C’est la nouvelle tarte à la crème, servie par tous les laudateurs de l’État d’Israël dans sa campagne d’asservissement et, à Gaza, d’extermination du Peuple palestinien. Les Sionistes fascistes sont présentés comme les défenseurs de l’Occident, rebaptisé « Judéo-Chrétien » pour que cela soit plus présentable.
Une véritable escroquerie historique et religieuse, pour des raisons politiques, s’est fait jour après 1945, pour des raisons et des intérêts de ceux qui ont laissé faire le massacre de six millions de Juifs par les nazis et leurs auxiliaires. Parler de "Judéo-Christianisme", c'est faire comme si le nazisme était un accident de l'histoire européenne, et bien sûr quelque chose de contraire aux valeurs chrétiennes. Une entourloupe qui a commencé dès le règne Pie XII, lequel ne faisait pourtant pas le dégoûté devant Hitler au début de la dictature, quand le futur pape n'était encore que le Nonce Pacelli.
Il fallait donc nier le caractère spécifique du « peuple juif » pour en faire une composante à part entière du Christianisme, ce qui, sans le dire explicitement, relativisait quelque peu l’horreur de l’extermination et la banalisait comme une expression meurtrière comme une autre dans un monde brutal. Or le Génocide des Juifs est la marque spécifique du nazisme, en faire un massacre à côté des autres, c’est banaliser le nazisme.
Le Judéo-Christianisme est une pure invention
Le génocide de 6 millions de Juifs a été fait par des Européens sur le sol européen et c’est aux Arabes palestiniens de payer pour le crime des autres qu’ils n’ont pas commis. Pour effacer le fait historique et démontrer que l’antisémitisme a sa source dans le Christianisme, la Réaction a fait œuvre de « révision » en inventant ce concept de « Judéo-Christianisme » qui n’a jamais existé et qui permettait de tenter d’effacer sa responsabilité dans le massacre.
Si les Juifs font partie du « Judéo-Christianisme », alors le génocide est aussi un peu celui des « chrétiens », ce qui atténue l’immense responsabilité du Vatican qui l’a laissé faire. C’est pourquoi, l’affaire du Carmel d’Auschwitz a eu cette immense importance. Jean-Paul II a essayé d’effacer le fait indéniable qu’Auschwitz-Birkenau était le plus grand cimetière juif du monde, en y ajoutant des tombes et des symboles chrétiens pour diluer la responsabilité de la Curie romaine dans le silence complice.
Mais l’ignominie et le scandale qu’elle suscita fut si grande que le Vatican dût reculer : Auschwitz restera l’immense cimetière des Juifs sans aucune récupération catholique quelle qu’elle soit. Pour en savoir plus, je vous invite à lire mon analyse de cela dans l’ouvrage « La Libre Pensée contre l’Église » (Premier tome de mes Écrits de Libre Penseur, couverture blanche). Il y eut aussi la tentative misérable d’utiliser le martyre d’Édith Stein, qui meurt assassinée en 1942 dans les chambres à gaz d'Auschwitz, parce que « Juive » et non du fait qu’elle se convertit ensuite au catholicisme en devenant une « Sœur carmélite ».
Le Judéo-Christianisme contre le Judaïsme
Rappelons aussi que si le Christianisme est issu du Judaïsme, c’est en le niant et en en faisant un adversaire à abattre, d’où la fable des « Juifs déicides » et du « Juif errant » (voir mon dossier dans la Raison de juin 2025). Si le « Nouveau-Testament » n’est qu’un plagiat de « l’Ancien », c’est pour mieux le supprimer en y substituant un nouveau texte. La « nouvelle loi » efface l’ancienne et la remplace. Il n’y a pas continuité, mais remplacement.
L’antisémitisme a sa source dans le Christianisme, c’est lui qui arma les assassins et les persécuteurs en leur donnant l’armature théorique et pratique de la discrimination et de la répression. Il n’y a qu’à lire Mein Kampf d’Hitler (voir ma contribution : « Mein Kampf, le 5éme Évangile » dans La Libre Pensée contre l’Église) pour s’en apercevoir. Les lois de Nuremberg ne sont que la continuité aggravée des Conciles de Latran de 1215.
C’est au moment où la responsabilité du Vatican dans le Génocide ne peut plus être cachée (affaire du Vicaire et de l’ouvrage de Saül Friedländer), et qui sera relancée ensuite notamment par le film Amen de Costa-Gavras, que va être lancée l’opération « Judéo-Christianisme ». C’est une invention européenne, dans aucune autre contrée, civilisation, culture ce terme n’est utilisé. On trouve bien sûr ce terme ici où là, mais la prégnance ne viendra qu’à partir des années 1960 et notamment à partir du Procès Eichmann. Mais c’est surtout à partir des années 1980 que l’opération va prendre son plein essor, en relation avec les questions d’immigration et de ce qui se passe en Palestine contre le Peuple palestinien.
