Elle y évoque, entre autres sujets, la nécessité de réapprendre aux jeunes à aimer la laïcité, la mobilité européenne pour renforcer le sentiment d’appartenance à l’Europe des jeunes Français, ou encore le paradoxe de la déconnexion entre une jeunesse engagée et la politique.
C’est aujourd’hui
Sarah El Haïry est secrétaire d’État auprès du ministre des Armées et du ministre de l’Éducation nationale, chargée de la Jeunesse et du Service national universel depuis juillet 2022. Auparavant, elle était secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de l’engagement (2020-2022). Membre du parti centriste de François Bayrou, le MoDem, Sarah El Haïry a été élue députée de Loire-Atlantique en 2017 et réélue en 2022.
EURACTIV France. Pourquoi est-il important de parler d’Europe aux jeunes, comme vous l’avez fait à Marseille jeudi ?
Sarah El Haïry. Nous voulons développer le sentiment d’appartenance à l’Europe chez les jeunes. Il est plus faible chez les jeunes Français que chez les jeunes Allemands par exemple. Nous devons donc le nourrir davantage. Cela doit passer par un meilleur apprentissage et donc compréhension des institutions européennes. Nous devons également célébrer plus fortement encore les réussites de l’Union européenne : les projets qu’elle finance, les nouveaux droits qu’elle protège. Mais les années de Covid-19 ont été un accélérateur du sentiment d’appartenance à une Europe humaniste et solidaire, qui touche nos vies et notre quotidien.
Qu’avez-vous à proposer aux jeunes Français pour alimenter le sentiment d’appartenance à l’Europe ?
Les jeunesses européennes ont besoin de se voir et de se comprendre. Les dispositifs Erasmus+ et le Corps européen de solidarité peuvent créer ce sentiment européen ainsi que l’enseignement des langues européennes. Et à tout âge ! Nous pouvons également imaginer des jumelages pour faire découvrir aux enfants les villes européennes, qu’ils aient un correspondant dans un autre pays. Un autre levier est la force de l’engagement individuel et collectif des jeunes, que nous devons accompagner, dans une logique européenne.
Justement, dans votre dialogue avec eux, nous avons beaucoup entendu parler de climat, de droits des femmes, des LGBT, d’antiracisme. Comment l’Europe répond-elle à ces préoccupations ?
L’Europe est un accélérateur de solutions dans les grands défis qui sont devant nous. Elle n’est pas qu’un guichet de droits, c’est d’abord un projet politique, qui va à la conquête de droits et porte un idéal, fondé sur un socle de valeurs.
Certains ne partagent pas la même vision, voyant l’Europe comme lointaine. Quel message leur adressez-vous ?
Nous avons des personnalités et des partis, d’extrême droite et d’extrême gauche, qui désignent l’Europe comme bouc émissaire de toutes nos difficultés. Or nous avons besoin de l’Europe pour tous les grands défis de notre siècle. L’Union européenne protège l’égalité des droits, que les jeunes demandent avec force, mais qui est en danger au sein même de l’Union.
Cette abstention reflète-t-elle une déconnexion entre jeunes et politique ?
Il y a aujourd’hui un degré de défiance envers la politique qui est extrêmement fort. C’est la conséquence de la montée des populismes, que nous devons combattre. Par l’éducation à la raison, à la science, en renforçant l’éducation civique à l’école. Le vote pourrait aussi être modernisé, par le vote électronique par exemple. Mais, avant tout, je pense que cela passe par une meilleure compréhension des institutions et de leur utilité.
Les jeunes ne les comprennent pas ?
Si, mais nous devons sortir de ce paradoxe d’une jeunesse extrêmement engagée et politique, mais qui déserte les urnes. L’engagement individuel, associatif, syndical ne se substitue pas, mais se conjugue avec l’expression démocratique. Je veux une Europe qui appartienne aux jeunes. À eux de bâtir l’Europe qu’ils désirent. Pour cela, il faut voter, se présenter, et faire vivre sa citoyenneté européenne. Et sans jamais penser qu’être Français et être Européen seraient deux identités qui s’opposent.
[Propos recueillis par Davide Basso le 24 novembre 2022]
Plus myope que moi, tu meurs. Si la population et les jeunes en particulier se détournent des urnes, ce n’est pas un moyen technique qui les fera revenir. Il faut vraiment être hors-sol pour penser une telle ineptie. Le problème est politique, la société rejette ses institutions et les politiques gouvernementales et européennes. Et ce n’est pas un gadget qui réglera le problème.
En un autre temps, en d''autres circonstances, ce discours raisonne avec un autre...
