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Billet de blog 1 novembre 2013

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«Ender», le monde dont le prince est un enfant

 Imaginez un monde sous la menace d'un peuple extra-terrestre. Imaginez une école de guerre sélectionnant les enfants surdoués afin de former l'unique, le meilleur, celui qui portera sur ses frêles épaules le destin de l'humanité.Eh bien, « la Stratégie Ender », le livre, ce n'est pas ça, ou à peine. Le livre d'Orson Scott Card, paru en 1985, ressemble à du space-opéra dans son thème, et l'on peut craindre que le film qui va sortir en novembre joue sur cette dimension, avec une multitude d'effets spéciaux et de vaisseaux spatiaux.

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Imaginez un monde sous la menace d'un peuple extra-terrestre. Imaginez une école de guerre sélectionnant les enfants surdoués afin de former l'unique, le meilleur, celui qui portera sur ses frêles épaules le destin de l'humanité.

Eh bien, « la Stratégie Ender », le livre, ce n'est pas ça, ou à peine.

Le livre d'Orson Scott Card, paru en 1985, ressemble à du space-opéra dans son thème, et l'on peut craindre que le film qui va sortir en novembre joue sur cette dimension, avec une multitude d'effets spéciaux et de vaisseaux spatiaux.

Mais en fait, dans son œuvre, l'auteur a su rendre secondaire cet aspect, en choisissant de présenter toute l'histoire selon le point de vue de chaque personnage. Ce livre est donc aussi et surtout un parcours initiatique passionnant, celui d'un enfant surdoué, au départ en souffrance, qui va savoir utiliser l'instrumentalisation des adultes pour se développer lui-même. A partir du moment où l'on rentre dans l'histoire, on a beaucoup de mal à lâcher Ender, on le suit dans sa lutte contre tous ceux qui lui envient son talent, et sont prêts à le tuer pour ça, on devine sa souffrance d'être compris par si peu de personnes, et on comprend comment le dépassement de soi devient pour lui une façon de sortir de la souffrance vécue. La dimension humaine est primordiale dans ce texte.

Le livre a été écrit en 1985, quand les tablettes et les consoles n’existaient pas, il constitue d'ailleurs le développement d'une nouvelle écrite en 1977. Il est donc visionnaire et, comme souvent pour la bonne sf, préfigure les dangers qui sont désormais à nos portes.

A la relecture, les qualités de l’œuvre n'ont pas fané, au contraire. Le style d'Orson Scott Card est efficace : il a le talent de nous rendre en permanence impatient de lire la suite. J'ai même suivi le compte-rendu de batailles virtuelles avec enthousiasme, ce que je suis bien incapable de faire devant un jeu vidéo... miracle de l'art du conteur et de l'imaginaire !

Je ne saurai trop conseiller à ceux qui ont prévu d'aller voir le film de lire d'abord le livre ( d'ailleurs, celui-ci est tellement prenant que cela peu aller vite... ). Il laisse en soi des réflexions, par exemple sur le surdouement et sur la place qui est faite aux enfants doués, mais pas seulement, réflexions qui en appellent d'autres. C'est ce qui explique le succès mondial de cette œuvre. Et j'ignore si les auteurs du film qui sort bientôt ont eu pour projet de traduire cette créative complexité. Au vu de la bande-annonce, j'en doute un peu.

1 « La Stratégie Ender » est le premier tome d'une quadrilogie : « Le cycle d'Ender ». Entre ce livre et le deuxième de la quadrilogie (« La Voix des Morts ») vient de s'insérer un nouveau livre : «Ender ; L'exil », publié par l'auteur en 2008, ce roman se situe au moment de l'adolescence d'Ender (en français aux éditions de L'Atalante). On trouve cette série aux éditions L'Atalante ou en poche aux Éditions J'ai lu.

2 « La Stratégie Ender » le film, réalisé par Gavin Hood, avec Harrison Ford et Asa Butterfield, sortira en salle le 6 novembre.

3 Pour ceux qui auraient envie d'écrire de la sf, cette édition leur est ouverte :

Edition Fictions Futures : http://blogs.mediapart.fr/edition/fictions-futures

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