En Vert l’infini et l’au-delà !

Avec un permis de construire déposé avant l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation thermique dite « RT 2012 », le chantier de la tour Luma a pu s’affranchir de respecter celle-ci sur la majeure partie du bâtiment (seule une petite extension du projet sera soumise à la dernière réglementation thermique). Les consommations énergétiques du chantier sont déjà gigantesques (multiples modifications de projet, matériaux venant de loin, etc.) et le seront aussi en exploitation.

En effet, l’accueil du public se fera dans une grande verrière, la rotonde, fonctionnant avec des planchers rafraîchissants qui seront, en théorie, activés dès que la température intérieure dépassera les 24°C. Dans les faits, cela se produirait près de 50% du temps sur une année, avec un fonctionnement permanent (24h/24) du 15 mai au 30 septembre ! Fuite en avant volontaire ou méconnaissance du climat arlésien (qui subira des étés de plus en plus chauds comme tout le pourtour méditerranéen), laissons(-les) planer...

En outre, les planchers étant réversibles, ils seront utilisés en mode chaud l’hiver afin de maintenir une température minimum de 12°C.

Écrire sur le site internet de la fondation dans un item développement durable¹ : « [...] ainsi, une technologie solaire passive emmagasine la chaleur du soleil dans la rotonde de la Tour Luma conçue par Frank Gehry », sans même mentionner l’existence de planchers radiants énergivores, apparaît donc comme une vaste supercherie pour convaincre celles et ceux qui sont censés Agir pour le vivant* que le « Vert » est de la partie.

Autre exemple illustrant ce marketing trompeur : l’installation de quelques bornes de rechargement pour véhicules électriques facilitant l’obtention du label écologique le moins contraignant du marché (BREEAM) ; label qui, par ailleurs, peut être obtenu sans obligation de résultat. C’est beau.

La politique de la fondation rentre donc en totale adéquation avec les standards capitalistes de l’époque, à savoir la mise en œuvre d’un greenwashing qui ne dit pas son nom et masque, au passage, la nocivité environnementale de ce type de conception.

Afin de perturber le vide sidéral du discours officiel², ajoutons que les énergies dites « naturelles » semblent ne pas rééquilibrer les futures consommations d’énergies primaires sur la tour, comme l’atteste une première estimation de 2015³. Elle donne un chiffre quatre fois supérieur au seuil à ne pas franchir dans la dernière réglementation thermique, alors même que les planchers radiants de la rotonde ne sont pas pris en compte dans le calcul car considérés comme hors réglementation... Une question de choix, donc.

Menu Éco-Happy-Meal à la carte avec Buzz l’Éclair en jouet. Verte indigestion.

Nous sommes comme les bousiers de votre monde : nous avons fait le tour de votre merde (sic).

* Festival écocidaire

¹ https://www.luma-arles.org/luma/Parc-des-Ateliers/Architectural-Project.html

² Ibid.

« Développement durable. Dans l’optique d’un équilibre énergétique, la consommation d’énergie primaire est limitée pour laisser une part plus importante aux énergies naturelles. »

³ Document ci-dessous.