Un ouvrage à recommander
Je conseille fortement de lire l’excellent ouvrage de Sophie Bessis, chercheuse à l’IRIS, fondé par Pascal Boniface, et ancienne Rédactrice en chef de Jeune Afrique, « La civilisation judéo-chrétienne, Anatomie d’une imposture », auquel j’ai emprunté un certain nombre d’éléments.
L’auteure indique : « Pour que l’Occident puisse rétablir cette supériorité morale dont il a fait son apanage exclusif, mais que le nazisme avait fait plus qu’ébranler, il fallait et il faut encore qu’Israël soit non seulement l’héritier de la victime, mais victime lui-même de toute éternité. Il fallait qu’il soit définitivement innocent et que jamais, quelles que soient ses actions, il ne passe dans le camp des bourreaux. C’est à cette condition que l’Occident a estimé pouvoir se laver de son crime. »
Elle explique bien que le « Judéo-Christianisme » n’est qu’un antisémitisme honteux, c’est pourquoi il est utilisé par les antisémites-Chrétiens-sionistes aux USA qui veulent se débarrasser des Juifs à bon compte pour les envoyer en Palestine, où l’immense majorité n’a aucune racine historique. La Palestine doit être la poubelle de l’Occident et la machine à laver des crimes commis par l’Occident, et tant pis s’il faut sacrifier le Peuple palestinien pour cela.
Le soutien au « Retour à Sion » des Chrétiens sionistes s’explique aussi parce qu’il légitime aussi la conquête dans le feu et le sang et l’extermination des Peuples indiens dans l’hémisphère nord de l’Amérique. La colonisation et le génocide du Peuple palestinien est après tout un peu la même chose que ce qui a été fait par les colons fuyant l’Europe qui martyrisait les minorités religieuses.
« De fait, l’émergence du judéo-chrétien comme sujet collectif escamote le Juif, cette éternelle incarnation de l’Autre qu’on faisait venir d’un lointain ailleurs oriental, mais dans lequel il fallait bien reconnaître le premier énonciateur chronologique de l’univers monothéiste. Finies les questions insolubles de filiation ou d’héritage, l’avènement d’un « judéo-chrétien » indifférencié fait apparaître l’Occident comme l’inventeur unique de l’Universel, toutes ses racines y étant, par ce procédé, rapatriées. Quand il ne peut être rejeté dans une totale altérité, l’Autre est en quelque sorte absorbé, avec l’ensemble de ses propriétés. »
Pour cela, on va donc utiliser à profusion le concept d’Abraham pour faire du « religieux » une unicité. Abraham est cité 67 fois dans le Coran, Mohamed que 51 fois. Marie est la femme la plus citée et la plus vénérée, elle a même droit à une Sourate particulière.
L’auteure indique que l’Occident accepte facilement la double allégeance de Juifs à Israël et au pays où ils résident, mais refuse obstinément cette même allégeance pour les Musulmans. « L’ardent philosémitisme de l’ensemble des classes politiques européennes et nord-américaines, y compris leurs extrêmes-droites, devient ainsi un miroir inversé de l’antisémitisme d’antan. On reviendra sur le fait qu’ils ont les deux faces de la même médaille, celle de l’exceptionnalité juive, qu’elle soit traitée négativement ou positivement. »
Le fond du discours sioniste est profondément antisémite, il fait du « Juif » toujours une exception (dans la misère ou la grandeur) qui n’est nullement identique à ses autres semblables sur terre. Et comme le « Juif » ne peut être qu’innocent, il faut alors un coupable : c’est le rôle dévolu aux Palestiniens, contre qui, alors, tout est permis.
Le Judéo-Christianisme, un instrument contre les Juifs
« Le » complot judéo-chrétien », dont la création de l’État hébreu - corps étranger installé par la force au cœur du Dar al-Islam – serait l’illustration la plus scandaleuse, est ainsi devenu un élément central du discours anti-occidental de la région. De l’Iran au Maroc, toutes les composantes de la galaxie islamiste en font en outre depuis des décennies un usage débridé. Le « judéo-chrétien », voilà l’ennemi dont la redoutable puissance serait toute entière consacrée à affaiblir l’Islam, l’ultime et la plus parfaite des prophéties, ayant seule vocation à régner sur le monde.
