Cette adresse était encore soumise à ses signataires quand a été diffusée la contre-tribune de 600 artistes répondant à la tribune en défense de Gérard Depardieu initiée par des milieux d’extrême droite et publiée dans Le Figaro. Sans désaccord aucun avec ce texte (ouvert à la signature ici), les initiatrices et initiateurs de ce nouvel appel ont néanmoins souhaité le rendre public, car il complète et prolonge le précédent. Et ceci d’autant plus que les récentes enquêtes de presse ont confirmé les enjeux politiques de l’« affaire Depardieu », à tel point que nombre de signataires de la tribune du Figaro se rétractent, s’en désolidarisent ou confient leur embarras.

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Adresse au vieux monde
Nous nous permettons d’adresser ces quelques mots aux signataires du texte « N’effacez pas Gérard Depardieu », à leurs communicants, à celles et ceux qui écoutent leurs sirènes, et accessoirement au Président de la République française.
Personne ne veut effacer l’artiste. Mais le talent de Gérard Depardieu n’autorise pas l’indignité de ses comportements. Il n’est pas question de sa filmographie, le sujet est celui des violences sexistes et sexuelles dont il est l’auteur.
Plusieurs femmes ont eu le courage de témoigner, tant d’autres continuent de se taire, trop démolies ou parce qu’elles ont peur : cela n’a aucun rapport avec l’art. Il faut bien admettre qu’on peut être traversé par la grâce devant la caméra, et se conduire dans la vie en prédateur dangereux.
Les femmes qui témoignent du mal qu’il leur a fait, la société qui ouvre enfin ses yeux et ses oreilles, le public qui a besoin de vérité, tout cela ne relève pas du lynchage d’un homme, mais d’une urgence de changement pour le bien de toutes et tous. Ce n’est pas un crime de dénoncer ses agissements, la terrible faute est de faire ce qu’il a fait. Le déni creuse le sillon du mal et contribue à une société de l’impunité.
L’artiste est respecté par beaucoup, sa présomption d’innocence lui est juridiquement acquise. Si grand acteur soit-il, les images de lui en Corée sont incontestables, et les témoignages sont nombreux pour dire qu’il se permet ça souvent : il peut humilier, rabaisser, agresser des femmes, des « petites-mains » en général. Quant aux accusations de viol, elles seront jugées. Mais l’assurance de celles et ceux qui le défendent ne devrait pas faire écarter d’un revers de main les faits avancés par des femmes qui n’ont ni pouvoir ni influence.
Ses comportements délictueux s’ajoutent à d’autres faits choquants : son évasion fiscale, sa glorification de tyrans. Contrairement à ce qu’en dit le Président de la République, rien de tout cela ne contribue à « la fierté de la France » mais à sa honte. Voilà deux hommes, en situation d’abuser de leur pouvoir, qui s’entendent, au mépris de la sécurité des femmes et de la bienveillance envers les plus fragiles.
Les signataires de la tribune parlent de « La mort de l’art. La nôtre » ? Quelle emphase. Qu’en est-il des artistes qui se tiennent bien ? L’art n’en mourra pas si Gérard Depardieu reconnaît le mal qu’il a fait, et s’excuse. Au contraire, l’art gagnerait beaucoup à être plus humain, plus nourri d’authenticité. Et nous respirerons mieux dans une société où les femmes seront respectées et où les hommes auront moins souvent peur d’être associés à des mâles prédateurs.
On assiste en ce moment aux soubresauts du vieux monde réactionnaire qui se cabre pour exister encore, s’accrochant à ses privilèges et ses injustices, face au monde nouveau qui cherche à apparaître, pour une vie plus heureuse et plus équilibrée.
Vous pouvez signer cette adresse ici sur change.org . N’hésitez pas à partager ce texte.
Premiers signataires
Gilles Balbastre, réalisateur
Sylvie Ballul, conseillère littéraire
Claude Barras, réalisateur
Marilou Berry, comédienne
Manuel Blanc, acteur
David Bobée, metteur en scène et directeur du TDN
Carine Boyé, productrice
Isabelle Broué, cinéaste
Marcia Burnier, écrivaine
Marie-Armelle Deguy, actrice
Laure Calamy, comédienne
Camille Chandellier, productrice
Louise Chevillotte, comédienne
Christine Citti, comédienne
Laurence Cordier, actrice
Fanny Cottençon, actrice
Noémie Delattre, actrice et metteuse en scène
Jean-Xavier de Lestrade, producteur et réalisateur
Caroline Deruas, réalisatrice et scénariste
David Faure, comédien, scénariste, réalisateur
Léa Fazer, réalisatrice
Christian François, réalisateur et scénariste
Lena Garrel, comédienne
Michèle et Julie Gavras, productrice et réalisatrice
Tracy Gotoas, actrice
Anouk Grinberg, actrice
Pauline Gygax, productrice
Zita Hanrot, actrice
Annelise Hesme, comédienne
Clotilde Hesme, comédienne
Eva Ionesco, actrice et réalisatrice
Alma Jodorowsky, actrice
Max Karli, producteur
Sam Karmann, comédien
Yannick Kergoat, réalisateur
Marie Krémer, actrice
Balthazar Lab, directeur de la photographie
La Bajon, comédienne
Ariane Labed, actrice et réalisatrice
Marie Lemarchand, comédienne
Alice de Lencquesaing, comédienne
Alex Lutz, acteur et réalisateur
Aïssa Maiga, actrice et réalisatrice
Guslagie Malanda, actrice
Jean-Louis Martinelli, metteur en scène
Corinne Masiero, comédienne
Sylvie Meyer, réalisatrice
Julien Mignot, photographe
Anna Mouglalis, comédienne
Emmanuel Noblet, acteur et metteur en scène
Judith Nora, productrice
Valentina Novati, productrice et distributrice
Marie-Lou Pahud, productrice
Caroline Pascal, autrice et réalisatrice
Célie Pauthe, metteuse en scène
Mireille Perrier, comédienne
Frédéric Pierrot, acteur
Stéphanie Pillonca, réalisatrice
Clémentine Poidatz, comédienne
Alix Poisson, comédienne
Clara Ponsot, comédienne et réalisatrice
Isabelle Razavet, cheffe opératrice
Céline Salette, comédienne
Colombe Schneck, réalisatrice
Claire Simon, réalisatrice
Jérôme Soubeyrand, acteur et réalisateur
Mara Taquin, actrice
Karina Testa, comédienne
Jenna Thiam, actrice
Florence Thomassin, actrice
Sara Verhagen, comédienne, scénariste et réalisatrice
Maud Wyler, actrice