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Billet de blog 9 janvier 2024

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Société civile et gouvernements

En relation avec le remaniement ministériel, le sujet que je voudrais traiter dans cet article est celui-ci : la Société civile dans les gouvernements à la place du personnel politique traditionnel, est-ce un phénomène de crise ou une solution durable ?

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Macron/Borne/Attal : le roi est nu

Cela tourne à la caricature, c’est le gouvernement des clones. Emmanuel Macron n’a plus rien dans sa besace, on reprend les mêmes et on ne change pas une équipe qui perd.

On arrive à la fin des ultimes contorsions pour sauver la Ve République : Pour qui sonne le glas ?

Il est temps d’en finir : Constituante élue et souveraine pour un Gouvernement du Peuple, par le Peuple et pour le Peuple

La Libre Pensée livre son analyse de cette impasse gouvernementale et du Régime.

La Fédération nationale de la Libre Pensée

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Quand la bourgeoisie a pris le pouvoir à la suite de la Révolution française de 1789, elle a voulu rompre aussi avec le principe de l’Ancien-Régime qui consistait à faire Ministres des Princes de sang (on avait le sens de la famille en ce temps-là), mais aussi de prendre des « techniciens » ou des « politiques » dans certains milieux pour assurer la gestion des affaires de la Monarchie.

On pense ainsi à Guillaume de Nogaret, Enguerrand de Marigny, l’Amiral de Coligny, Michel de l’Hôpital, Nicolas Fouquet, Jean-Baptiste Colbert, Richelieu, Mazarin, l’Abbé Dubois, Calonne, Necker, Talleyrand, Fouché, Martignac, Polignac, François Guizot, Adolphe Thiers, de Broglie, pour les plus marquants des Monarchies.

Si les lecteurs veulent en savoir plus sur ces questions, et resituer les choses dans leurs contextes et dans l’Histoire, je leur conseille de se procurer mon ouvrage « Le Livre des Rois, de la Monarchie à la Républiqu», au prix de 23€ pour 246 pages, soit 0,09€ la page. Ce n’est pas cher pour tout savoir sur les Rois de France !

Le cycle ouvert par 1789 va viser, dans sa forme républicaine, à sélectionner un personnel gouvernemental de type « professionnel ». Sous la IIIème République, la stabilité passe par le professionnalisme ministériel, on retrouve souvent les mêmes Ministres qui changent de spécialités souvent, appuyé par l’Administration toujours « fidèle au poste ». La formule est connue : les Gouvernements passent, l’Administration reste.

Karl Marx appelait les gouvernements les « Conseils d’administration de la bourgeoisie », il fallait donc des « professionnels » pour cela. Les politiques de « Droite » et de « Gauche » finissant toujours par se ressembler, on pouvait passer à une autre étape : former des « techniciens professionnels » qui resteront toujours en place globalement quelle que soit la couleur du Gouvernement. De là est né le mythe de la Synarchie entre autres.

Au début était Vichy

Le Régime de Vichy a sans doute le premier poussé le plus loin la constitution de cette « couche sociale » « Au service de l’État, quoiqu’il en coute ! ». L’idée d’une Grande École de Formation des cadres administrato-politiques est née à Vichy, mais n’a pas eu le temps de se constituer du fait de la tournure des événements militaires.

De Gaulle la reprendra à la Libération et formera l’École Nationale de l’Administration (ENA). C’était sans doute à cela qu’il pensait en partie, quand il écrivait dans ses Mémoires qu’il y avait de bonnes choses à reprendre à Vichy, mais que cela avait été compromis par la Collaboration avec l’Allemand. Une fois les Teutons partis et ramenés chez eux, de Gaulle n’avait qu’à puiser dans le panier de Pétain et de son Régime.

C’est ainsi que l’ENA, couplée souvent avec Sciences-Po au fil du temps, est devenu le creuset de formation de l’élite gouvernementale, toutes couleurs confondues. « Dis-moi qui t’a formé et d’où tu viens, je te dirai pour qui tu travailles ». Ceci n’a pas été rien dans le fait que la « Gauche » s’est avalé l’économie de Marché, l’Europe vaticane, le Corporatisme, la soumission à l’Église, l’alignement sur les Etats-Unis. etc. Le même moule donnait le même produit, c’est vrai dans l’industrie, c’est vrai aussi en politique.

