Les Frontières
Les frontières, murs de vent
Pays devenus des oubliettes
Et nous, prisonniers de l'errance
Avec pour oreiller, la douleur de la patrie
Et pour toute couverture, des rêves froids
Dont le geôlier s'est perdu
Les frontières, ô sang de ceux qui restent
Poignard dans le dos de celui qui part
Sur la blessure, la gangrène du regret
Enterrant les yeux des exilés
Sous la boue et la cendre
Les frontières, plus infranchissables que les portes du ciel
Ne s’ouvrent pas même à la figure de l’opprimé
Ni même à sa voix, par peur de l'écho
S’il s'égare, il en sera blâmé
S’il rentre, il périra étouffé
Les frontières, ton nom, ton passeport
La couleur de ton sang, de ton inculpation
Ta honte devant les passants
Le blâme de ton origine
Griffonné sur un papier
Attachant des chaînes à tes poignets
Les frontières, soldats aux visages pâles
Agacés par le rire d'un enfant
Capables de te reconduire à ta propre mort
Dérangés par les retrouvailles
Ou par l'éclosion des roses
Si seulement j'étais un crève-cœur
Car de nos jours, seule l'oppression est sans frontières
Poème de Fady Jomar - traduit de l'arabe par Sonia Gharbi
Extrait du film "Les Yeux de la Parole"
« Même si vous tuez un poète, mille chansons lui survivront »
Des collégiens d'une banlieue d'Aix-en-Provence assistent à la création d'un opéra en arabe, écrit par un poète syrien en exil. Des paroles qui résonneront bien au-delà de leur cour d’école.
Retrouvez toutes les séances du film, dont la tournée avec les invités Mediapart.
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« Un véritable poème en images, à l’esthétique saisissante. »
Nadia Ya , Orient XXI
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« Filmer la rencontre et la reconnaissance, par-delà une fracture Nord-Sud, par-delà notre société d'apartheid à la française, par-delà le racisme, les préjugés, l'ignorance et l'indifférence : tel est le pari, réussi jusqu'à chambouler au plus profond des consciences, des Yeux de la parole. »
Antoine Perraud, Mediapart