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Billet de blog 10 novembre 2020

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Faut-il expulser tous les parents maltraitants ?

A l'époque de la guerre froide, il fallait choisir. Critiquer tant l'impérialisme yankee que le totalitarisme soviétique vous valait l'accusation de faire le jeu de l'autre camp. Aujourd'hui, il faudrait se tenir du côté des blancs néocoloniaux ou des minorités opprimées. Se montrer critique envers les deux vous fait soupçonner d'être l'idiot utile de l'autre camp. Prenons ce risque !

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Le 17 d’août, une adolescente de 17 ans était rouée de coups et tondue par des membres de sa famille, pour la punir d’avoir fugué quatre jours avec son petit copain. La jeune fille est alors confiée à l’Aide sociale à l’enfance. Le 23 octobre, ses agresseurs ont été condamnés à un an de prison, dont quatre mois avec sursis. Cette sanction pénale légitime deux combats : celui contre la maltraitance faite aux enfants et celui contre la violence faite aux femmes. Tout aurait pu s’arrêter là.

Mais, une polémique est venue se rajouter : non seulement, cette famille d’origine Rom bosniaque et de confession musulmane venait d’être déboutée du droit d’asile, mais en plus, elle s’opposait au mariage de sa fille avec un jeune chrétien, lui-même de nationalité serbe. Un peu trop, sans doute, pour notre ministre de l’intérieur qui tweeta alors : « ils n'ont rien à faire sur le sol national » et précipita leur reconduite à la frontière, aussitôt le jugement rendu.

Au-delà de l’éventuel ressenti de cette adolescente se vivant coupable du sort réservé à la famille qui reste la sienne, rappelons que chaque année, plus de 50 000 mineurs subissent des violences physiques dans notre beau pays. Et les tortionnaires ne sont pas spécialement musulmans, ni demandeurs d’asile !

La famille expulsée a été justement condamnée pour un comportement intolérable. Mais, si elle ne mérite pas de rester en France, que dire des milliers d’adultes maltraitants qui le peuvent comme détenteurs de la nationalité française ? Il n’est bien sûr pas question ici d’en appeler à la reconduite à la frontière de tout parent violentant son enfant.

Pour autant, nous serions beaucoup à nous sentir plus proches de migrants, que de certains de nos compatriotes racistes, homophobes ou sexistes. La considération, le respect ou la bienveillance envers autrui ne sont jamais liés à une nationalité, à une religion ou à une couleur de peau. Pas plus que la connerie, d’ailleurs !

Billet d'humeur de Jacques Trémintin publié dans Lien Social n°1283.

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