A l’occidentalisation du « judéo-christianisme » a répondu sa diabolisation par un Islam cadenassé dans ses spécificités, et refusant de se reconnaître dans un universel avec lequel il pourrait légitimement revendiquer sa filiation. »
L’invention du Judéo-Christianisme (modèle occidental) a permis aussi d’expulser la part orientale du Judaïsme. On sait le mépris affiché des Ashkénazes contre les Sépharades dans l’État sioniste d’Israël pour qui ils ne sont que des « bicots ». « La désignation du judéo-chrétien comme fait de culture exclusivement occidentale a permis d‘y ensevelir le judéo-arabe et le judéo-musulman, de censurer l’existence du Judaïsme oriental et de tenter d’en effacer les traces de mémoires collectives. Pourtant, jusqu’à l’époque coloniale, Juifs et Musulmans ont cohabité en terre d’Islam autrement moins violente que dans la chrétienté. »
Ne faisons pas de cela un schéma idyllique, il y a eu des discriminations contre les Juifs et les Chrétiens, mais le statut de « dhimmi », que l'on peut traduire par « hôte protégé » ou « pactisant » (Wikipédia), n’était avant tout qu’un moyen de récolter de l’argent par des taxes pour les autorités musulmanes. Mais jamais les discriminations et les violences qui furent commises ne sont comparables à celles pratiquées en Europe contre les Juifs. « La proximité des modes de vie et des rituels, l’usage de la même langue ont tissé des liens défaits au XXe siècle pour laisser place aux ruptures contemporaines. »

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Le Judéo-Christianisme a permis aussi, par un double mouvement des États musulmans et de l’État sioniste, de faire disparaitre physiquement, par le départ vers Israël ou les USA, les Juifs d’Orient. Il y avait un million de Juifs à la fin des années 1940, il n’y a plus aujourd’hui que de minuscules communautés au Maroc, en Tunisie, en Turquie et en Iran. La part juive du monde arabe a été détruite, avec toutes les conséquences dramatiques que l’on connaît aujourd’hui. Comment parler de paix entre Juifs et Arabes quand ils ne se connaissent plus et que la guerre entre eux est la seule image qu’on leur renvoie à profusion ?
Ajoutons que les Sépharades ont été traités comme des moins que rien en Israël, discriminés et accusés de « levantiniser » le pays, parce que trop proches du monde arabe. Rejetés, ils ont fini par fournir la principale clientèle électorale d’une partie de l’extrême-droite. Comme l’indique Sophie Bessis : « par un de ces paradoxes dont l’histoire a le secret, ceux qui auraient pu être des ponts ont aidé à édifier des murs. »
Le Judéo-Christianisme permet aussi aux fascistes sionistes d’affirmer un discours suprémaciste raciste en tant que « Blancs » contre tous les « basanés » de la terre. C’est le discours de Netanyahou qui affirme qu’Israël est la pointe avancée de l’Occident contre « la barbarie islamiste » et que « les Palestiniens sont que des animaux », juste bons à exterminer. Il disait en 2017 : « Nous faisons partie de la culture européenne… L’Europe se termine en Israël. »
Le fait que l’extrême-droite soutient Israël s’explique aussi parce que celui-ci leur permet une revanche, par personnes interposées, sur les peuples colonisés, notamment les arabes, qui ont chassé les « Blancs » d’Afrique-du-Nord, mais aussi les Noirs qui ont fait de même en Afrique-du-Sud. N’oublions pas que l’État d’Israël fut un des pays à soutenir jusqu’au bout l’Apartheid. C’est donc en toute logique qu’il fasse de même contre les Palestiniens.
Par quelque bout qu’on le prenne, l’invention du Judéo-Christianisme n’est pas une solution, mais un problème qui ne peut rien résoudre.
La fin inéluctable de l’État d’Israël est programmée
« Le fait pour Israël de quitter le rôle de représentant de la victime pour revêtir l’habit du bourreau, malgré les tentatives de ses dirigeants et de leurs soutiens d’assimiler toute critique de leur politique à de la haine antisémite, peut en effet être considéré comme un séisme. Il bouleverse sans nul doute la perception que le monde a des juifs et consolide le cercle vicieux faisant que la politique d’Israël alimente le regain mondial de l’antisémitisme, tandis que ce dernier conforte la doxa sioniste voulant que les juifs ne soient en sécurité que dans leur État. »
Je partage totalement cette analyse. Netanyahou a réussi ce que tous les antisémites réunis de la terre n’avaient pu faire : détruite la légitimité frauduleuse de l’État d’Israël (basée sur le génocide des six millions de Juifs en Europe, frauduleux car ces victimes n’auraient sans doute pas été d’accord pour que l’on fasse aux Palestiniens ce que l’on avait fait contre eux). Et sans cette légitimité – même frauduleuse – l’État d’Israël ne pourrait survivre.
Il n’a vécu que PAR et POUR la guerre, mais il a été trop loin et trop fort cette fois. La riposte israélienne au 7 octobre 2023 est incontestablement le début du compte-à-rebours de la fin programmée de l’État sioniste. Cela se fera au prix de nouveaux massacres de sang, de peur, de bombes, de destructions massives, de victimes, d‘enfants, de mères, de jeunes et de vieillards assassinés par la haine raciste et fasciste. Mais la barbarie se mène au grand jour, devant les yeux effarés du monde et personne ne pourra oublier : les assassins devront rendre des comptes, tôt ou tard.
« La violence est la grande accoucheuse de l’Histoire » avait dit Engels. A moins que dans un ultime sursaut, l’Humanité ait assez de force pour faire arrêter la boucherie sanglante de Gaza et d‘ailleurs en Palestine. Mais est-il encore temps ? Comme le disait aussi Horace : le procès est encore devant le juge… de l’Histoire.
Christian Eyschen
La civilisation judéo-chrétienne, Anatomie d’une imposture par Sophie Bessis – Éditions Les liens qui libèrent – 91 pages – 10€