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Cherchez la différence..... C’était hier
Jacques Benoist-Méchin fut un ultra de la Collaboration sous le Régime de Vichy. Il adhère au Parti populaire français (PPF) de Doriot en 1938, il devient Secrétaire général du gouvernement de Vichy de Pétain, puis Secrétaire à la Collaboration avec l’Allemagne. Il rédige les Protocoles de Paris qui préconisent une soumission totale au régime nazi, une quasi-fusion avec l’Allemagne nazie. C’est un chaud partisan de la Nouvelle Europe.
Il est condamné à mort à la Libération, peine graciée en peine à perpétuité, car il n’avait pas directement du sang sur les mains. Il est libéré en 1953. Auteur prolixe, écrivain de talent, il est très connu par son Histoire de l’Armée allemande en six volumes. (Pour en savoir plus, lisez Les Hommes du Vatican et leurs bedeaux politiques – Tome II)
Il donne de nombreuses informations sur le projet de la Nouvelle Europe qu’il appelle de ses vœux. Aux Jeux olympiques de Berlin en 1936, la musique officielle est déjà L’Hymne à la joie de Beethoven, futur hymne de l’Union européenne. Il n’est pas inutile de rappeler la "particularité" de la version choisie par les institutions européennes : confiée au « Musicien préféré d’Hitler » Von Karajan, au motif d'arrangements fort discutables (au moins sur le plan artistique) en tira de substances droits d'auteur. Hitler propose que dans le cadre de la future Europe sous la botte allemande, le siège des institutions européennes soient à Strasbourg. Il y en a décidément qui n’ont rien inventé.
Au retour des funérailles du maréchal Hindenburg en Prusse orientale à Tannenberg, il est amené à faire un discours improvisé dans le train devant les Jeunesses hitlériennes et des soldats de la Wehrmacht. Ce discours en dit bien long sur les temps d’aujourd’hui.
Lisez attentivement et voyez si ce discours ne vous en rappelle pas d’autres.
« Je viens de passer avec vous des heures qui marqueront dans ma vie, leur dis-je en allemand. Soyez assurés que je ne vous oublierai pas non plus. Nous allons bientôt nous quitter. Mais je ne voudrais pas me séparer de vous sans vous remercier pour votre accueil. Par sa cordialité et sa franchise, il a fait naître en moi de grandes espérances […]
C’est tout naturel ! s’exclame l’un d’eux.
Non. Je suis Français. Vous m’avez traité comme un frère.
A présent, ils parlent tous à la fois.
Mais, c’est ça… Nous sommes frères… Allemands, Français c’est la même chose… Plus jamais la guerre ! Il n’y a aucune raison pour que nous ne soyons pas amis !
Tous les jeunes gens sont debout et tendent leur verre dans ma direction. Inutile d’ajouter que je suis très ému.
Excusez-moi, leur dis-je, je ne suis pas orateur et n’ai préparé aucun discours. Mais un proverbe dit, chez nous comme chez vous : lorsque le cœur est plein, les lèvres débordent. Nos pères se sont assez entretués comme cela : la Marne, l’Yser, les Eparges, Verdun… Chacun a cru y gagner quelque chose et nous n’y avons récolté que des larmes et du sang. Il est temps d’en finir avec ces affrontements stériles pour nous engager dans la seule lutte qui compte : celle que nous mènerons ensemble pour l’avènement de l’Europe.
Je suis forcé de m’arrêter un instant, car le train traverse un point de fer dont le tablier gronde et remplit le wagon d’un fracas qui couvre ma voix. J’attends qu’il soit passé. Puis, je reprends : Je pourrais développer ce thème longuement. Ce ne sont pas les idées qui manquent : c’est le temps.
Je serai donc bref. L’Europe n’est pas un mot vide de sens : c’est le point de convergence de nos aspirations communes. Ce n’est pas non plus une vue de l’esprit : elle a déjà existé plusieurs fois au cours de l’Histoire. Il y a eu la 1re Europe, l’Europe romaine qui a été démantelée par les invasions germaniques. Il y a eu la IIe Europe, l’Europe chrétienne de Charlemagne qui a été scindée en deux par le partage de Verdun. Elle n’a laissé subsister qu’un espace géographique au sein duquel se sont affrontées les rivalités dynastiques.
