Malgré la fin de la campagne des législatives il reste encore 24 heures pour éclairer vos proches macroniens sur le danger que représenterait une Assemblée Nationale majoritairement soumise au Président Macron. 24 heures pour faire passer l'information sur la réalité des projets du nouveau Président, même si un grand nombre de ceux-ci restent encore volontairement dans le flou.
Ainsi, en ce qui concerne la Loi Travail, informez-les qu'il s'agit, pour le Président, d'avoir une cohorte de députés assez importante pour que l'adoption des ordonnances et du 49.3 par ceux-ci permettent de faire voter sans possibilité d'amendement une version de cette Loi qui a mis récemment le peuple dans la rue : qu'est-ce que c'est qu'une démocratie où un nouveau pouvoir commence par contre-carrer la volonté du peuple ?
Ont-ils vraiment compris, vos proches, que le "renouveau démocratique" dont se prévalent Emmanuel Macron et ses affidés est une version roi-soleil de notre démocratie, où le peuple n'est convoqué à donner son avis que pour abandonner son pouvoir à un Président "jupitérien" qui va gouverner pour le monde des banques dont il est issu ? Un pouvoir qui va se servir du blanc-seing que les citoyens lui auront donné pour casser rapidement le système de protection que le monde entier nous envie, et que le néo-libéralisme exècre.
Donc, bientôt, avec une chambre macronienne votant les yeux fermés le programme présidentiel, il sera de plus en plus difficile de se défendre contre un patron voulant augmenter encore la productivité puisque les accords d'entreprise pourront passer par-dessus les accords de branche ; le pouvoir d'achat des petits retraités et des personnes à revenu modéré va diminuer puisque le transfert des prélèvements sur la CSG et son taux proportionnel attaque davantage ceux-ci ; tandis que le projet de recentrement de l'ISF sur la rente immobilière va favoriser les actionnaires. De même, l'introduction de l'état d'urgence dans la Loi a de grandes chances d'apporter au pouvoir les moyens de lutter, non contre le terrorisme, mais contre les mouvements sociaux qui pourraient naître de la souffrance croissante du peuple, trahi une fois de plus, et, désormais, une fois de trop.
Bien sûr, on pourra me dire que rien n'est écrit encore de ces projets. Et c'est vrai que les syndicats appelés, comme c'est légal, à discuter du projet de Loi sur le travail, n'ont pas eu encore d'informations très précises sur ce qui est prévu par le gouvernement (voir ici : "Réforme du code du travail : la consultation est pipée"). Mais, on l'aura compris, il s'agit d'une stratégie : laisser entendre le véritable projet néolibéral pour capter un maximum de voix de droite, tout en dissimulant la réalité des mesures afin de laisser les électeurs de gauche conquis par la propagande médiatique pro-macron croire encore qu'ils vont soutenir une politique de redistribution sociale.
Ouvrez les yeux de vos amis hypnotisés par le regard bleu et l'air affable du premier de la classe adoubé par les plus riches de la planète, le petit génie de la communication qui gère son image médiatique comme le PDG d'une start-up : ils risquent regretter amèrement d'avoir voté, pour punir Hollande et les socialistes de leur trahison, pour des députés qui n'auront même plus besoin de faire semblant de faire du social. Des députés sans états d'âme qui vont défendre la grande entreprise, la finance et la conception allemande d'une Europe au service de celles-ci.
Si chaque personne partageant le point de vue de ce billet peut convaincre un seul abstentionniste ou macroniste parmi ses proches, nous échapperont peut-être au pire...