Préambule
Le texte ci-dessous a été élaboré avant le coup de force de Macron.
Quoiqu’il puisse en paraître, il n’est pas dépassé.
D’un certain point de vue, c’est même l’inverse.
Le processus de rupture est l’œuvre de millions de votant.e.s (et d’abstentionnistes). C’est un processus objectif, qui dépasse très largement maintenant un résultat électoral, c’est un fait quasiment physique, presque moral.
Sur ce roc, les manœuvres, toutes les manœuvres vont se briser peu à peu. Et ces manœuvres sont nombreuses, pas toutes issues de la macronie, du moins directement.
Nous nous sommes interrogés sur la nécessité d’actualiser ce texte.
En fait, tout texte qui ne pose pas les questions de fond sera plus ou moins rapidement déphasé.
Chaque jour, chaque heure apporte son lot de nouveaux soubresauts.
Hier (17 septembre), c’était l’échec de la visite de Coquerel et de Courson à Bercy, l’un étant Président de la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale, l’autre rapporteur général du Budget de l’Assemblée Nationale pour exiger la remise de documents budgétaires ; du jamais vu que cette visite. Elle illustre, de manière terriblement déformée mais totalement palpable, le choc entre le vote populaire, avec toutes ses contradictions et ambiguïtés et la prétendue toute puissance de l’exécutif.
Avant-hier, le dépôt de la motion de destitution du Président de la République. Du jamais vu.
Il y a peu, Jean-Louis Debré et Dominique de Villepin, personnages importants de la vie politique et issus de la tradition gaulliste, faisaient état de leur perplexité, pour ne pas dire plus.
Ce matin (18 septembre), on dit que Barnier, Premier Ministre nommé récemment, serait prêt à passer la main, avant même d’avoir composé son gouvernement. Que nous réservent les jours qui viennent ?
La crise est là, sur tous les plans. D’une brutalité sans nom.
Voilà pourquoi, malgré ses faiblesses évidentes et ses manques réels, ce texte nous semble toujours indispensable.
Il rappelle que la démocratie ne saurait se résumer au gouvernement représentatif.
A notre place, avec nos responsabilités, nous soutenons le processus de rupture.
L’Affiche Rouge de janvier 1871 annonçait la Commune de Paris avec ces mots « Place au peuple ! Place à la Commune ! »
Nous disons « Place au peuple ! Place à la rupture ! »
Nous ouvrons un espace de discussion et de réflexion. Modestement mais résolument.
Nous appelons celles et ceux qui peuvent relayer ce texte à le faire.
Des initiatives suivront sous peu.
Prise de position
Par la seule responsabilité d’un Président discrédité et humilié, jouant à plein des institutions bonapartistes de la Ve République en lambeaux, la France est entrée dans une crise institutionnelle, s’ajoutant aux autres crises existantes et les portant à un niveau inégalé.
Depuis des années, le score électoral du Rassemblement National a été voulu, encouragé, promu par la macronie et ses relais médiatiques comme seule hypothèse de travail. Le résultat est là. C’est la dialectique de la créature échappant à son créateur.
Et les résultats du 2e tour n’ont pas été ceux voulus par la réaction. La presse parle de « surprise »… La mobilisation populaire, y compris dans les urnes, notamment par les équipes militantes, a permis de déjouer le piège réactionnaire.
Dans cette situation, toute stratégie politique, intellectuelle, morale, privilégiant ou intégrant autre chose que la rupture franche, absolue, radicale, avec les responsables de cette débâcle est criminelle. Les accords à la petite semaine avec les fourriers de l’extrême-droite ne feront que renforcer celle-ci et amplifier la crise politique.
Les opportunistes et les carriéristes, peu importe leur formation d’origine et leurs intentions avouées ou cachées, jouent avec ce qu’il y a de plus sacré, avec ce que la France révolutionnaire a apporté au monde depuis 1789, la Liberté, l’Egalité, la Fraternité, comme objectif et comme moyen, comme but et comme moteur. Fragilisant l’avenir de la République, les pyromanes pompiers seront mis au ban de l’histoire du mouvement démocratique.