Puis est venue la IIIe Europe, l’Europe jacobine de Napoléon. Elle avait été préparée par le grand mouvement des esprits du XVIIIe siècle : Voltaire, Montesquieu, Rousseau, Klopstock, Schiller et Goethe. Saviez-vous que Klopstock a été nommé citoyen d’honneur de la ville de Paris ? Cette IIIe Europe a été disloquée par la montée des nationalismes. Cette montée était irrésistible et nécessaire. Bismarck et Cavour ont été de grands hommes. Mais ils ont obscurci l’esprit européen en faisant prévaloir la défense des patries sur celle d’un héritage commun. Napoléon III, qui était un beaucoup plus grand esprit politique qu’on ne le pense, l’a très bien vu. Il a cherché à pallier ce danger. Ses efforts ont été brisés par la défaite de 1870. A présent, il nous faut construire la IVe Europe, l’Europe des nations fédérées.
Oh ! Je sais ce que vous allez me dire, car d’autres me l’ont dit avant vous. Vous allez me dire que l’accession à l’unité nationale passe avant la construction de l’Europe. Et moi, je vous répondrai : prenez garde de séparer les deux, car elles sont liées.
Je ne parle pas à la légère. Croyez-moi quand je vous dis que je connais vos problèmes presque aussi bien que vous. J’ai été à Memel et en Haute-Silésie. J’ai pris part, comme soldat, à l’occupation de la Ruhr. Tout à l’heure, j’ai traversé avec vous le fameux « corridor » de Dantzig et j’y ai vu des dizaines de milliers d’hommes et de femmes supplier en pleurant qu’on les réintègre à l’Allemagne. Croyez-vous que cela m’a laissé indifférent ? Tout homme digne de ce nom a horreur de l’injustice…
C’est étonnant comme les idées affluentes à mon esprit : Je dirais même qu’elles me submergent. La présence de cette centaine de jeunes gens qui m’écoutent avec une attention soutenue m’inspire bien davantage que les pierres du mausolée de Tannenberg. Pourtant, il me faut abréger, car notre voyage tire à sa fin.
L’Europe ne se construira ni sur des nations mutilées et frustrées, ni sur des nations qui ont profité des circonstances pour déborder de leurs limites. Les signataires du Traité de Versailles avaient promis de nous donner la paix pour plusieurs générations. Au lieu de cela, ils ont multiplié à travers l’Europe les zones de friction et de discorde. Il faudra les supprimer, pour une foule de raisons que je n’ai pas le temps de développer devant vous. Seulement…
Je m’arrête un instant, pour donner plus de poids à ce que je vais dire. Tous les visages se tendent vers moi.
Seulement, ce sera très difficile. Plus difficile que vous ne le pensez. Cela exigera beaucoup de sang-froid et une grande maîtrise de soi-même. Car cette remise en ordre ne peut et ne doit se faire que par voie de négociations. Quiconque recourra aux armes - et la tentation est grande !- remettra tout en cause et replongera le continent dans un nouveau chaos. Ce n’est pas un point de vue personnel. C’est l’évidence même. Il suffit de regarder autour de soi pour s’en convaincre. Car les ennemis de l’Europe sont puissants et nombreux. Les uns sont déjà à l’intérieur de la place. Les autres sont à l’extérieur. Le monde n’est plus ce qu’il était au temps de Charlemagne ou de Napoléon. De grandes puissances extra-européennes émergent à l’horizon. Elles n’ont ni la même civilisation que nous, ni le même héritage à sauvegarder. Tant que nous règlerons nos problèmes par la négociation, elles ne peuvent pas nous nuire. Dès que nous basculerons dans la guerre, elles en profiteront pour nous submerger. Alors notre continent ne sera plus qu’un amas de ruines et les ruines morales seront encore plus grandes que les ruines matérielles.
Si nous voulons réussir, nous ne devons jamais perdre de vue que notre temps est mesuré et que nous n’avons qu’un espace étroit pour manœuvrer. Rares sont les générations qui ont eu à assumer une tâche aussi importante et aussi dramatique. Puissions-nous l’accomplir avec succès.
Je lève mon verre à la IVe Europe, l’Europe des Nations-unies, l’Europe de la dernière chance !
Ces paroles, je le sais, n’ont rien de très original. Mais j’ai dû les prononcer avec beaucoup de conviction, car mes auditeurs y répondent par des applaudissements. Leurs mains se tendent vers moi et leurs yeux me paraissent encore plus brillants que tout à l’heure.
Le train commence à ralentir. Dehors, le jour se lève. D’énormes immeubles gris, véritables mastodontes de ciment, défilent lentement derrière la vitre embuée.
Le train ralentit encore. Avant même qu’il ne s’arrête, des jeunes gens sautent sur le quai de la gare en poussant des exclamations joyeuses.
Nous sommes arrivés à Berlin. »
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Si vous avez trouvé des différences, au Jeu des 7 erreurs, vous avez incontestablement perdu.
Christian Eyschen.