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Billet de blog 30 mai 2023

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Au revoir les Enfants !

Fichage des élèves musulmans dans les établissements scolaires d'Occitanie : on recense, puis nécessairement on fiche, et comme cela la police à une topologie exacte des religions par quartiers. Cela a beaucoup servi les 16 et 17 Juillet 1942 pour organiser la Rafle du Vel’ d’Hiv.

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Illustration 1
Une de Avant-Scène - Juillet 1988

Ceci est en partie une fiction, mais pourrait devenir une sinistre réalité dans peu de temps.

C’était hier

Au revoir les enfants est un film franco-germano-italien réalisé par Louis Malle, sorti en 1987. Il présente l'histoire romancée, vue par un collégien, du père Jacques de Jésus, prêtre résistant qui a caché des enfants juifs dans son collège. Le film est présenté à la Mostra de Venise 1987, où il remporte le Lion d'or, ainsi qu'à la  cérémonie des Césars 1988, obtenant sept prix, dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur, et à la cérémonie des Oscars 1988 pour deux nominations.

Durant l'hiver 1943-1944, dans la France occupée, Julien Quentin (Gaspard Manesse) qui a 12 ans, fils d'une famille bourgeoise, est pensionnaire au petit collège Saint-Jean-de-la-Croix, tenu par les pères Carmes. Il retrouve le chemin de l'école sans joie après les vacances de Noël, pour le deuxième trimestre. Une rentrée presque comme les autres jusqu'à ce que le père Jean vienne présenter trois nouveaux élèves. L'un d'entre eux, le jeune Jean Bonnet (Raphaël Fejtö), est le voisin de dortoir de Julien.

Les deux élèves se jaugent, Julien est intrigué par Jean, garçon fier, mutique et mystérieux un temps rejeté par l'ensemble de la classe. Après s'être observés mutuellement, ils s'apprivoisent au jour le jour et un lien d'amitié se crée entre eux. Julien finit par comprendre le secret de son ami, son nom n'est pas Bonnet mais Kippelstein, il est Juif.

Un froid matin de janvier 1944, à la suite d'une dénonciation, la  Gestapo fait irruption dans le collège. Le Père Jean (Philippe Morier-Genoud), Résistant clandestin, et les trois enfants Juifs sont emmenés. Julien ne les reverra plus jamais. Les enfants sont déportés à Auschwitz et le Père Jean à Mauthausen. En quittant le collège, le père Jean a ces derniers mots : « Au revoir les enfants ». (Source : Wikipédia)

C’est aujourd’hui 

Sur ordre du Sinistre de l’Intérieur Dramatin-Obscur, les Enfants des métèques, étrangers, apatrides, immigrés sont recensés pour connaître leur nombre à l’Ecole publique selon leurs pratiques religieuses. L’ordre ne vient pas du Ministre de l’Education nationale, mais de la place Gros-Veau où l’on prépare une loi pour expulser en masse les Étrangers. Comme en 1939.

On connaît la suite logique : on recense, puis nécessairement on fiche, et comme cela la police à une topologie exacte des religions par quartiers. Cela a beaucoup servi les 16 et 17 Juillet 1942 pour organiser la Rafle du Vel’ d’Hiv.

La Droite en rajoute, l’extrême-droite enrage et exulte : « Dehors, dehors, qu’ils retournent en Afrique » hurlent les aboyeurs racistes et xénophobes au Palais-Bourbon. Ils ne manifestent plus devant le Parlement pour « jeter les Députés à la Seine », ils sont dans l’Hémicycle et ils veulent « rejeter les immigrés à la mer ».

Pendant ce temps-là, on construit de nouveaux camps pour les immigrés à expulser. Le Pouvoir a commencé par faire voter des lois de répression, au fur et à mesure, elles sont durcies et renforcées par une majorité de Godillots à la botte de l’Exécutif, au mépris de la plus élémentaire Séparation des Pouvoirs. Le Parlement est foulé aux pieds.

Montesquieu, réveille-toi, ils sont devenus fous !

Comme en 1939-1940, ces lois sur les « étrangers » seront renforcées drastiquement et dramatiquement pour réprimer, arrêter, emprisonner et expulser toujours davantage.

L’extrême-droite attend son heure, les nouveaux « Pétain » sont déjà-là, il faut dire que la Réaction raciste et nationaliste est renforcée et instrumentalisée par le Pouvoir Macroniste dont elle reste le seul argument asséné à profusion jusqu’à vomir pour rester à l’Elysée.

On recense, puis on fiche les enfants, on arrête les Parents, on expulse les familles.

On fiche bien les « gardés-à-vue » pour leur appartenance politique. Là, c’est pour la religion. Malgré les sondages en forte baisse, avec Emmanuel Macron, cela la fiche toujours bien, à tous les niveaux et à tous les étages de la répression.

Et l’extrême-droite gagne les élections les unes après les autres, puisque le Pouvoir Macroniste légitime sa politique et ses vociférations et qu’il s’en sert pour continuer à commettre ses propres turpitudes et justifier son exercice de plus en plus solitaire et minoritaire du pouvoir.

Les listes sont prêtes à être utilisées, on construit encore de nouveaux camps. Et le Sinistre de l’Intérieur félicite toujours davantage les forces de répression et il en constitue toujours de nouvelles, toujours plus violentes.

Et demain ?

Et ensuite ? 

« Nous, Maréchal de France, chef de l'État français, le Conseil des ministres entendu, décrétons :

–  Article premier.  Les ressortissants étrangers de race juive (de religion musulmane ?) pourront, à dater de la promulgation de la présente loi, être internés dans des camps spéciaux par décision du préfet de leur résidence.

–  Article 2.  Il est constitué auprès du ministre-secrétaire d'État à l'Intérieur une commission chargée de l'organisation et de l'administration de ces camps. Cette commission comprend : un inspecteur des services administratifs, le directeur de la police du territoire et des étrangers ou son représentant, le directeur des affaires civiles du ministère de la Justice ou son représentant, un directeur du ministère des Finances.

–  Article 3.  Les ressortissants étrangers de race juive (de religion musulmane ?) pourront, en tout temps, se voir assigner une résidence forcée par le préfet du département du lieu de résidence.

–  Article 4. Le présent décret sera publié au Journal officiel pour être observé comme loi de l'État.

Fait à Vichy, le 4 octobre 1940. »

Ceux qui refusent toujours de défendre la Libre Pensée et la Ligue des Droits de l’homme, attaquées et agressées par l’Extrême-Droite et le Gouvernement, ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas ce qu’ils couvraient du Manteau de Noé de leur complicité ….

Christian Eyschen, Secrétaire général de la Libre Pensée

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