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Billet de blog 10 décembre 2009

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A mon amie féline

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il a dit « Elle est bien, là, au soleil ! ». Je lui avais fait un petit lit, avec un escalier sommaire pour y monter sans encombre, et sans s'étouffer à l'arrivée. Elle était de plus en plus essoufflée. Le soleil inondait sa couche et réchauffait son poil lustré qu'elle continuait à entretenir malgré la maladie. Elle est restée belle jusqu'à la fin.
Aujourd'hui, mon chat est mort. En douceur. Nous l'avons caressée pendant ses derniers instants, tentant de lui rendre un peu de la tendresse qu'elle nous avait apporté durant sa courte vie.
Elle nous aimait nous. Et c'est tout. Elle pouvait accepter quelques câlins de la part d'étrangers, avec condescendance, mais personne à part nous, ne savait à quel point elle était affectueuse, attentive, capable de jouer à cache-cache, d'être de mauvaise humeur et de le montrer, capable même de répondre par un miaulement caractéristique et significatif à nos demandes. L'étendue de son répertoire affectif nous était réservé.
C'était mon premier chat. Ce sera le dernier.
Elle m'a confirmé ce que j'avais déjà vécu enfant : l'amitié inter-race, ça existe.
Je me suis souvent répétée cette phrase de WC Fields « On ne peut pas dire d’un homme qui n’aime pas les enfants et les chiens qu’il soit foncièrement mauvais! ». Ce comble du paradoxe, dans son élégance, me navre. Il y a un point, une limite, au-delà de laquelle je perds mon sens de l'humour.
Le vétérinaire a été parfait. Nous avons pu entourer mon chat qui luttait pour survivre, de façon à ce qu'il ne souffre pas, en devinant le moment où cela allait être trop tard.
La lutte pour la vie, garder ce souffle vivant en soi, malgré l'effort, malgré la souffrance, malgré l'inéluctable.
Je me souviens de cette question d'un de mes enfants « Moi, je voudrais ne jamais mourir. C'est possible, ça ? »
Je pense aussi au livre d'Anny Duperey « Les chats de hasard ».
Tu vas me manquer, chère chatte amie. Demain tu ne me réclameras pas des croquettes en me regardant de tes magnifiques yeux verts, comptant avec raison sur leur seul magnétisme pour me faire comprendre l'urgence de ton appétit. Demain tu ne courras pas depuis le fond du jardin, toute contente de me retrouver après une absence, de toi ou de moi.
Demain la vie va continuer. D'autres choses vont se passer, d'autres liens se nouer ou se dénouer entre les êtres vivants.
Nous sommes tous pareils, porteurs de cette étincelle de vie, tellement magique. Nous partageons ce trésor. Ne nous laissons pas polluer par la haine et le désir de détruire. La colère, la hargne, d'accord, mais le désir de destruction, quand il dépasse un simple mouvement de pensée, pour devenir un projet, c'est de l'antivie.
Un de mes enfants m'a dit aujourd'hui « Moi, je ne crois pas au paradis, à part pour les chats... J'espère qu'elle aura plein de copains au paradis des chats ! ».
Au revoir, amie chatte.
Et merci.

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