L’égalité entre les femmes et les hommes n’est pas seulement un enjeu de justice, c’est aussi une nécessité démocratique. C’est parce nous en sommes conscientes que nous, femmes élues de Noisy-le-Sec, avons décidé lors de notre conseil municipal du 15 juin, de comparer le temps de parole des femmes et des hommes.

La conclusion est nette : les hommes monopolisent 79% du temps de parole, contre 21% pour les femmes. C’est presque autant que le taux d’occupation de l’espace central des cours de récréation par les garçons avec les filles en périphérie*. Et c’est encore le même pourcentage en ce qui concerne l’accès aux études scientifiques*.

Certes, il y a des éléments à prendre en compte : le maire est un homme, tout comme l'adjoint aux finances qui a présenté 11 délibérations.

Toutefois le constat reste probant :

Sur 3 heures et 51 minutes de débats, 15 hommes ont parlé pendant 3 heures et 3 minutes, alors que 11 femmes, seulement, se sont exprimées durant 47 minutes.

Si la parité au sein des assemblées est imposée par la loi, dans les faits, les inégalités de genre perdurent jusque dans nos instances délibératives.

Combien de temps encore devrons-nous supporter le comportement machiste des hommes et tout particulièrement des élus de l’opposition qui monopolisent la parole ?

Alors que ces groupes d’opposition ne respectent pas la parité, puisqu’ils comptent 7 hommes et 3 femmes, la répartition de leur temps de parole reste affligeante.

Nous décomptons 28 interventions masculines pour une durée totale de 1 heure et 6 minutes. Une seule femme est intervenue pour une durée totale de 9 minutes !

À ces chiffres, s’ajoute également la posture sans limite d’un élu d’opposition, seul de son groupe politique qui au cours de ses 20 interventions a cumulé 45 minutes de temps de parole, dont deux monologues de plus de 10 minutes. 

Combien de temps devrons-nous subir ses prises de parole égotiques et stériles, qui réduisent notre place à celle de simples spectatrices ?

Comment combattre le sexisme lorsqu’en guise de réponse à notre démarche progressiste, on nous déploie la carte du mansplaining en arguant que le maire n’a qu’à déléguer davantage à ses adjointes qui sont « muettes comme des carpes ! »

Plus grave encore, la comparaison à des poissons muets, relève d’une pensée classiquement sexiste qui nous dévalorise systématiquement en nous essentialisant, nous invisibilisant et nous animalisant.

La répartition genrée du temps de parole, initiée par notre majorité municipale, et que nous souhaitons inscrire dans le règlement du conseil municipal, nous convainc de son efficacité et nous encourage à continuer le combat.

Car oui, le chemin est encore long pour inscrire l’égalité dans la vie politique locale, comme en témoignent notamment les travaux du Haut Conseil pour l’égalité*.

Nous femmes élues, déterminées, engagées, nous ne sommes ni muettes, ni carpettes !

Signataires :

Anne Déo - 1ère adjointe - Ville de Noisy-le-Sec 
Serena Yahmi - Maire adjointe - Ville de Noisy-le-Sec
Julie Grunebaum - Maire adjointe - Ville de Noisy-le-Sec
Pascale Labbé - Maire adjointe - Ville de Noisy-le-Sec 
Samia Sehouane - Maire adjointe - Ville de Noisy-le-Sec
Wiam Berhouma - Maire adjointe - Ville de Noisy-le-Sec 
Samia Fettal - Maire adjointe - Ville de Noisy-le-Sec 
Fatoumata Bintou Camara - Conseillère municipale - Ville de Noisy-le-Sec 
Sandrine Louet - Conseillère municipale déléguée - Ville de Noisy-le-Sec 
Hakima Lounis - Conseillère municipale déléguée - Ville de Noisy-le-Sec 
Monique Gascoin - Conseillère municipale déléguée - Ville de Noisy-le-Sec 
Naima Mokri - Conseillère municipale - Ville de Noisy-le-Sec 
Dieyneba Sy - Conseillère municipale - Ville de Noisy-le-Sec 

Notes :

*Edith MARUJOULS Thèse parue en 2014 «  Mixité, égalité et genre dans les espaces de loisirs des jeunes. Pertinence d’un paradigme féministe ».
*Source INSEE 2021 :28,9 % des étudiants en formation d'ingénieurs et 31 % des étudiants en sciences fondamentales ! (Chiffres INSEE 2021).
*Rapport parité politique : la nécessité d’un acte II, le 14 décembre 2022 -haut Conseil à l’Egalité-