Il fut un temps où, sous la IIIème République, la tradition politique était de mettre les meilleurs à l’Assemblée nationale, expression et lieu réel du pouvoir politique et d’en réserver quelques-uns pour être ministres, mission par définition temporaire et plus courte que le mandat parlementaire, comme un bâton de Maréchal de fin de carrière.

La Vème République change la donne

La Vème République a inversé le processus en constituant une majorité parlementaire aux ordres, mais en gardant une certaine représentation de délégation par les partis politiques ; preuve de l’impuissance du bonapartisme à aller jusqu’au bout de sa mission : supprimer toute représentation politique par la libre organisation des citoyens, permise par la loi de 1901 qui vit la naissance du premier parti politique, le Parti radical et Radical-Socialiste.

On envoyait les « meilleurs » au Gouvernement et on gardait les Godillots pour l’Assemblée nationale, le Sénat servant à récompenser les « méritants ».

La crise des Institutions de la Vème République a fait que l’on a eu des gouvernements de Droite, de Gauche, des cohabitations Gauche/Droite, des cohabitations Droite/Gauche, à nouveau des gouvernements de Droite, puis de Gauche, puis de Droite.  « Gauche » étant toujours entre guillemets et entre parenthèse.

On avait déjà eu droit à des tentatives sous le « de Gaulle finissant » avec Michel Jobert,  né le 11 septembre 1921 à Meknès (Maroc), mort le 26 mai 2002 à Paris (Île-de-France). Français, gaulliste, puis gaulliste d'opposition, il fut ministre des Affaires étrangères entre 1973 et 1974 sous la présidence de Georges Pompidou, puis ministre du Commerce extérieur entre 1981 et 1983 sous la première présidence de François Mitterrand. Il participa à l'élaboration de la Constitution instituant la Vème République. (Source : Wikipédia).

Puis, il y a eu Lionel Stoléru, sous Giscard. Il est le fils de Ilie Stoléru, Juif originaire de Vaslui en Roumanie, et de Fernande Blum, Juive originaire d'Autriche. Sous le régime de Vichy, toute sa famille est fichée en tant qu'israélite par la préfecture de la Loire-Inférieure (aujourd'hui Loire-Atlantique), mais elle échappe à la déportation. Son père est directeur technique des brasseries de la Meuse (situées sur le site de l'ancienne carrière de Miséry dans le quartier Chantenay à Nantes).

Il fait partie de tous les gouvernements sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing à partir de 1974. Il est secrétaire d'État chargé de la Condition des travailleurs manuels sous le premier gouvernement de Jacques Chirac, puis reconduit sous les gouvernements Raymond Barre. En 1988, il est élu député dans l'Oise avec l'étiquette « Majorité présidentielle », soutenu par le Parti socialiste, dans le cadre de l'ouverture au centre ; il quitte son mandat au bout de deux semaines en raison de sa nomination au gouvernement de Michel Rocard. En 1993, il se représente sous la bannière de Génération écologie, mais est éliminé au premier tour. (Source : Wikipédia). Un vrai macroniste avant l’heure.

Enfin, François Mitterrand accélère le mouvement avec Bernard Kouchner et surtout Bernard Tapie. Entre le premier « Un tiers-mondiste et deux tiers mondains » et le second, l’affairiste en déroute, on a déjà une idée de la suite. Tous les mouvements de « Droite comme de Gauche » qui vont se succéder ensuite seront de la même veine avec des doses de « Société civile » plus ou moins fortes.

Le Macronisme, nec plus ultra de la Finance

Devant cette impasse de gestion gouvernementale est survenu Emmanuel Macron, comme la possibilité d’une « Troisième voie », celle de l’éviction du personnel politique traditionnel de la Bourgeoisie par le remplacement par les représentants directs de la Bourgeoisie : la Société civile. On ne confiait plus le travail à un personnel fabriqué et formé pour cela, mais le Capital financier devait être directement aux manettes, sous la houlette du Représentant-Président de la Banque Rothschild. Plus d’intermédiaires, le Capital en direct. Les ministres sont maintenant sélectionnés pour être les représentants-placiers des intérêts directs du Capital et de la Finance. Être ministre revient à sa première signification : exercer un métier.

Le « cycle perpétuel » arrive à sa fin, plus rien ne marche, la crise se développe. Il ne reste plus que la menace de l’extrême-droite qui marche de moins en moins jusqu’au moment (proche) où cela ne marchera plus, et le résultat de toute cette instrumentalisation est que l’extrême-droite au pouvoir ne semble plus une idée incongrue pour certains.

