Emmanuel Macron et le Délit de blasphème : le retour de la Chambre Ardente ?
Chacun s’interroge : à quoi va aboutir la folle dérive autoritaire et répressive d’un pouvoir à la dérive dans des Institutions à l’agonie ? La répression s’accroît au-delà de toute limite. La violence des humbles n’est que le produit de la violence des maîtres.
Chacun s’interroge : à quoi va aboutir la folle dérive autoritaire et répressive d’un pouvoir à la dérive dans des Institutions à l’agonie ? La répression s’accroît au-delà de toute limite : Manifestants arrêtés, détenus au mépris de la loi, blessés, mutilés, voire même tuée dans un cas.
De simples citoyens qui reprennent les formules du Président de la République sur « Je suis là pour emmerder les gens » sont arrêtés, mis en garde à vue, condamnés. Hier, c’était un citoyen condamné parce qu’il brandissait une pancarte portant l’inscription « Casse-toi, pauvre con ! », formule célèbre de Nicolas Sarkozy, alors Président de la République. C’est aujourd’hui un citoyen poursuivi au Tribunal pour avoir brandi un doigt d’honneur en direction du Chef de l’Etat, alors que son propre ministre de la Justice avait adressé trois bras d’honneur aux députés en séance à l’Assemblée nationale. Un autre poursuivi aussi pour avoir traité Emmanuel Macron de « Foutriquet ».
Le message est clair : le Pouvoir peut insulter et mépriser le peuple, il a l’impunité politique des Institutions de la Ve République. Et le Peuple n’a qu’à subir, il lui est interdit de répondre de la même manière. L’insulte, le mépris, la grossièreté et la brutalité deviennent propriétés d’Etat.
Le pouvoir devient fou, absolument fou, mais contrairement à la mythologie, ce n’est pas Jupiter qui les rend fous pour les perdre. C’est Jupiter qui s’applique à lui-même sa sentence. Le Pouvoir devrait se rappeler ce que disait Gracchus Babeuf, qui s‘y connaissait en révolution. Il expliquait que la violence des humbles n’est que le produit de la violence des maîtres qui ont une double responsabilité en la matière : celle d’utiliser la violence pour dominer et celle ne pas avoir éduqué le peuple contre.
Ne comptons pas, pour rétablir le Droit, sur le Conseil constitutionnel, qui est soumis aux Institutions en décrépitude. On l’a vu par son « avalissement » (synthèse d’avaliser, d’avilir et être vassalisé) sur la loi antilaïque « Séparatisme », sur la loi de destruction des Retraités. Médiapart ((21/04/2023) nous informe que les membres du Conseil constitutionnel au cours de leur mandat peuvent recevoir la Légion d’Honneur. Qui pourrait penser qu’ils puissent être indépendants du Pouvoir ? Cela ferait hurler l’opinion publique et les médias dans d’autres pays, mais dans le doux pays de France, c’est totalement légal et approuvé. Ainsi le veut la Ve République.
Que fait la Justice ? Elle condamne à tour de bras, non pas les insulteurs au pouvoir, mais ceux qui subissent les insultes, le mépris et les coups. L’avocate Coline Bouillon, avocate de plusieurs gardés à vue du 1er Mai 2023, va plus loin et fustige « une mise au pas de la justice au service de la police ». (Médiapart 11/05/2023).
« (Le délit) d’outrage constitue, par nature, une atteinte flagrante à la liberté d’expression. Cette dernière est le principe et sa limitation n’est possible qu’en cas d’usage abusif, rappelle Claire Dujardin, Présidente du Syndicat des Avocats de France (SAF). Or, l’outrage n’est pas forcément abusif. La satire est autorisée dans une société démocratique. La CEDH (Cour européenne des Droits de l’Homme) est particulièrement vigilante lorsque la personne visée est dépositaire de l’autorité publique car, dans ce cas, la critique est l’expression des oppositions politiques. Et, même lorsque ça choque, même quand ça heurte, ça reste de la liberté d’expression. » (Médiapart– 07/05/2023).
C’est le retour du délit de Blasphème d’Ancien-Régime et de la Réaction. Médiapart, toujours (23/04/2023), rappelle que le cordonnier Sangnier, qui avait crié dans un cabaret : « J’emmerde Mac-Mahon : c’est un assassin. C’est lui qui a commandé le feu et qui est l’auteur des assassinats de nos concitoyens pendant la Commune» avait été condamné à trois mois de prison.
