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Tribune 22 février 2017

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Trois lettres pour Théo

Quelques jours après l'agression de Théo par quatre policiers à Aulnay-sous-Bois, 100 lycéens de trois classes de terminale d'un lycée de Mâcon ont voulu s'adresser à Théo, à Bruno Le Roux ministre de l'intérieur et aux partis politiques. Dans trois courtes lettres pleines, ils posent un regard sans concession.

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Lettre à Théo :

Cher Théo, ce n'est pas de ta faute, tu as été abusé.

Ils t'ont agressé très violemment, uniquement parce que tu es noir. Il n'est pas normal de nos jours d'avoir le droit d’interpeller au faciès.

Ils t'ont humilié volontairement parce que pour eux tu es un être inférieur. Il n'est pas normal de nos jours que des dépositaires de l'autorité soient racistes.

Ils t'ont violé parce que pour eux tu es un « sous-homme à maltraiter ».

Ils ont détruit ton intégrité parce que pour eux tu n'es pas un citoyen comme les autres.

Nous sommes pour une démocratie qui prône plus de transparence dans la police, qui exige une justice égalitaire et qui soit contre une « justice à deux vitesses ».

Nous sommes pour une démocratie qui se construise avec les jeunes quels que soient leur couleur de peau, leur religion, leur origine et leur sexualité.

Aux partis politiques :

Nous voulons que le droit ne soit jamais violé en France et que chacun soit jugé de la même manière peu importe sa profession, sa couleur de peau, ses origines et ses convictions.

Il ne faut pas qu’un policier lève la main sans raison sur un citoyen.

Il ne faut pas qu’un policier dans les banlieues intervienne au faciès.

Il ne faut pas qu’un policier abuse de sa force pour violer un citoyen.

Il ne faut pas qu’un policier au nom de son racisme et de son homophobie tienne des propos racistes et homophobes à l’encontre d’un citoyen de couleur.

Il faudrait construire une police démocratique qui respecte les citoyens et qui recherche la justice.

Au Ministre de l'Intérieur :

Nous ne voulons pas vivre dans un pays où un viol est considéré comme un accident.

Nous pensons que la police est censée nous défendre et qu'elle ne peut pas tout se permettre. Elle doit respecter les droits des individus à circuler librement dans l'espace public, elle ne peut toucher à l’intégrité physique des citoyens. Or, des policiers ont souillé la dignité d'un jeune français en l'agressant de manière barbare.

Nous pensons que l'insigne de la police est violé par cet acte inhumain. Il est honteux qu'un tel acte entache le rôle démocratique de la police.

Nous pensons que ces policiers sont racistes : Théo, la victime, a certifié qu'ils l'avaient traité de « bamboula ».

Nous pensons que ces actes sont homophobes car ce type de violence verbale et ce type de geste démontre une haine des homosexuels.

Cependant, nous sommes pour une police démocratique qui doit montrer l'exemple, pour assurer les droits de l'homme, pour faire respecter les lois tout en les respectant eux-mêmes : les policiers seront vraiment ainsi les gardiens de la paix.

En tant que français, nous pensons que nous sommes libres et égaux en droits et que nous avons le devoir de respecter nos frères.