Moi, j’adore les médias. Ils nous tiennent compagnie, nous distraient, nous inondent d’informations. Mais, surtout, ils nous guident et nous éclairent sur ce que nous vivons. Grâce aux médias, nous savons tout sur tout, et, d’abord, sur nous-mêmes.
Nous épargnant par là de longues et coûteuses psychanalyses ou de torturantes remises en question, la société médiatique décrivant le moindre de nos désirs ou de nos états-d’âme les légitime par cette simple énonciation, ce qui nous permet parfois de nous vautrer dans la paresse de la pensée la plus crasse ou la lâcheté morale la plus immonde, simplement parce que c’est écrit dans le journal. Et que les autres font pareil.Ainsi les élections.
Bientôt (bientôt ?) va avoir lieu une élection, dont l'importance n'échappe, bien sûr, à personne. Grâce aux médias, j'apprends de mille façons que, dans plus d’un an, les français (nous ?) devraient voter en nombre pour une représentante du Front National (mais l'échantillon, mais sa motivation, mais les questions...). Je m’interroge, je me scrute, je regarde mes voisins d’un œil suspicieux : ainsi donc, nous aurions en notre sein, nous, le “corps électoral”, assez de personnes tentées par le vote d’extrême-droite pour que le duel du deuxième tour à la présidentielle implique obligatoirement un représentant du FN ?
A la présidentielle ? Dans plus d’un an ? Alors que les candidats ne se sont pas tous déclarés ? Et sans un mot sur les élections législatives qui les suivent de peu, ni des sénatoriales qui les précèdent de quelques mois (septembre 2011) ? Ni des cantonales qui ont lieu dimanche ?
Oui, dimanche.
Vous n’avez pas oublié que ce week-end et le suivant sont week-ends électoraux ? Mais c’est que nous sommes un peu déboussolés, nous, les citoyens, puisque personne ne nous a informés du résultat de notre vote. Cela voudrait-il dire que ce n’est pas important ? Pourtant, localement, quelques valeureux guerriers des scrutins locaux nous mettent des tracts dans les boîtes aux lettres, et organisent même des débats. Les malheureux, ils refusent de voir l’évidence : la bataille ne se passe plus là, dans l’échange entre le candidat et les citoyens. Elle se passe dans les médias. Et elle est perdue pour eux.
Moi, je le connais, le résultat des prochaines élections (ne me remerciez pas, mon institut de sondage personnel ne me coûte pas un centime et n’est subventionné par personne ; il procède de la méthode intuitive, mais sa marge d'erreur est faible). Je vous le livre :
Abstention, massive.
Démocratie, zéro.