« Entre ici, Jean Moulin... ! » Et avec toi, ces illustres résistants qui ont courageusement lutté pour nous libérer de la barbarie nazie. Oui, entrez au Panthéon, chères figures de l'esprit indomptable des français qui ont toujours su résister à la barbarie... Avec quel bel ensemble nos gouvernants ont-ils célébré l'entrée au Panthéon des quatre derniers grands résistants ! Quelle émotion, quelle unanimité ! Et avec quel à-propos le soi-disant « esprit du 11 janvier » a-t-il été convoqué par notre Président !
Cependant, on pourrait se demander, à l'heure où tout acte public est contrôlé au préalable, voire initialisé, par les équipes de comm' du pouvoir, la raison pour laquelle un tel accent a été mis sur cet événement purement commémoratif. Redorer le blason de l’exécutif, détourner l'attention de l'opinion publique d'une succession de revers électoraux et de choix politiques d'orientation néolibérale plus que contestables parce qu'opposés aux déclarations préélectorales du candidat François Hollande qui se disait socialiste ? Casser le mouvement contre la réforme du collège ? Mettre un voile de fumée patriotique devant des lois et traité en discussion : Loi Macron, Traité transatlantique, Loi de renseignement ? Probablement un peu de tout cela.
Alors ne soyons pas dupes. Regardons, après-coup, cette cérémonie avec sagesse, et un peu de recul.
Et ne nous sentons pas obligés d'accepter que la mort de dessinateurs et de journalistes libertaires servent de caution à une récupération confusionnante, qui confond volontairement la résistance au nazisme et l'émotion collective soulevée par les attentats du mois de janvier.
Mais surtout observons cet événement dans sa dimension paradoxale : oui, on peut célébrer une fois encore les courageux résistants qui se sont unis, en prenant tous les risques, pour lutter contre l'oppresseur. On peut les célébrer, et on le doit... et ce d'autant plus que c'est la dernière fois que cela nous est possible.
Car jamais plus les français ne pourront lutter contre l'oppression. Avec la Loi de renseignement votée en ce moment, et qui, de ce fait, semble anticonstitutionnelle, les citoyens ne pourront plus lutter contre un régime abusif, puisque ce régime-même aura accès à tous les moyens pour empêcher les citoyens de fomenter une révolte. Analyse des mails, sms, coups de téléphones, enregistrements et écoutes de personnes suspectées, et de tout leur entourage, sans avis de juges, décisions pour ce faire du seul Premier ministre... On ne trouvera pas plus de terroristes qu'avant, c'est démontré par de nombreux spécialistes, mais l’État, quelle que soit l'orientation de l'équipe au pouvoir, saura en revanche dépister les échanges électroniques de ceux qui voudraient s'opposer à lui. Tuant dans l’œuf toute possibilité de coordination, de révolte et encore plus d’insurrection. Même légitime.
Entre ici, Jean Moulin, et ferme la porte : il est temps de sonner le glas de la résistance...
Ref : article 2 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen 1789 : "Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression."