Un jury d’honneur constitué pour défendre Pierre-Olivier Poyard, l’homme brisé des Vosges Le professeur et le militant victime d’une cabale politique
Depuis 2011, Pierre-Olivier Poyard exerce en qualité de professeur titulaire d’éducation socio-culturelle (ESC) au lycée agricole et forestier public de Mirecourt dans le département des Vosges. Créée en 1965 dans le sillage de la loi complémentaire d’orientation agricole du 8 août 1962, l’ESC a actuellement pour ambition de « […] contribuer à accompagner les changements sociaux et culturels par la formation des acteurs […]»1. Elle consiste à présenter aux élèves l’environnement social et culturel, à les initier aux arts, à les sensibiliser à la communication et à contribuer à les former à la citoyenneté. Sociologue de formation, « enseignant enthousiaste et passionné […] sur lequel la communauté éducative peut compter en termes d’écriture de projets » comme le souligne un rapport d’inspection du 28 mars 2022, Pierre-Olivier Poyard accomplit avec talent la mission qui lui est confiée à Mirecourt.
Auteur du livre intitulé Oser la paix (Le Temps des Cerises, 2021), et du livre Écologie et Paix (Émile communication, 2024), Pierre-Olivier Poyard milite par ailleurs activement dans son syndicat, rattaché à la Fédération syndicale unitaire (FSU) : il a notamment défendu avec succès des titulaires et des contractuels de droit public de son établissement dont les rémunérations avaient été irrégulièrement diminuées de plusieurs dizaines de milliers d’euros. Il était un adhérent actif du Parti communiste français (PCF) et s’active aussi dans plusieurs associations, notamment la fédération départementale de la Libre Pensée des Vosges et le Mouvement de la Paix, dont il a été le trésorier national en 2023.
Au moment de la tenue du trente-neuvième congrès du PCF, une de ses collègues communiste, Mme D., professeur d’histoire-géographie contractuel dans le même établissement depuis 2015, a soudainement considéré, sans le démontrer sérieusement, qu’elle était victime de la part de Pierre-Olivier Poyard de harcèlement moral, consistant à proposer à la victime présumée de rejoindre le syndicat FSU de l’enseignement agricole, ou de reprendre son adhésion à la CGT dans les Vosges, après avoir cessé de cotiser en Meurthe et Moselle. L’affaire a donc pris sa source non pas dans un acharnement de Pierre-Olivier Poyard à l’égard de cette femme mais dans un conflit politique visant à éliminer ce dernier du PCF par des méthodes indignes, en raison de son engagement dans le mouvement pacifiste. Le 14 mars 2023, dix jours après la clôture du congrès de la section locale, Mme D. déposait auprès de la brigade de gendarmerie de Mirecourt une main-courante par laquelle elle se déclarait victime de harcèlement syndical et professionnel, de la part de Pierre-Olivier Poyard. Le 7 avril suivant, le jour de l’ouverture du congrès national du PCF à Marseille, elle remettait à la même autorité une plainte par laquelle elle l’accusait de harcèlement moral. Dans le rapport ouvrant la procédure administrative disciplinaire, la directrice de l’établissement a d’ailleurs relevé qu’« une discorde au sein [du PCF] serait à l’origine de ces faits. »
Un dossier pénal vide
La gendarmerie a sérieusement instruit la plainte déposée par Mme D. Pierre-Olivier Poyard a été placé en garde-à-vue le 9 mai 2023, et emmené menotté à l’hôpital psychiatrique de Mirecourt, où, sous la contrainte induite par les circonstances, il a avoué contre son gré son homosexualité. Outre le mis en cause, les gendarmes ont entendu dix-sept témoins parmi lesquels quatre membres du PCF, certains étant totalement étrangers à l’établissement, et l’ex-compagne de Pierre-Olivier Poyard. De leurs propos, consignés dans les procès-verbaux d’enquête, dont nous avons pris connaissance, il ressort que beaucoup ont décrit Pierre-Olivier Poyard comme une personne « atypique », voire « un électron libre », en quelque sorte, un esprit fort capable de se forger une opinion par soi-même : un libre penseur. Toutefois, la plupart n’ont pas corroboré les accusations portées contre lui. Un florilège d’affirmations des personnes entendues par les enquêteurs suffit à démontrer l’absence de fondement de la plainte de Mme D. : « Concernant Mme D., je n’ai jamais été témoin de quoi que ce soit directement », selon la conseillère principale d’éducation se disant l’amie de la prétendue victime ; « Il [Pierre-Olivier Poyard] ne cherche pas à détruire Mme D. […] », dixit un professeur ; le chargé de communication rapporte, d’une part, que Pierre-Olivier Poyard, lors d’une sortie scolaire, « […] a demandé aux élèves d’applaudir Mme D. », d’autre part, que « Dans les échanges avec Mme D., concernant M. Poyard, [il n’a] jamais ressenti quelque chose qui pouvait laisser paraître qu’on en arriverait à une plainte » ; à la question de savoir comment se comporte Pierre-Olivier Poyard à l’égard de Mme D., une autre enseignante affirme « Normalement. » En effet, le dossier d’instruction de la plainte déposée contre Pierre-Olivier Poyard est vide, les témoins supposés à charge ayant fait preuve pour le moins de retenue dans leurs appréciations négatives. En effet, que lui a reproché la prétendue victime au point de saisir la justice ? Rien de délictueux : des propositions d’adhésion à la FSU ou de ré-adhésion à la CGT ; la participation à des listes électorales professionnelles ; des désaccords éventuels sur des animations socio-culturelles ou pédagogiques à conduire en commun ; l’envoi de messages à son mari, en tant que responsable local du PCF ; une très ancienne remarque remontant à l’arrivée de Mme D. par laquelle Pierre-Olivier Poyard l’aurait informée en 2015 qu’un titulaire, qui occupait son poste précédemment, avait demandé à le reprendre.
Par conséquent, « faute de grives, on mange des merles » : sur proposition de la gendarmerie de Mirecourt, le procureur de la République a préconisé une médiation pénale, c’est-à-dire une alternative aux poursuites, lorsque le délit présumé présente un faible degré de gravité. En l’espèce, même cette mesure a échoué et, à ce jour, Pierre-Olivier Poyard reste exempt de poursuites, à défaut du moindre commencement de preuve des accusations portées contre lui.
Une étrange procédure disciplinaire
La vacuité du dossier pénal n’a pas pour autant découragé la directrice de l’établissement, relayée par la direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DRAAF), d’engager une action disciplinaire contre Pierre-Olivier Poyard. Dans le rapport de lancement de cette procédure en date du 16 juin 2023, établi à la suite d’une réunion de médiation du 13 avril 2023 à laquelle s’est rendu Pierre-Olivier Poyard mais à laquelle n’est pas venue Mme D., opportunément malade, la première a noté : « Mme D. subirait du harcèlement moral de la part de M. Poyard. Nous comprenons que ces faits sont en lien avec des éléments extérieurs à l’établissement : les deux protagonistes sont militants dans le même parti politique et une discorde au sein de ce parti serait à l’origine de ces faits. » Très vite, elle a abandonné le conditionnel pour affirmer qu’aurait été « avéré » le harcèlement moral que Pierre-Olivier Poyard aurait fait subir à Mme D. Pour étayer sa conviction, la directrice de l’établissement a demandé à Mme D. de fournir des témoignages. Celle-ci s’est exécutée et a remis une suite d’accusations formulées par des personnes dont l’identité n’est pas connue, si l’on en juge par l’état du dossier : selon elle, il s’agirait de « témoignages anonymisés mais identifiés par la DRAAF », administration dont le pouvoir de divination est bien connu. Parmi ces témoignages, on compterait également celui d’une secrétaire nationale du PCF, pourtant totalement étrangère à l’enseignement agricole.
