« C’est bien cette tour, ça va créer de l’emploi ! » peut-on entendre quand le sujet de Luma revient sur la table de l’apéro. « Maja est une chance pour la ville ! » Une chance pour qui ? Une chance pour ses médiatrices culturelles payées au SMIC qui partent en burn-out les unes après les autres ? Une chance pour ses femmes de ménage qui s’esquintent dans ses boutiques-hôtels sans ascenseur ? Une chance pour les jeunes filles qui croisent le chemin de ses financiers pleins de coke ? Une chance pour qui, au juste ?
Une chance pour les Arlésiens modestes qui se saignent pour se loger ? Une chance pour qui ? Pas pour moi en tout cas. Et pas pour toi, non plus, qui voudrais y croire. Tu crois quoi ? Que tu vas parvenir et gagner en importance ? Mais tu vas finir aux portes de la ville et tu ne mangeras pas à la table des grands.
Les gens se disent de gauche et réclament le travail et la sécurité. Les gens se pensent progressistes et louent une figure d’autorité qui va leur donner du travail de larbin : « Plus besoin d’un patron d’usines qui construit nos maisons quand on a Maja Hoffmann ! »
Quelle chance, vraiment, qu’une milliardaire ait décidé de coloniser la ville.