieur, Paris France
Marion Zahar, étudiante, Paris, France
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