« Or c’est toujours en 1877, le 15 août très exactement, que Léon Gambetta allait prononcer, à Lille, sa formule fameuse et terriblement d’actualité en ce printemps 2023 : « Quand la France aura fait entendre sa voix souveraine, il faudra se soumettre ou se démettre. » Gambetta serait poursuivi pour offense envers le Président Mac-Mahon et condamné à trois mois de prison. Il ferait appel, mais la démission de Mac-Mahon, le 30 janvier 1879, mettait fin à l’affaire. »
« Ce Président assassin gagna, au XIXe siècle, le sobriquet de « Foutriquet ». Grâce, en particulier, au polémiste Henri Rochefort, qui s’était illustré dans un journal satirique : Le Charivari ! Rien ne dit que l’infâme Thiers sera le seul dépositaire, à jamais, d’un tel surnom. Et rien ne dit qu’au XXI siècle, son (in)digne successeur ne tentera pas de rendre illicite cette appellation, dans sa désastreuse fuite en avant »
Il est incontestable que l’on revient à marche forcée vers le rétablissement du Délit pénal de Blasphème, mais pas pour défendre la Religion catholique (quoique… puisqu’il faut rétablir le lien entre la République et la Religion catholique, cassé par la loi de 1905, dixit Sa Suffisance aux Bernardins), mais pour défendre à tout prix le Pouvoir. Il est quelque peu dérisoire et lamentable qu’Emmanuel Macron puisse, ne serait-ce que songer, empêcher que le peuple défende et rétablisse la véritable Démocratie.
Emmanuel Macron dans les pas d’Henri II et de Louis XIV
Faisons un peu d’Histoire. Le Traité de paix du Cateau-Cambrésis désigne les traités de paix signés les 2 et 3 avril1559. Ils mirent un terme à la onzième guerre d'Italie, entre la France d'un côté, l'Espagne et le Saint-Empire romain germanique de l'autre. Il est l’œuvre d’Henri II Roi de France et fils de François 1er et de Philippe II, fils de Charles Quint.
Les deux rois font la paix, car leurs pays sont exsangues du fait de toutes ces années de guerre et de l’effondrement des finances, l’économie est à bout de souffle et les serfs sont en état de révolte permanente face à la misère qui leur imposée par les « Grands » (toute ressemblance avec la période actuelle est loin d’être fortuite). Il leur faut la paix pour rétablir la situation financière et surtout pour engager ensemble, malgré leurs différends, la lutte frénétique et fanatique contre les Protestants. Ils avaient décelé le caractère démocratique de celui-ci, qui constituait un danger sur le plan politique. Emmanuel Macron, lui, engage le processus de la marche à la guerre pour satisfaire les exigences de Bruxelles sur la dette, les intérêts des lobbys militaro-industriels et pour se soumettre toujours davantage aux Etats-Unis ; il s’agit d’une différence notable avec ces rois.
Mais sur le fond, il y a beaucoup de ressemblance avec le Monarque actuel. Henri II, six jours après son avènement, le 5 avril 1547, rend un Edit aggravant les peines contre les Blasphémateurs. A la huitième récidive, les coupables avaient la langue arrachée. Le 8 octobre de la même année, il institua au Parlement de Paris (qui était une cour de Justice et non de représentation du peuple) une chambre spécialisée dans les procès d’hérésie.
Elle entrera dans l’Histoire sous le nom de Chambre ardente, du fait de la couleur de ses tentures. Elle prononcera des centaines de jugements pour Blasphème et Hérésie. Les peines étaient l’amende honorable, le bannissement et le bûcher avec ou sans pendaison préalable. Si les Blasphémateurs maintenaient ou réitéraient leurs propos, ils avaient aussi la langue coupée pour les faire taire. Faire taire les opposants a toujours été la préoccupation des Totalitaires au pouvoir.
La Chambre ardente fut en France, à différentes époques, un Tribunal extraordinaire créé pour juger les crimes concernant l'État. Elle servira aussi sous Louis XIV dans l’affaire dite « des poisons » qui enclencha une gigantesque « chasse aux sorcières ». Elle était surtout faite contre les Blasphémateurs et les Protestants qu’elle conduira par charrettes entières au bûcher. Mais la morale humaine y trouvera malgré tout son compte : si la Monarchie d’Ancien-Régime ne voulait pas des Protestants et des Blasphémateurs qui ne cessaient de protester, eux aussi, contre la tyrannie, l’oppression et la répression, elle eut la Révolution française qui l’emporta comme un fétu de paille. L’Histoire humaine est parfois longue, mais elle marche inéluctablement vers sa destinée.
C’est la même logique pour Mac-Mahon qui ne voulait pas se soumettre et qui fut contraint de se démettre d’une certaine façon. Mais l’Histoire peut être aussi plus rapide. L’ancien commis de la Banque Rothschild devrait méditer sur tout cela et surtout sur les affaires judiciaires de Nicolas Sarkozy qui lui mordent la nuque et le conduiront très probablement en prison, ayant épuisé tous les recours possibles et les diversions judiciaires. Il y a dans ce pays comme une odeur de corruption qui ne flatte pas les narines d’un peuple épris de justice et d’égalité devant la loi.
La Révolution française et l’avènement de la République (la vraie, pas celle des Godillots et des affairistes de la Ve République) ont montré que personne n’est intouchable. Plus la « dette » est grande et longue à être honorée, plus les intérêts sont lourds. Quelqu’un venant du monde des Banques devrait aisément pouvoir comprendre cela.
Quant à la Justice, elle devrait se ressaisir pour ne pas être comme la Chambre Ardente et finir comme le Régime qui l’a portée.
Christian Eyschen
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