Pour alourdir les charges pesant sur Pierre-Olivier Poyard, dans le cadre de la procédure disciplinaire, Mme D. s’est employée laborieusement à le présenter comme un possible auteur d’agressions sexuelles sur mineurs. Ces accusations n’ont fait l’objet d’aucune plainte des élèves, ni de leurs parents. De surcroît, l’officier de police judiciaire de la gendarmerie les a démenties catégoriquement dans un message du 23 mai 2023 adressé à la directrice de l’établissement : « […] s’il était ressorti de cette enquête des faits d’agression sexuelle ou d’atteinte sur des mineurs alors vous en auriez été informé [sic], ce n’est pas le cas. » À titre de justification incontestable de ses affirmations, Mme D. a utilisé un argument montrant sa grande ouverture d’esprit : Pierre-Olivier Poyard a fait découvrir à ses élèves deux œuvres immenses mais sans doute impies, L’Origine du monde du peintre communard Gustave Courbet et Les Demoiselles d’Avignon du libertin Picasso.
L’administration a laissé prospérer cette sordide cabale politique étrangère à l’enseignement agricole public. En premier lieu, elle a refusé pendant près d’un an à Pierre-Olivier Poyard l’accès à son dossier individuel de fonctionnaire. En second lieu, elle lui a refusé la protection fonctionnelle à laquelle il avait droit, aucune faute détachable du service n’étant retenue contre lui lorsque Mme D. a déposé sa plainte, ni après, d’ailleurs. Cela contraint Pierre-Olivier Poyard à payer de sa poche plus d’une dizaine de milliers d’euros de frais d’avocat. Sur le fondement d’un rapport de l’administration entièrement à charge contre lui et en dépit de la dénonciation unanime de cette cabale par les organisations syndicales siégeant dans la commission administrative paritaire disciplinaire, l’administration a exclu de fonctions Pierre-Olivier Poyard, un syndicaliste tenace, pendant huit jours dont quatre avec sursis.
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Digne de figurer dans les scènes de la vie de province de la Comédie humaine d’Honoré de Balzac, cette terrible mésaventure a plongé brutalement Pierre-Olivier Poyard dans les tourments qu’inflige aux êtres l’homophobie et les affres d’une profonde dépression pour laquelle il est en arrêt pour maladie de longue durée. À Mirecourt, célèbre ville de luthiers, les « sanglots longs des violons de l’automne » ne se bornent pas à blesser son « cœur d’une langueur monotone » : Pierre-Olivier Poyard est brisé. Des élus, des syndicalistes et des responsables d’associations viennent donc de constituer un jury d’honneur qui entend établir la vérité, dénoncer l’injustice dont il est victime et lui rendre sa dignité.
Il faut rétablir Pierre-Olivier Poyard dans son honneur
Luc NEUHAUSER
Président du jury d’honneur
1 Ministère de l’agriculture et de la pêche, direction générale de l’enseignement et de la recherche, circulaire DGER/SDEPC/C2006-2002 du 21 mars 2006.
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Jury d’honneur pour Pierre-Olivier Poyard
Président : Luc Neuhauser, Président de la Libre Pensée des Vosges
1 : Arias José pour le Parti Ouvrier Indépendant
2 : Aurigny Nicole, Présidente de la Fédération nationale laïque des Monuments Pacifistes, Républicains et Anticléricaux
3 : Biardeau Claude, ancien Proviseur de Lycée professionnel
4 : Boulanger Edith du Mouvement de la Paix
5 : Jean-Michel Ducomte de la Ligue des Droits de l’Homme
6 : Pierre Jean-Sébastien, Président de la Libre Pensée
7 : Romero-Michel Jean-Luc, Adjoint à la Maire de Paris en charge des Droits Humains, de l’Intégration et de la lutte contre les Discriminations, Conseiller de Paris 12 en charge du Tourisme et des Métiers d’art, Président-fondateur d’ELCS, Président d’honneur de l'ADMD
8 : Secondé Jean-François, Conseiller régional Grand-Est, Conseiller municipal Metz, Membre de la France Insoumise
9 : Slyper Marc de la CGT spectacle
10 : Szeferowicz Sylvie, Secrétaire de l’Union départementale FO de la Marne, membre de la Commission exécutive confédérale de la CGT-FO
11 : Bech Victoire, membre du bureau national de l'association nationale des communistes
12 - Poisson Léo, Président du Comité des Vosges du Mouvement de la Paix - Militant CGT et membre du PCF-Fédération des Vosges
Dominique Goussot, responsable de la Commission « « Droit et Laïcité » de la Fédération nationale de la Libre Pensée comme Conseil juridique.