On voit que Macron s’est livré à une véritable purge des Enarques. Cela ressemble étrangement à aux « normalisations » que l’on a connue dans les Pays de l’Est.

Mais les mêmes causes produisant les mêmes effets, Macron se retrouve dans la même situation que de Gaulle (le triomphe et le panache en moins). Celui-ci avait pris le pouvoir pour en finir avec « le Régime des Partis », mais dès 1958, il dut composer avec eux. On n’efface pas la tradition et la force de la représentation organisée de la politique par sa seule volonté.

La Politique, la « Vieille Taupe » de Marx creuse toujours.

Où en sommes-nous ?

Emmanuel Macron a lessivé la ressource des cadres formés par l’ENA, en les remplaçant par la Société civile, parée des plus grandes vertus, ce qui a conduit à une impasse et une incompétence profonde. Il est obligé de composer avec « le régime des partis » pour tenter, vainement de se trouver une majorité et une base politique. Il est dans une contradiction absolue : en finir avec les Partis, mais il a besoin d’un Parti, qui change de nom comme un caméléon. Il n’arrive ni à s’en passer, ni à le construire. C’est l’impasse.

C’est la même tragique impasse qu’a connu de Gaulle à la Libération, il ne s’en sortira que par le Coup d’Êtat du 13 Mai 1958. Il est vraisemblable que Macron est dans la même problématique, d’où son instrumentalisation de l’extrême-droite qui ressemble fâcheusement à l’utilisation de l’OAS pour le Général 2 étoiles. C’est la volonté de s’en servir pour être un « rempart ».

Le Bonapartisme (même dans un état avancé de décomposition et d‘impuissance, impuissance parce que décomposé, décomposé parce qu’impuissant) a toujours eu besoin de Coups d‘État « comme la nuée qui porte l’orage ». Mais Macron n’est pas de Gaulle, loin s’en faut.

Il n’a plus rien dans sa besace, les renouvellements des gouvernements pour « relancer » les quinquennats sont une démonstration toujours croissante de la nullité et de l’inefficacité de sa « politique », toute entière soumise aux besoins du Capital financier. On pourrait appliquer la désormais célèbre formule sur les Albums des Rolling Stone : Toujours pire que le précédent, toujours meilleur que le prochain.

Là où la nullité apparait de la manière la plus criante est sans doute au Quai d’Orsay où cette politique du « Grand remplacement » a fait des ravages et entraine crise sur crise et ne débouche que sur l’impasse de l’effondrement du « rayonnement de la France », avec toutes les conséquences économiques désastreuses. C’est le paradoxe absolu : l’Agent du Capital, ardent défenseur de la Mondialisation, est celui qui nuit le plus aux intérêts du Capital français à l’étranger. Il fait d’ailleurs strictement la même chose du point de vue de l’Armée. C’est Waterloo tous les jours.

Et avec cela, il est doté d’un personnel « politique » frappé de nullité et d‘incompétence. Dans les différents gouvernements d’Emmanuel Macron depuis 2017, hormis quelques ministres « régaliens », la majorité des ministres sont totalement inconnus, apparaissent et disparaissent aussi vite qu’ils sont venus.

Le pouvoir est une passoire

Depuis son entrée en fonction en mai 2017, le Président Macron a accepté la démission de vingt ministres et secrétaires d’État, notamment à la suite d’échecs électoraux ou d’affaires judiciaires : quatorze ministres, cinq secrétaires d’État, auxquels s’ajoute le haut-commissaire aux retraites auprès de la ministre des Solidarités et de la Santé, Jean-Paul Delevoye.

Ce décompte exclut les « démissions de gouvernement » présentées par les Premiers ministres Édouard Philippe et Jean Castex.

°0°

Le bonapartisme macronien n’a jamais eu aucune base sociale, et il en a de moins en moins. C’est le Roi du Paradoxe décidément ! Le Roi-Bonaparte-Jupitérien est nu. Il suffira d’une poussée pour le faire tomber. D’où le recours toujours plus grand à la violence policière d’État pour réprimer tous les opposants. Mais les chutes des dictatures l’ont montré amplement, cela n’a qu’un temps et la réalité arrive toujours à se faire rappeler aux bons souvenirs des Totalitarismes.

La répression ne résout jamais rien, elle ne fait que faire tenir un peu plus longtemps, mais la fin est déjà programmée. Les seules inconnues sont le délai et la date. C’est la Chute finale, Groupons –nous dès demain !

Christian Eyschen

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