Une fois de plus, comme dans toute situation de crise majeure, comme en 1789, 1792, 1871, 1936, 1944, 2018, c’est vers le peuple qu’il faut se tourner, lui qu’il faut organiser et qu’il faut éclairer. Pour paraphraser Robespierre : « le peuple seul ».
Sans nous substituer aux formes d’organisation qui structurent le mouvement ouvrier et démocratique, sans prétendre remplacer – tout au contraire – les formes politiques qui se situent sur le terrain essentiel de la rupture avec l’ordre ancien, nous, soussigné.e.s intervenant sur le plan de la recherche intellectuelle affirmons nettement :
Toute politique qui ne tourne pas radicalement le dos à l’ordre ancien aidera au développement des forces réactionnaires.
Il ne s’agit pas seulement d’être contre ces forces réactionnaires, d’extrême-droite, de droite, de « gauche » ou d’ailleurs.
Il s’agit, sur notre plan, de commencer à définir quelques points.
Cela passe par l’affirmation sans ambiguïté ni hésitation de soutien au processus de rupture qui a commencé sous nos yeux.
Cela passe, aussi, par le travail de réappropriation des outils conceptuels et méthodologiques trop souvent dévoyés (par exemple, démocratie, république, égalité politique, égalité sociale, égalité de genre, lutte des classes, révolution, écologie, laïcité, éducation, culture).
Cela passe, enfin, par la nécessaire réflexion commune sur les formes organisées d’une telle réappropriation (une de ces formes organisées pourrait être une rencontre de travail à l’automne et un échange commun d’ici là).
- Jean-Louis Alessandri, Docteur en Civilisation Britannique, enseignan
- Sylvie Brodziak, universitaire
- Jonathan Cornillon, maître de conférences en histoire romaine à Sorbonne Université
- Clarisse Delalondre, chercheuse EDF
- Clément Denuit, professeur de philosophie et militant anarchiste
- Sylvain Excoffon, maître de conférences en histoire, syndicaliste
- Isabelle d’Artagnan
- Karin Fischer, universitaire
- Julien Guérin, professeur d'Histoire et conseiller municipal
- Julien Giudicelli, Maître de conférences HDR en droit public
- Nicolas Guyard, Président de la Fédération Landaise de la Libre Pensée
- Georges Jablonski-Sidéris, Maître de conférences en histoire
- Fabien Jeannier, enseignant et chercheur
- Jean-Loup Kastler, historien
- Stathis Kouvelakis
- Benny Malapa, formateur en travail social
- Hélène Meynaud, sociologue du travail
- Olivier Minard, professeur de philosophie
- Pierre-Yves Modicom
- Noelle Monin, maître de conférences émérite en sciences de l’éducation, Lyon 1
- Jean Sébastien Pierre
- Roland Pfefferkorn, Professeur émérite de sociologie
- Alain Policar, politiste (avec réserves)
- Pierre-Olivier Poyard, auteur de Osez la paix en 2021 et Écologie et paix en 2024. Membre du bureau national du mouvement de la paix
- Alain Roques, Directeur de recherches émérite
- Pierre-Yves Ruff, Écrivain, éditeur, Docteur en Philosophie contemporaine et militant laïque
- Arnaud Saint-Martin, député de Seine-et-Marne
- Jean-Marc Schiappa, historien
- Jerome Soldeville, professeur et conseiller municipal
- Romain Telliez, historien (médiéviste de Sorbonne Université)
- Julien Théry, historien
- Line Teboul, Libraire
- Aurélien Vassaux, étudiant
- Yahyaoui Sofiane, étudiant
Nom
Prénom
Qualité
renvoyer à appelrupture@proton.me