Un peu de légèreté. Oui mais comment ? Le foot ? J'ai déjà écrit ce que je pensais, non du foot, mais de la très médiatisée Coupe du Monde. Le vélo ? Euh, comment dire... voir des hommes pédaler à des vitesses folles, grâce, parfois, à quelque produit plus ou moins autorisé, sur des routes bordées de fidèles attendant l’aumône d'une casquette leur permettant de faire de la publicité sans être payé pour cela, cela a plutôt tendance à m'attrister.
Donc, elle est où, la légèreté ?
Je n'ai pas vu le défilé du XIV juillet, je suis décidément incorrigible. Mais le spectacle de nos engins de guerre rutilants, au moment où des conflits armés s'amorcent en plusieurs endroits du globe, n'a rien pour me rendre l'âme légère. Cela m’inquiéterait plutôt, d'entendre les commentateurs laudatifs sur l'efficacité de nos armes, destinées, quoi qu'on en dise, à tuer...
Mais peut-être que ce soir, j'irai voir le feu d'artifice, qui me fait dorénavant penser aux débauches financières de la monarchie absolue, à part que le Roi-Soleil invite désormais la piétaille à participer une fois l'an à sa magnificence et que c'est la piétaille qui régale, avec ses impôts, s'entend.
On pourrait penser que c'est l'expérience qui me fait voir l'obscur sous la lumière, le magouilleur sous l'homme politique et le trash sous le séduisant, mais non. D'abord, j'ai toujours été comme çà, et je n'ai pas été très étonnée de retrouver Dark Vador sous Anakin Skywalker. Les lecteurs de Mediapart me comprendront. Ensuite, si l'on écoute les jeunes d'aujourd'hui, on est souvent confronté à un cynisme et une désespérance bien plus grands. Un grand nombre d'entre eux choisit d'ailleurs de rester résolument dans le virtuel et la nostalgie de l'enfance, tellement le monde leur paraît sans espoir, et les lendemains qui chantent un rêve de baba-cools has-been.
Ils ont raison, le présent est désespérant. Mais il l'est d'autant plus que l'on a enlevé l'espoir à la jeunesse.
Que devient un monde qui a enlevé son avenir à la jeunesse ? Une civilisation décadente, une civilisation ennuyée d'avoir lu, en vain, tous les livres, et qui les brûle pour empêcher la génération suivante d'inventer l'avenir à sa façon. Afin que ces possédants de fin du monde gardent le pouvoir et l'argent, ce qui est tout ce qui leur reste.
Il y a quelques années, un jeune lycéen, conscient de la gabegie mondiale et de l'évolution délétère du monde, m'avait dit qu'il était, paradoxalement, content de vivre cette période, en m'expliquant que tout cela ne pourrait conduire qu'à une catastrophe, et que celle-ci amènerait forcément, dans un deuxième temps, à une reconstruction sur des bases nouvelles. Et qu'il serait un jeune adulte au moment où cela se produirait. Ce serait donc exaltant !
Hélas, je crains que la catastrophe ne soit pas aiguë, mais chronique, une perte lente, mais irrémédiable, de tout ce qui a pu faire le bonheur de vivre et de travailler. Et le caractère insidieux de cette dégringolade rend la réaction collective hautement improbable.
A moins que les profiteurs, comme tous les abuseurs, ne se grisent tellement de la réussite de leurs stratégies d'emprise, qu'ils aillent un jour, trop loin.
C'est, malheureusement, ce que je serais tentée de souhaiter...
Sans aucune légèreté.