Tout d’abord, utiliser un tel titre pour un Billet évoque naturellement le célèbre ouvrage de Léon Trotsky où il s’expliquait sur ces questions. Cela lui a valu une campagne mondiale de falsifications éhontées où l’ignoble l’a disputé à l’inculture la plus crasse. Le Stalinisme et ses agents stipendiés ainsi que toute la camarilla réactionnaire, ont tenté de faire croire que Lev Davidovitch Bronstein avait écrit que « la fin justifie les moyens », couvrant ainsi toutes les turpitudes et ignominies possibles pour arriver à ses fins.
Les mêmes incultes réactionnaires emploient sans fin la formule prêtée à Lénine sur « les idiots utiles ». Sommés de montrer devant tout le monde d’où était sortie cette citation, ils en ont été incapables et pour cause. Mais leur « morale » ne s’embarrasse pas de preuves et ils continuent à utiliser cette formule sans vergogne.
Qu’a dit exactement Léon Trotsky : « Le moyen ne peut être justifié que par la fin. Mais la fin a aussi besoin de justification… Est permis tout ce qui mène réellement à la libération des hommes… Il découle de là, précisément que tous les moyens ne sont pas permis. » C’est-à-dire précisément exactement le contraire de ce que les « bonnes âmes » lui reprochent d’avoir dit.
C’est très exactement la même thèse qu’avait développait Albert Camus quand il disait : « La fin justifie les moyens. Mais qu'est-ce qui justifiera la fin ? » Les deux hommes soulèvent tous les deux la question que la fin ne justifie pas tout et que des moyens contraires à la fin tuent la fin. Que la fin justifie les moyens a aussi été attribuée à Machiavel, qui en tirait les mêmes conclusions : à chaque fin ses moyens propres, certains moyens en effet empêchant la fin d'être atteinte !
Une fois la vérité rétablie, examinons comment se comportent tous les dénonciateurs de Trotsky, car dans tous ceux que nous allons citer, il n’y a pas un seul partisan, c’est évident, de la pensée du grand révolutionnaire russe, mais des gens qui sont capables de nous faire en permanence des leçons de morale.
Florilège des immoraux
● Messieurs Édouard Philippe et Gérald Darmanin n’ont pas assez de mots durs pour vilipender Jean-Luc Mélenchon et LFI. « Nous censurerons tout gouvernement avec des ministres LFI ». Ainsi le vote de millions d’électeurs est interdit de séjour en Démocratie, ils n’ont pas voix au chapitre, ils ne comptent pas. Ces électeurs LFI sont « des pelés, des galeux » pour reprendre l’expression de Jean de La Fontaine, car « Brebis galeuse fait souvent les autres teigneuses », un seul ministre LFI contaminerai tout le gouvernement.
Mais ce mépris de classe, où était-il dans les appels pathétiques de 2017 et de 2022 des mêmes insulteurs pour voter pour la Macronie « pour faire barrage à Le Pen » ? Ils quémandaient sans aucune pudeur le vote des électeurs de LFI, Macron pour se faire élire Président et les deux autres compères-Doriot (cherchez bien la différence entre eux et Doriot sur la haine des étrangers, des immigrés et des météques, elle n’est guère évidente) pour être Premier ministre et Premier Flic de France. En cette occasion, c’était « yeux doux et patte de velours » et pas le moindre scrupule à recevoir le vote des « des pelés et des galeux ». Là, leurs voix comptaient lourd au trébuchet.
Ajoutons que pour mesurer la « sincérité » de Gérald Darmanin, quand on entend ses déclarations « humanistes » à appeler à faire barrage à l’extrême-droite, alors qu’il écrivait naguère et collaborer (une seconde nature) au journal de l’Action française, fondé par Charles Maurras qui fut condamné à la Libération à la réclusion criminelle à perpétuité et à la dégradation nationale, on se dit qu’il est comme les castors, le barrage, il en vit.
Il est vrai que chez ces gens-là, on ne s’arrête pas à ces considérations vulgaires dignes des « gueux », car chez ces messieurs Édouard Philippe et Gérald Darmanin, pour reprendre l’expression de Jacques Brel dénonçant les réactionnaires : « On ne pense pas, on compte », surtout les avantages que l’on peut ramasser et amasser.
● Dans la même catégorie de gens « à principes », on peut ajouter sans problème Ségolène Royale que rien n’arrête pour un poste, un placet, un subside. Allez faire des ménages chez Cyril Hanouna relève d’une haute estime de soi, après avoir fait cela, comment tomber plus bas ? Si, « être de gauche » et revendiquer le poste de Premier ministre chez Macron, complice du RN. Il faut dire qu’elle a du mérite dans la catégorie « renégats » avec Bernard Cazeneuve et Manuel Valls qui lui mordent les talons pour avoir la place. Il y a beaucoup de nominés, mais les places sont chères pour être césarisé.
● Et que dire de tous les « socialistes » qui dénoncent l’alliance avec LFI dans le Nouveau Front populaire et qui sont prêts à toutes les turpides pour s’allier avec Emmanuel Macron pour un poste. La mangeoire a des exigences que la morale n’arrête pas. Mais la fin affichée dans leurs grands discours moralisateurs est bafouée par les moyens qu’ils emploient. Par exemple, se faire élire sous l’étiquette NFP, voire même pour certaines et certains sous l’étiquette LFI ou en semant une large confusion. Il est vrai qu’au moment des soldes (et en ce moment en politique, on solde beaucoup pour pas cher), on appelle cela la « valse des étiquettes ».
● Ajoutons pour finir, sinon pour en finir, en faisant un sort au Rassemblent national des Le Pen, père, filles et nièces qui se fait élire sur un discours anti-Union européenne mère de tous les problèmes. Union européenne qui, si l‘on en croit un procès en cours, n’est pourtant point avare de subsides pour l’extrême-droite.
Et comme on ne mord pas la main qui vous nourrit, on apprend que le RN ne s’opposera à la nomination de Michel Barnier (un des plus pro-Union européenne sur la place publique) comme Premier ministre et que le groupe RN à l’Assemblée nationale ne votera sans doute pas la motion de censure contre le futur prochain gouvernement de Michel Barnier, le RN montrera ainsi son véritable visage : un soutier pro-européen de la Ve République. Cela confirme et amplifie la collusion déjà exprimée par l'arc Macron-Darmanin-Ciotti-Le Pen lors de la loi « Immigration ».
Le journal patronal Les Échos du 5/09/2024 vient d ‘indiquer clairement les choses : « Nouveau Premier ministre : le RN laisse sa chance dans l'immédiat à Michel Barnier. Le président du parti d'extrême-droite, Jordan Bardella, a pris acte de la nomination de l'ancien commissaire européen comme Premier ministre, assurant qu'il jugerait « sur pièces » son discours de politique générale. »
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On voit donc bien que tous ces gens-là ont un sens élevé de la « Morale » et que leur « fin » est aussi putride que leurs « moyens ». Là, leurs moyens incarnent pleinement leur fin. Là où il y a un monarque, il y a toujours des laquais et des domestiques. Il est temps de tourner la page, il est temps de congédier les « pages » du Prince.
Il est vraiment temps d‘en finir avec la Ve République, sa pompe et ses œuvres en redonnant la parole au Peuple par Une Constituante élue et souveraine.
Christian Eyschen