La traduction-adaptation qui suit a été réalisée pour le spectacle Comidie à quatorze heures du dramaturge russe Andreï Stadnikov, aujourd'hui exilé en France.
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Soulevons le rideau du bout des doigts –
Une vieille toile si lourde et lisse ! –
Voici comment était le Temps autrefois :
Si régulier — regarde, Alice !
Mais... Ils n’ont pas vu filer le Temps,
les gens heureux,
L’ont ralenti volontairement,
les gens peureux,
Les criards, eux, pressaient le Temps,
le bousculant,
Sans bonne raison, tuaient le Temps
les paresseux,
Et les roues du Temps
Se sont usées par le frottement
(Tout dans ce monde s'abîme par le frottement),
Et alors le Temps s'est vexé,
Et les pendules du Temps se sont figées.
Et minuit n'a pas sonné les douze coups,
Tous attendaient midi, en vain, comme jadis.
Voici quel Temps tombe sur nous :
Si turbulent — regarde, Alice !
Et... Ils ont fixé les montres avec effroi,
les gens heureux,
Ont entonné des chants plaintifs,
les gens peureux,
Les bavards, eux, ont fermé leurs
bouches béantes,
Ils ont bâillé et ont dormi,
les paresseux.
Graisse les roues du Temps,
Non pour un prix important,
Car elles souffrent beaucoup du frottement !
Il ne faut pas vexer le Temps.
C'est triste et dur de vivre sans.
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Titre original : «Песня о времени» – Владимир Высоцкий / Инструментальный ансамбль п/у Мартина Нерсесяна