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Billet de blog 4 décembre 2023

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Fabienne Bock (7 août 1944 – 2 novembre 2023), femme remarquable

Fabienne Bock, amie de toujours, historienne, enseignante et femme remarquable, est décédée. Elle a été de toutes les luttes anti-impérialistes. Elle a participé à la création de l’Université de Marne-la-Vallée. Elle était une des rédactrices en chef de la revue « Raison Présente ». Elle avait fait avec Mediapart un entretien sur le parlementarisme pendant la Grande guerre.

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Voici le texte prononcé par Yves Lichtenberger aux obsèques de Fabienne Bock, amie de toujours, historienne, enseignante et femme remarquable, qui a été de toutes les luttes anti impérialistes, contre la guerre d’Algérie, contre la guerre du Vietnam, et qui s’est engagée pour la fondation d’un État palestinien. Elle a participé à la création de l’Université de Marne - la- Vallée. Elle était une des rédactrices en chef de la revue Raison Présente.

Elle avait fait avec Mediapart un entretien sur le parlementarisme pendant la Grande guerre.

Hommage de l’université lors de son inhumation le 17 novembre 2023 par Yves Lichtenberger :

« Quinze jours déjà que Fabienne nous a quittés ! Nous savons tous ici quelle belle personne elle fût, belle personne par sa générosité, par sa lucidité, par ses engagements. Aussi je tenais à dire quelques mots de ma part et de celle de ses collègues de l’université à laquelle elle a consacré tant d’énergie, pour dire ce que nous lui devons

Je ne parlerai pas de Fabienne historienne de la grande guerre, ni de celle qui avec Michèle Perrot et Pauline Schmitt a créé le premier cours d’histoire des femmes en 1973 à l’université Paris VII, ni de tant de choses qu’elle a faite dans ces époques, …  Je l’ai connu plus tard à Marne-le-Vallée où elle avait relevé le défi de créer une université nouvelle avec un petit groupe de pionniers lassés des coteries des universités de Paris intra-muros.

Elle fût la première directrice de l’UFR SHS, SHS comme sciences humaines et sociales et pas seulement sociologie et histoire car elle tenait à ce qu’il y ait aussi de la géographie, de l’économie, de la philosophie, du droit.

Elle fut ensuite la créatrice du Laboratoire aujourd’hui d’Analyse Comparée des Pouvoirs. Je me rappelle du mal que nous avons eu à le faire reconnaitre par le ministère parce que ses évaluateurs venant de la Sorbonne considéraient qu’il ne pouvait y avoir d’historiens qu’antiquistes, médiévistes, modernistes ou contemporanéistes et méprisaient autant la transversalité que la pluridisciplinarité.

Elle présida ensuite le Conseil scientifique de l’université avec une autorité reconnue pour son ouverture, mais une ouverture qui ne cédait rien à la rigueur et à l’exigence académique. Une autorité faite de soutien, d’ouverture d’opportunités et d’accompagnement, sûrement pas de directives

J’ai évoqué sa générosité. Elle est soulignée dans de nombreux messages reçus ces jours-ci d’anciens étudiants et étudiantes témoignant, je cite, « plus d’une vingtaine d’années après, de son humanité, son engagement et son sens de la justice » et de « sa capacité à nous faire réfléchir avec beaucoup de générosité et d’humilité ». Humanité, générosité, humilité, voilà bien Fabienne ! Témoignant également « d’une grande dame qui a pris sous son aile plus d’un pioupiou pour qu’il s’envole… ». C’est encore bien elle !

Il y a dans ces messages la marque qu’elle a contribué à donner à notre université : celle de la qualité de la recherche pour les contenus enseignés et surtout pour l’esprit de curiosité et de critique qui devait irriguer toutes les formations ; celle de l’attention aux étudiants et à leur avenir professionnel, à tous les étudiants, car tous ne se destinaient pas à l’agrég. 

Un mot enfin de sa lucidité. Elle pouvait être rude dans ses rapports et dans ses jugements, mais c’était toujours argumenté, et un propos de sa part, même sec, n’était jamais une porte claquée, plutôt un défi à prouver mieux. J’ai retrouvé cela dans cette lumineuse photo d’elle qu’a postée Mathilde Larrère sur les réseaux. En la regardant, j’entends son léger rire de défi qui nous fût si précieux, nous rappelant avec son grand savoir d’historienne des évidences trop souvent mise sous le tapis.

Fabienne, cette amie et complice nous manque. »

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